Chapitre 31 : Laelynn

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Quelques semaines se sont écoulées depuis la mort de sa mère. Je suis à ses côtés dès le début pour traverser cette épreuve difficile, ayant moi-même vécu une douleur semblable avec la perte de ma propre mère. Il ne montrait absolument aucune de ses émotions en public, mais je l'entendais pleurer faiblement dans sa chambre le soir. Je voyais ses poings crispés, ses yeux rougis et gonflés lors des rares moments où il baissait sa garde.

Pendant la journée, le deuil prend une autre forme chez lui. Il se défoule avec une arme à l'extérieur, tirant sur des cibles imaginaires. Sa mâchoire reste serrée, ses sourcils froncés, comme s'il tentait de chasser ses démons intérieurs. Le bruit des détonations résonne dans l'air froid et sec, un rappel constant de sa colère et de sa peine.

Nous approchons de la période de Noël. Pour tenter d'apporter un peu de chaleur et de joie dans cette maison imprégnée de souvenirs douloureux, je me mets à la décorer. Tandis que j'accroche les premières guirlandes sur la fenêtre, je l'observe à l'extérieur, s'entraînant avec acharnement. Malgré le froid glacial, il est torse nu, exposant son corps athlétique. Un jogging gris, légèrement usé, enveloppe ses longues jambes musclées. Ses cheveux bruns et en bataille ajoutent une touche désinvolte à son allure virile. Ses yeux, d'un vert perçant, luisent même de loin, reflétant une détermination inflexible.

Mais en vérité, je me rends de plus en plus compte de la situation dans laquelle je me suis plongée. C'est étrange qu'après ses révélations, je choisisse de rester. Mon esprit est partagé par mille questions sans réponses. Pourquoi suis-je toujours ici ? Pour lui, pour moi, ou parce que je suis trop effrayée par ce que partir impliquerait ?

En ce moment, je m'assieds à la table avec un stylo et un papier devant moi. Je dois écrire à ma meilleure amie. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas pris le temps de le faire, et elle doit sûrement commencer à s'inquiéter pour moi. Je commence à griffonner, choisissant mes mots avec soin. Je mens un peu, par nécessité.

J'espère que tu vas bien et que la période de Noël s'annonce joyeuse de ton côté. Je suis désolée de ne pas t'avoir écrit plus tôt. Ces dernières semaines ont été assez chargées. Je suis en voyage d'affaires avec mon patron. C'est une expérience enrichissante, même si intense. Tout va bien pour moi, ne t'inquiète pas. J'ai hâte de te revoir et de te raconter plus de détails en personne.

Prends soin de toi.

Je relis la lettre, sentant la piqûre de la culpabilité à chaque mot. Mais jusqu'à ce que je comprenne mieux ma propre situation, je préfère maintenir cette version. J'espère pouvoir un jour lui expliquer pourquoi je n'ai pas été honnête cette fois-ci, pourquoi je n'ai pas simplement crié à l'aide.

Je plie soigneusement la lettre et la glisse dans une enveloppe, reportant une réalité que je devrai un jour affronter. Pour l'instant, je reste observatrice, tentant de concilier mes sentiments contradictoires face à cet homme fascinant et dangereux, sous les lumières scintillantes de Noël.

Il enchaîne pompes et tractions sans faiblir. Après chaque série, il reprend son souffle brièvement avant de se remettre à l'ouvrage. Des petits allers-retours de footing complètent son entraînement quotidien, chaque pas résonnant comme une cadence régulière dans l'air froid. Il travaille son corps avec une discipline implacable, comme s'entretenir physiquement est son unique bouée de sauvetage face à la tempête émotionnelle qui gronde en lui.

  Il est magnifique, pensé-je intérieurement, le souffle presque coupé par l'attraction que je ressens.

Ce soir-là, après le dîner, l'atmosphère de la maison est teintée d'un calme étrange, presque trompeur. Nous avons fini de ranger la cuisine et la chaleur du repas semble se dissiper doucement, laissant place à une fraîcheur inhabituelle. Je propose que l'on s'installe dans le salon pour un moment tranquille, loin des tensions qui, malgré tout, planent encore.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant