17 💎 Sur le chemin de la Solitude

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« D'un cœur brisé, nous récupérions quelques morceaux difficilement réparables. Seul le temps avait son effet pour panser les plaies. »

ELYA

J'étais dorénavant seule. Et plus je marchais à travers le froid hivernal, plus mes larmes se figeaient sur mon visage. Le sentiment de solitude qui prenait place petit à petit au creux de mon cœur devenait plus gros chaque seconde qui s'écoulait.

Je me repassais en boucle leurs paroles. Et je revoyais leur mensonge, alors qu'ils me regardaient droit dans les yeux.

Le pouvoir d'un guide n'était-il pas de percevoir ce genre de stratagème ?
Alors pourquoi cela n'avait pas fonctionné avec moi ? 

Je me sentais trahie, manipulée et surtout, stupide. J'avais laissé à Ezekiel, une place dans mon cœur qu'il ne méritait pas. J'avais eu de la pitié pour lui, avec cette envie de lui réapprendre à vivre. 

Pendant ce temps, Ezekiel, Alexius et Adélaïde me mentaient depuis notre première rencontre. Et sans jamais détourner le regard, ils avaient su enfoncer leurs griffes en moi, sans que je ne m'en aperçoive. 

J'essuyai les larmes qui gelaient mes joues d'un revers de la main. Je remontais le sentier qui me menait de nouveau à Novendill. Je comptais traverser le pont et me rendre aux gardes royaux. Dans cet optique, j'espérais qu'ils me mènent jusqu'au palais, là où je pourrais enfin serrer ma sœur dans mes bras. 

Cette simple idée réchauffa mon cœur d'un sentiment chaleureux. 

J'avais préféré laisser Sam derrière moi, non pas par abandon. Je sais sa vie en danger, mais je le pensais bien plus en sécurité ici, qu'au palais, avec un roi probablement factice. 

Avec le recul, je n'avais plus tellement peur du Nécromancien. Il avait tenté de me prévenir, probablement dans le but de me manipuler, mais malgré cela, j'avais senti son souhait de m'avertir de leur stratagème. 

Ils se servaient de moi uniquement pour récupérer leurs gemmes. Le Nécromancien comptait faire la même chose et jamais plus je ne laisserais quelqu'un m'utiliser sans même se soucier de ce que je pouvais ressentir. 

Mes parents m'avaient appris l'honnêteté et c'était pour cette raison que j'avais choisi de leur faire confiance, de ne jamais rien leur cacher. Ils m'avaient aussi averti que la franchise n'était pas donnée à tout le monde et qu'accorder sa confiance revenait aussi à accepter d'être déçu voire souffrir. 

Alors que je passai devant la forge, le père de Sam me saisit le bras, quittant son atelier et laissant son teint blafard profiter légèrement du faible soleil qui perçait les nuages blancs. 

— Elya ! Où est Samwell ? Où est allé mon fils ? Pourquoi n'est-il pas avec toi ? me demanda-t-il de sa voix chancelante. 

Il était malade. Très malade. Sam avait toujours préféré ignorer son état pour ne jamais avoir à affronter la mort en face. Il avait besoin de changer de vie, de profiter, de découvrir et de ne plus rester terrer à la forge à s'occuper de son père et du fer. 

— Il est en sécurité... 

— La forge ne va pas se tenir toute seule et puis... qui va aller me chercher mes médicaments, me faire à manger...

— Sam va revenir, l'interrompis-je. Vous me faites mal au bras.

— Tu as entraîner mon fils dans un périple auquel tu n'assistes même pas ! 

Je retirai mon bras de son étreinte et le fusillai du regard. 

— Vous ne savez rien. Alors je vous interdis de me jeter la faute dessus. Sam a choisi de quitter la forge de son plein gré. J'étais contre cette idée mais il a eu raison. Cela fait des années qu'il s'occupe de vous, Hugh. Il est temps qu'il apprenne à vivre pour lui... 

— En me laissant mourir, pesta son vieux père. 

— En arrêtant de penser aux autres avant sa propre personne, rectifiai-je. Faites lui confiance. 

— C'est en toi que je n'ai pas confiance ! gronda-t-il. Depuis ton retour ici, Novendill meurt et c'est de ta faute ! 

Il se mit à tousser, se voutant légèrement, peinant à reprendre sa respiration. Ensuite, il s'agrippa à mon bras, me forçant à me pencher vers lui. 

— Depuis que les morts sont revenus à la vie...  le virus tue Novendill. 

— Le monde va périr, Hugh, soufflai-je, cinglante. 

Il releva ses yeux vers moi, son étreinte se faisait de moins en moins puissante sur mon bras.

— Il est temps de vous faire à l'idée... 

Après ces mots tranchants, je lui tournai le dos et repris ma marche en direction du pont. Peut-être avais-je été dure. Mais j'avais été honnête. Franche. Fidèle à ce que j'étais. 

Moi-même je me faisais une raison. 
La Mort allait dominer, parce que les Gardiens se perdaient dans leur passé et leur supercherie. 


Je préférais affronter la fin de notre Royaume, auprès de ma sœur. 


Il ne me fut guère difficile de me rendre aux gardes royaux qui m'assiégèrent dès lors que je m'aventurais sur le pont. Il me fut les convaincre de me mener au palais, là où ils refusèrent au début. 

— Le Palais est en quarantaine, avaient-ils répondu. 

Mais mon pouvoir les avaient convaincu du contraire. 


J'étais en route vers ma sœur. 
J'étais en chemin vers la fin

Les Derniers Gardiens : II - La Voie du SaphirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant