𝟙𝟘 𝕋𝕙𝕠𝕞𝕒𝕤.

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Mercredi, 05h26

Je coupais la vanne d'eau, ne laissant que les gouttes d'eau présentes sur mon corps créer une symphonie régulière. Je collais mon front sur le carrelage froid et respirais profondément en pensant à cette nouvelle journée que j'allais devoir affronter. Une journée que je ne voulais pas vivre, que je ne voulais pas sentir les effets. Je ne veux plus plonger sans cesse dans ce putain de trou sans fond, où il m'est impossible de remonter à la surface. Je ne veux plus ressentir cette foutue culpabilité qui me bouffe le cœur et qui m'empêche de vivre.

Je ne veux plus vivre.

Alors je vis, parce que vivre est plus douloureux que mourir, parce que vivre est une punition pour sa mort. Alors je préfère rester vivant et m'infliger cette horrible douleur qu'est la vie, plutôt que la mort qui m'apaiserait.

Sortant de la cabine de douche, je me séchais rapidement avant d'enfiler un bas de jogging noir. T-shirt à la main, je me rendis à la cuisine pour me servir un café et ignorait Isaïah, qui était assis là, sur une de mes chaises de bar. Il était toujours là, jour et nuit, sans aucun répit. Je soufflais lourdement, déjà soulé de cette journée, alors je mis mon t-shirt sur mon épaule et lançais la machine à café.

- T'es directement parti après l'interrogatoire, ça s'est bien passé ? me demande le métisse

- Ouais.

- Tu vas bien ?

- Ouais, répète-je de nouveau.

- Ton père est au courant des dernières nouvelles ? fit de nouveau la voix de mon bras droit

- Ouais.

- C'est qui qui t'a interrogé ? Moi j'ai eu le droit au petit jeune arrogant et égocentrique, je te jure que c'est vraiment-

- Ferme là, putain, sifflé-je en attrapant brusquement ma tasse brûlante.

Sa voix me niquait le cerveau, alors que le soleil ne s'était même pas levé. Mes heures de sommeil pouvaient se compter sur une main lors de ces dernières quarante-huit heures. J'avais tendance à être irrité quand je ne dormais pas assez. Finalement, même quand je dormais assez, je l'étais.

- Ecoute, je m'en tape que tu n'es pas du matin. Tu crois que j'aime ça ? Te voir dès le matin ? Non, alors juste répond-moi. Qui t'a interrogé ?

Je lui lançais une œillade meurtrière, putain mais il se prenait pour qui ?

- Je te l'ai déjà dit, change de ton Isaïah. Je ne suis pas ton pote, alors détends-toi rapidement, craché-je en vidant ma tasse.

Je voulais le tuer. Lui et tous les autres, parce que je n'ai pas l'impression qu'ils souffraient de la mort de notre reine. Pourquoi suis-je le seul à en souffrir au point de vouloir me tirer une balle ?

- Thomas je-

- Dégage de chez moi.

Tout chez lui m'énervait, son attitude, ses mots, ses expressions. Tout me donnait envie de le frapper. Mes mains se mirent à trembler. Mon cœur s'accéléra et je ne voyais que le sang qui allait bientôt s'écouler, que la violence qui me donnait envie et que la mort qui me tentait.

Je voulais voir le sang s'écouler, je voulais entendre des cris de douleur, je voulais sentir l'âme quitter son réceptacle. J'en avais besoin pour aller mieux, parce que je ne voulais pas être le seul à aller mal et à vouloir hurler de douleur.

Le regard qui me lançait ne réussissait qu'un tant soit peu, à apaiser la colère qui envahissait mon corps. Ouais, je voulais le tuer. Lui mettre une flèche dans la tête, le cogner si fort qu'il en oublie son prénom. Ouais, je voulais qu'il souffre, lui et tout le monde.

𝐋'𝐀𝐑𝐂𝐇𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant