« Le mensonge était comme une toile d'araignée. Tissé et travaillé, il finissait par s'emmêler et paraître si réel, qu'il était impossible d'en trouver la vérité. »
ELYA
Je marchais dans les rues de Novendill, serrant et desserrant mes poings. J'étais à la fois perplexe et peinée. N'y aurait-il pas eu un moyen de sauver Aude ? Les Gardiens avaient-ils été simplement conçus pour tuer à la moindre menace ? N'en étais-je pas une ? Guide du Nécromancien, je les menais sur la voie du Saphir et en même temps, je savais très bien que notre ennemi nous suivait où que nous allions.
— Elyanor ?
Je tournai la tête vers une ruelle plus étroite lorsque j'entendis cette voie familière. Je m'avançai vers celle-ci et reconnus Gaël adossé contre le mur. Il se redressa et me sourit tout en s'approchant de moi. Je reculai d'un pas alors il s'immobilisa.
— Wow... tu es encore plus belle que dans mes souvenirs.
— Comment vont ta femme et tes enfants ?
Il baissa les yeux un instant. Gaël était un bel homme, bien que moins impressionnant qu'Alexius et Ezekiel, il avait de beaux yeux bleus pétillants.
— J'ai aimé nos moments passés ensembles tu sais, reprit-il. Et je sais aussi que tu les appréciais.
Il s'approcha de moi à nouveau et cette fois, je ne bougeai pas, plongée dans ses yeux. Il posa sa main sur ma joue et pencha la tête sur le côté, affichant son familier sourire enjôleur.
— Je t'ai aimé, Elya...
— C'est terminé, Gaël. Je n'ai plus le temps pour cela et je ne resterai pas longtemps à Novendill.
— Tu le pourrais.
— Non, protestai-je. Il y a bien plus important qu'une petite amourette entre un homme marié et une gamine en mal d'amour. Il y a notre Royaume.
Il pencha la tête de l'autre côté et son regard devint bien plus noir en l'espace de quelques secondes. Son sourire se dissipa comme la brume mais il garda sa main sur ma joue.
— Ton Royaume est voué à sombrer et les Morts, à se multiplier. Pour qu'ainsi, seules les âmes les plus méritantes puissent conserver leur place en ce monde.
Sa voix était désincarnée et je pus sentir ses ongles racler ma peau. Mon coeur s'emballa mais lorsque je voulus poser ma main sur la sienne, ma tête valsa en arrière et une vision pétrifia mon corps tout entier, contractant chaque muscle un par un.
Je suffoquais dans cette vision. Je pleurais. Je paniquais. J'étais en proie à une terrible angoisse. En proie à un terrible sentiment d'abandon. D'incompréhension. De lâcheté. Je pleurais, encore et encore. Sans jamais pouvoir reprendre ma respiration. J'étais dans le noir. Dans le néant. J'étais comme morte. Mais j'avais chaud. Tellement chaud... Bientôt, ma tristesse se transforma en colère puis en haine et cette haine m'anima d'un sentiment puissant de vengeance. Je me sentis soudainement sereine.
J'avais trouvé ma voie.Je repris une grande inspiration et rouvris les yeux, seule dans la ruelle, les muscles douloureux. Je regardai autour de moi... sans qu'il n'y ait une seule trace de Gaël.
— N'entre plus jamais dans ma tête ! grondai-je à voix haute en regardant partout. Tu entends ? Je t'interdis d'entrer dans ma tête !
Je passai mes mains dans mes cheveux, fermai les yeux et inspirai profondément. Lorsque j'expirai, j'effaçai cette drôle de vision et ce sentiment envahissant qui ne me quittait plus. Je repris ma marche dans les rues froides de Novendill. Il ne neigeait pas l'hiver ici, mais le froid était parfois intense.
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Les Derniers Gardiens : II - La Voie du Saphir
FantasiMaintenant que le Rubis a été retrouvé et est en possession de son Gardien, Elya a su mener les autres sur la voie du Saphir, près de chez elle, à Novendill. Mais la menace pèse de plus en plus sur les Gardiens, le Nécromancien dorénavant lié à Ely...