𝟘𝟛 𝕋𝕙𝕠𝕞𝕒𝕤.

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Neiva, Colombie
Vendredi 3 juin 2022, 23h11

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Je boutonnais ma chemise noir mais ne laissais que les trois premiers boutons d'ouvert. Je passais une main dans mes cheveux et me contemplais dans le miroir. Horrible. J'étais affreux, mon teint était terne et des cernes étaient bien trop présentes en réponse à mes nuits courtes. Mais ce qui me frappait le plus, c'étaient mes yeux, ils étaient... morts, ils ne brillaient plus. Plus aucun éclat n'était présent, plus aucune vivacité ou de joie apparaissait dans mes yeux, tout était vide et froid. Parce que j'avais plongé dans les profondeurs de mon âme, dans ses pires retranchements, là où aucune forme de lumière était permise, là où seules, les idées les plus sombres se réveillaient.

J'avais perdu cette vivacité il y a cinq mois, depuis, je n'étais pas capable de savourer chaque jour qui se marquait par le lever du soleil. A travers le miroir, je contemplais mes tatouages mais seulement l'un d'entre eux attirait toute mon attention : cette note de musique qui était sous mon oreille droite. J'effleurais la note avec mon pouce et de la bile remonta le long de mon œsophage. Des souvenirs m'envahissaient, me tourmentaient et me donnaient envie de me buter.

Ils revenaient chaque jours, chaque soirs, à chaque heures, j'étais incapable de les effacer. Ils me punissaient, c'était ma punition pour ma négligence. Mais je savais qu'un jour son souvenir allait emporter la bataille. Parce que Lola était plus forte que tout, parce que l'image de son corps inerte me donnait envie de vomir à chaque instant, parce que penser à sa mort me donnait envie de crever encore plus chaque jour. Pourtant, mon heure n'avait pas encore sonné, j'avais une mission à accomplir : sa vendetta.

Rien qu'en n'y pensant, une haine incommensurable coulait dans mes veines et une envie de tuer me prit. Putain, il le fallait, que je les tue, j'en avais besoin, je devais faire verser le sang.

Je sortais de la salle de bains, pris mon téléphone et mes clés dans un fracas inouïe et je me stoppais, frappé par un silence qui était soudain. Ce silence... il était pesant et malaisant. Je n'aimais pas le silence, parce qu'il y avait toujours son petit rire cristallin qui rompait le silence. Mais tout était affreusement calme et silencieux. Je n'entendais que les battements de mon cœur, ce dernier battait machinalement, sans que je ne le veuille vraiment.

Une vibration retentissait, explosant la bulle dans laquelle j'étais enveloppée. Je regardais le message de Katherine, ennuyé.


"Nos filles ont assuré ce mois-ci, elles ont fait plus de six millions cinq de bénéfices."


Un petit sourire vint, malgré tout, mes activités tournaient à plein régime et j'aimais ça. Cela signifiait plus d'argent, plus de territoires et surtout plus de pouvoir.

"Je veux sept millions pour le prochain mois."


Oui, je voulais plus, parce que je savais qu'elles pouvaient faire plus.


"Comme tu veux patron. Rejoins-nous au Roja Pasion, on pourra se détendre."


Se détendre... elle ne perd pas le nord putain. Katherine Herrera-Ruiz dirigeait le réseau de call-girls d'une main de maître. Elle était sous mes ordres, mais elle n'avait pas froid aux yeux pour me proposer son corps. Étant un connard professionnel, je ne refusais jamais une bonne partie de jambe en l'air. Tout était clair, que du sexe, il n'y avait plus la place pour les sentiments et la passion. Enfin, c'était au début. Durant les premiers mois après la mort de Lola, je n'avais qu'une idée en tête : l'oublier avec une autre. Baiser à droite, à gauche m'aidait à oublier pendant une dizaine de minutes son existence et ma responsabilité dans sa mort. Mais, même le sexe ne m'intéressait plus, c'était... fade, plus rien ne me faisait bander ou j'avais besoin d'un joint pour y arriver.

𝐋'𝐀𝐑𝐂𝐇𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant