La nuit a été particulièrement agitée pour moi. Chaque seconde semble interminable dans le noir de ma chambre, et le bruit régulier de l'horloge accentue mon incapacité à trouver le sommeil. Chaque tic-tac résonne comme un coup de marteau, martelant mon esprit déjà assiégé par l'insomnie. À un moment, je réalise que je dois me lever pour aller chercher un verre d'eau afin d'apaiser ma gorge sèche. Le parquet froid sous mes pieds nus, me faisant frissonner. Je me dirige vers la cuisine, plongeant dans une pièce sombre comme une fosse sans fond.
À sa vue, je manque de crier. Il est là, immobile, assis à la table, éclairé faiblement par la lumière du réfrigérateur ouvert, tel un spectre figé dans une scène intemporelle. Mon cœur bondit dans ma poitrine et mon souffle se coupe. Il est en plutôt beau, mais d'une beauté froide et inhumaine, presque éthérée. Sa silhouette élégante et imposante contraste avec l'austérité de la pièce, accentuant une atmosphère à la fois fascinante et pesante.
Une pensée me bouleverse : et si c'était lui qui était derrière la porte plus tôt dans la soirée ? Il m'a reproché d'écouter aux portes, mais maintenant je le trouve ici, tel une ombre silencieuse. Cette ironie me glace le sang et ajoute une couche supplémentaire à l'énigme qu'il représente pour moi. Je me souviens encore de ses mots, aussi tranchants que des lames : « La curiosité est un putain de vilain défaut, ma jolie. Surtout pour les traîne-savates dans ton genre. Fais ton boulot et évite d'écouter aux portes, sinon tu risques de te faire salement corriger » Sa voix résonne dans ma mémoire, me tuant à petit feu.
Il est là, presque décontracté, comme si rien ne s'était passé. Le halo pâle du réfrigérateur dessine des ombres inquiétantes sur son visage, mettant en lumière la froideur de ses traits. Ses yeux perçants, d'un bleu glacé, me sondent avec une intensité troublante. J'y vois une forme de curiosité, mais aussi une menace latente. Il est comme si un prédateur observant calmement sa proie.
Prise de panique, je tente de me ressaisir : pourquoi est-il là à une heure si tardive ? Que sait-il de moi ? Mon esprit tourbillonne de pensées et de doutes. Une part de moi est fascinée, irrémédiablement attirée par cette aura mystérieuse et sombre qu'il dégage. Pourtant, une autre part ne peut s'empêcher de ressentir une peur viscérale, un instinct de survie me hurlant de fuir.
J'avance malgré tout, chacun de mes pas mesurés, ma respiration contrôlée. Ce verre d'eau, prétexte anodin, devient un fardeau dans mes mains tremblantes, l'ancre à une réalité étrange et angoissante. La fraîcheur de l'eau apaisant ma gorge sèche contraste avec les bouffées de chaleur provoquées par sa présence. Chaque mouvement devient une lutte interne entre attirance et répulsion.
De retour dans ma chambre, je m'efforce d'ignorer les questions qui me hantent. Ma respiration lente et profonde est la seule chose qui semble apaiser mon esprit. Cependant, les images et les souvenirs de cette rencontre nocturne me poursuivent, perturbant mon sommeil fragile. Les pensées tournent, me rendant prisonnière de cette énigme humaine.
Je suis enfermée dans un rêve étrange et troublant. Je me tiens dans un long couloir sombre, étroit, étouffant, comme une trappe vicieuse prête à me dévorer. Les murs resserrés suintent d'humidité, leurs surfaces moites apparaissent vivantes, comme un piège organique. Un murmure inquiétant s'élève, indescriptible, tout droit sorti d'un cauchemar, formant une cacophonie sinistre de chuchotements et de ricanements menaçants. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, chaque battement martèle le rythme oppressant de ma peur.
— Que se passe-t-il ? murmuré-je dans le vide, ma voix tremblotante se heurtant aux murs qui se referment sur moi.
Un écho me répond, moqueur, cruel, multipliant et distordant mon propre désespoir. Des bruits indistincts, des grattements, des chuchotements, comme si la trappe était hantée par des âmes tourmentées. Les ombres ondulent dans la pénombre, grotesques et menaçantes, devenant des silhouettes cauchemardesques prêtes à fondre sur moi. La peur me noue l'estomac, chaque pas qui résonne dans ce couloir de plus en plus étroit.
— Tu crois pouvoir m'échapper ? ricane une voix sombre et perfide, surgissant de nulle part et de partout à la fois, parcourant ma colonne vertébrale d'un frisson mortel.
Je me dépêche, cherchant désespérément une issue, mais mes jambes sont lourdes, comme emprisonnées dans du ciment. Chaque pas est un effort surhumain, chaque mouvement est ralenti, amplifiant l'angoisse déjà insupportable. Les murs se rapprochent encore, menaçant de m'engloutir comme une mâchoire infernale. Mes cris deviennent silencieux. Une présence obscure me traque, ses yeux brûlant dans l'obscurité comme deux charbons ardents.
— Non... Laissez-moi tranquille ! crié-je, ma voix déformée par la panique et les larmes qui brouillent ma vision.
Une main glacée attrape alors mon poignet, le serrant avec une force inhumaine, pénétrant ma chair de sa froideur mordante. Je me débats de toutes mes forces, mon souffle court, chaque inspiration un combat désespéré. Les ombres se font plus denses, une marée noire, poisseuse, envahissant mes pensées, obscurcissant le moindre espoir.
— Tu ne peux pas m'échapper, murmure la voix avec un amusement sadique et ses paroles tombent comme un couperet.
Mes jambes fléchissent sous moi, la terreur annihilant ma volonté, plongeant mon être dans une paralysie glaciale. Un rire glacé résonne aux alentours, érodant chaque parcelle de réconfort, chaque fragment de mon sang-froid. Alors que je me sens sur le point de céder, une lumière éclatante, éblouissante, perce les ténèbres, m'arrachant aux griffes du cauchemar.
Je suis de retour dans ma chambre, haletante, le souffle court et le cœur battant la chamade. La sensation de terreur et d'oppression persistante laisse un goût amer et métallique dans ma bouche. En essayant de ralentir ma respiration, je balaye la pièce du regard. Tout semble calme et tranquille, mais mon esprit est encore embrouillé par les échos du rêve terrifiant.Je tourne la tête lentement, mon cœur manque de s'arrêter. Il est assis à côté de moi, avec un sourire moqueur aux lèvres.
– Peux-tu arrêter de gueuler comme une cinglée maintenant ? demande-t-il d'un ton taquin. Tu m'as réveillé.
Ma gorge est sèche, les mots me manquent. Pourquoi est-il ici ? Est-ce un rêve ou la réalité ? Mon esprit embrouillé par la peur refusant de coopérer.
— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous faites ici ? Pourquoi êtes-vous dans ma chambre ? arrivé-je enfin à articuler d'une voix tremblante.
Il éclate d'un rire, rauque et vigoureux, comme si ma question n'était qu'une plaisanterie idiote.
— Je suis le propriétaire de cette maison. J'ai le droit d'entrer où bon me semble.
Sa réponse me glace. Mon estomac se tord dans un mélange de terreur et de colère. Est-il sérieux ou se moque-t-il de moi ? Mon esprit vacille entre l'envie de hurler et celle de me terrer sous les couvertures comme une enfant effrayée.
Il se lève finalement, me faisant une tape presque avec douceur sur le sommet de ma tête avant de quitter la chambre.
— Dors maintenant, ordonne-t-il presque, refermant la porte derrière lui, me laissant dans le silence glacial.
Je reste immobile, le bruit de la porte se fermant me ramenant brutalement à la réalité de ma solitude et de l'angoisse oppressante qui m'étreint comme une tentative de suffocation. Les mots qu'il a prononcés résonnent encore, créant une boule d'angoisse dans mon estomac, une nausée de peur pure qui menace de me faire vomir. Je regarde l'horloge : deux heures du matin. Comment pourrai-je retrouver le sommeil après une telle terreur ?
La lune dessine des contours sinistres sur les murs, et chaque bruit, amplifié par le silence de la nuit, accentue mon anxiété. Une larme solitaire glisse sur ma joue alors que je m'assois et saisis un livre, « La prisonnière du diable » de Célia Aaron, espérant que la fiction pourra m'apaiser un peu.
Je m'immisce dans les pages, tentant désespérément de fuir l'angoisse nocturne à travers l'histoire captivante du roman. Les premières lueurs de l'aube viennent adoucir l'obscurité sinistre, mais en dépit de ma fatigue croissante, je ne peux me résoudre à fermer les yeux avant de finir le livre, absorbée par ce récit envoûtant.
Finalement, je tourne la dernière page juste lorsque le soleil se lève doucement à l'horizon. La lumière dorée se répand dans la pièce, apportant un réconfort éphémère. Je respire profondément, essayant de calmer le tumulte en moi.
Les premières lueurs de l'aube commencent à percer à travers les rideaux, apportant un léger réconfort face à l'obscurité de la nuit. En dépit de ma fatigue et du désir ardent de trouver le sommeil, je continue ma lecture, jusqu'à parvenir enfin à la dernière page du roman, juste au moment où le soleil se lève doucement à l'horizon.
Je suis épuisée, mais cette lumière naissante me donne l'espoir que le jour chassera les ombres de la nuit. Mes paupières deviennent lourdes, et malgré toutes mes tentatives pour résister, je finis par m'endormir, la tête posée sur le livre ouvert sur mon lit.
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Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]
RomanceDans la tumultueuse ville de Naples, Laelynn, une serveuse au cœur généreux, se retrouve malgré elle plongée dans les intrigues sombres de la mafia après le décès mystérieux de son père. De l'autre coté de la cité, Emrys De Rosa, l'héritier du puiss...