Chapitre 23~

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Nous levons nos mains lentement, en silence.

-Lâche ton couteau, petit.

Simon soupire, et le laisse tomber au sol. L'homme sourit. Il est brun, et semble ne pas s'être rasé depuis une éternité. Je ne vois pas ses yeux d'ici, mais on dirait qu'ils sont marron. Il a d'énormes cernes, et des rides bien marqué. Je lui donnerai entre quarante et soixante ans. Ces vêtements sont sales, et son jean déchiré.

-Je demande juste un peu de bouffe. Dit-il avant de reprendre, voir tout ce que vous avez.

-Quoi?! S'énerve Thomas

-Calme-toi, maigrichon.

Il semble contenir sa colère. Je connais Thomas, et je sais que ce n'est pas bon du tout quand il essaye de contenir sa colère. Il va tous nous faire tuer.

-Jetez vos sacs, et allongez-vous au sol.

Je m'exécute, suivi de tous les autres, sauf Thomas.

-Allonge-toi! Hurle l'homme.

-Va te faire foutre enculé. Dit Thomas.

L'homme rit.

-Je crois que j'ai pas bien entendu, là.

-On a plus de chances de vivre qu'un vieux croûton dégueulasse.

Il vise son pistolet sur ma tête.

-Elle crève si tu t'allonges pas.

Simon se lève brusquement.

-Touches-là, et c'est toi qui crèves enfoiré. Dit-il.

Il rit une nouvelle fois.

-J'aurais tout entendu.

Simon tourne légèrement la tête vers Thomas. Il manigance quelque chose, ils vont nous faire tuer.

-Y'a de la bouffe dans tous les super-marchés. Dit Thomas.

-Y'en a plus beaucoup, imbécile. Mais tu as raison, je vais peut-être prendre quelque chose d'autre finalement, comme... Elle.

Il me montre avec son pistolet. Je n'irais pas avec lui, c'est hors de question. Ma respiration s'accélère.

-Maintenant! Hurle Thomas.

En quelques secondes, Simon ramasse le couteau et l'envoie dans la poitrine de l'homme. Celui-ci a eu le temps de tirer trois fois avant de s'écrouler au sol. Je me lève, choquée. Je regarde Simon avec de grands yeux. J'ignorais qu'il était doué pour ce genre de choses.

-Il est... Mort? Demande Rena.

-J'en sais rien. Dit Simon.

Il s'approche de lui et s'agenouille. L'homme lui attrape brusquement le col de son t shirt.

-Lâche-moi vieille merde! Hurle Simon.

Thomas court jusqu'à lui. Il retire le couteau et le replante dans le coeur de l'homme.

-On s'en prend pas à Kaya, mon pote.

Et il revient vers nous.

-On y retourne. Dit Will.

Je n'en reviens pas. Nous venons de tuer un homme. Nous lui avons pris la vie. Remarque, si nous ne l'avions pas fait, nous serions probablement mort. Nous reprenons notre marche, ignorant toujours où nous allons. Tout ce que je sais, c'est que nous partons.

***

Cela fait maintenant sept mois que nous nous sommes réfugiés dans une ville du Nouveau-Mexique, appelée "Santa Fe". Je n'en reviens pas du nombre de kilomètres qu'on a dû parcourir, c'est vraiment énorme. Nous avons trouvé des tentes dans certaines maisons que nous avons fouillées, et les avons installés dans un champ d'herbe brûlée. Il est impossible de loger dans une maison, elles sont brûlées et puent le renfermé. Nous les visitons tout de même histoire d'avoir de nouvelles provisions. Nous n'avons vu personne en sept mois. Heureusement que je ne suis pas seule, et que je suis avec mes amis. Je n'ai presque pas envie de voir d'autre personne. Ça tombe bien, il n'y a plus personne. Je crois que Simon et Thomas ont tué la dernière personne vivante sur terre mise à part nous. Parfois je me demande, les gens sont-ils stupides? C'est vrai, nous avons eu l'intelligence de nous enfuir tout au fond d'un garage. Même si c'était vraiment dur avec la chaleur, et le fait de rester enfermé, nous sommes vivants, merde! Ont-ils trouvé un autre moyen de se réfugié? Je n'en sais rien. Mais je me dis que sur les sept milliards d'habitants sur cette planète, il est impossible qu'on soit seul au monde. Nous sommes actuellement dans une maison grise pas trop abîmée. Nous nous rassasions avec la nourriture restante, et nous installons sur des chaises pliantes. je pose la tête en arrière et ferme les yeux. Je pense que les autres ont fait pareils, car le silence règne à présent sur la pièce. J'ai l'impression d'entendre des voix à l'extérieur. Je deviens complètement folle.

-Vous entendez ça? Demande Will.

J'ouvre brusquement les yeux.

-C'est quoi cette merde? Dis-je.

-On va voir. Dit Thomas.

Nous nous levons, et prenons nos sacs avec de la nourriture, de l'eau et tout le nécessaire, ainsi que nos flingues que nous avions trouvés dans le sous-sol de la première maison que nous avions fouillée. Nous gardons chacun notre arme en main. Plus nous avançons, plus les voix se rapprochent. Il n'y a pas qu'une seule personne. J'ai peur de croiser quelqu'un du même genre que le type, et le seul, que nous avons vu il y a quelques mois. Les voix proviennent de la forêt. Nous nous arrêtons, une fois arrivée devant ces personnes. Ils doivent être une bonne cinquantaine, femmes comme enfants.
La forêt ressemble désormais à un rassemblement d'arbres cramés en hiver. La population nous remarque donc rapidement. Le silence s'installe alors, une sorte de malaise.

-Mh, bonjour? Dit Thomas.

Un homme d'avance, un fusil en main. Nous levons les mains en l'air.

-Oh, oh! On est des survivants nous aussi, on pensait être les seuls.

L'homme baisse son arme.

-Rangez vos armes.

Nous mettons nos flingues dans nos sacs de façon à ce qu'elles ne se mettent pas à tirer de partout.

-Bienvenu parmi nous.

Unexpected (Le Labyrinthe) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant