9 💎 Et les Morts revinrent à la vie...

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« Manier la Mort était un art que peu de sorciers savaient expérimenter. Ranimer un cadavre demandait une énergie presque infinie et chaque Mort ramené à la vie laissait une empreinte indélébile sur l'âme du sorcier qui maniait la magie noire avec dextérité. D'un Nécromancien l'on disait qu'il jouait avec la Mort aussi facilement qu'avec des billes... »


ALEXIUS


Combattre était une chose qui éveillait en moi l'excitation et l'euphorie. Deux sensations en parfait accord. J'aimais me battre et surtout, j'aimais gagner. Je fis tournoyer l'épée d'argent dans ma main avant de tenir son manche orné de cuir de mes deux mains. Elle était lourde mais son poids parfaitement ajusté pour quelqu'un comme moi. J'en oubliais l'autre épée que j'avais laissé chez Elya et j'espérais sincèrement que son ami le forgeron m'offre celle-ci.

— Si les Morts reviennent à la vie, cela signifie que le Nécromancien est ici... conclut Adélaïde en arrachant une hache du mur.

— Hé, attention à l'atelier ! Mon père me tuerait s'il vous voyait faire... tenta Sam.

— Tu ferais mieux de t'armer, petit. Ou tu risques de finir en chair à saucisse d'ici peu, commentai-je.

— Par tous les Dieux, Elya... souffla le forgeron.

Mes yeux suivirent la trajectoire des siens et je les écarquillai lorsque je vis Elya, à l'extérieur de l'atelier, en plein milieu de la route de pavés, les poings serrés. Son bras droit scintillait comme nos armures lorsque nos Gemmes les alimentaient. Sauf qu'Elya ne tenait pas le Rubis et ne portait pas non plus d'armure de Gardien. Pourtant, nous pouvions suivre facilement le chemin de ses veines jusqu'au dessus de son coude, là où elles semblaient s'estomper. Elles étaient colorées d'un rouge pourpre et brillant, puissant et chaud.

— Que Maëra nous garde... souffla Adélaïde, déconcertée.

Maëra était la Déesse de la Vie. Adélaïde avait toujours eu un penchant pour la mythologie et les croyances qui allaient avec. Je pouvais comprendre qu'elle souhaitait prier les dieux en cet instant puisque c'était la première fois, en cent cinquante ans, que nous assistions à pareil spectacle.

— Je. Vais. Tous. Les. Brûler, articula Elya.

— Je n'en doute pas, ma jolie mais... soyons prudents, d'accord ? Laisse-nous passer devant, tentai-je en me postant devant elle.

Elle leva ses yeux vers moi. Nouvelle surprise ? Son oeil droit n'était plus gris mais rouge, comme ceux d'Adé quand elle utilisait sa gemme. Je déglutis mais n'en fis pas tout un plat. Je n'avais pas le temps de m'attarder dessus puisque les cris s'élevaient loin dans le village. Novendill était paisible, mieux valait qu'il le reste.

Sam se munit d'une épée plus petite que la mienne. En réalité, on aurait dit un glaive, en plus fin. Nous avançâmes dans la rue rapidement, laissant passer tous les survivants qui prenaient la fuite pour se réfugier dans les champs. Le plus loin possible des cimetières et de tous les morts qui devaient dorénavant envahir les rues de Novendill.

Non loin de la forge et à quelques pas de la maison d'Elya, dans une ruelle étroite et mal éclairée par la lune, trois morts faisaient un festin des intestins d'une pauvre femme aux yeux exorbités par la douleur. Je courus en leur direction, levai mon épée et tranchai la tête du premier. Les deux autres se tournèrent vers moi, se levèrent et s'approchèrent de moi. Je donnai un coup de pied dans le torse du plus maigre, il vola quelques mètres plus loin contre le mur et les poubelles puantes et remplies de déchets. 

Les Derniers Gardiens : II - La Voie du SaphirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant