Chapitre 25~

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Nous regardions tous ses hommes sans dire un mot. D'ailleurs, eux aussi nous regardaient, toujours leurs armes pointés sur nous. Quelque chose me disait de fuir, d'emmener toutes ces personnes à l'abri, mais la curiosité prit le dessus. Le silence fut vite chassé par des cris. Une balle venait d'atterrir dans le cou d'un vieillard. Nous nous mettons tous à courir en direction du camp, suivis du gros engin, abîmant tout sur son passage.

-Kaya!

Je me retourne et aperçois Thomas.

-Cours Thomas! Hurlé-je.

J'ai beaucoup trop peur de me retourner pour chercher les autres. Les victimes se font de plus en plus nombreuses et je prie pour qu'aucun de mes amis n'ait été touché. Je suis à bout de souffle, et manque de m'écrouler une dizaine de fois. Je peux entendre, malgré les cris et le brouhaha de la foule, le bruit des balles qui défilent à toute vitesse. Je ne pense pas pouvoir tenir plus longtemps. J'ignore combien de personnes sont mortes actuellement, et j'ignore depuis combien de temps nous courrons tous afin d'échapper à ces monstres. Tu aurais dû fuir quand tu en avais encore le temps Kaya.

-Il s'en va! Hurle quelqu'un dans la foule.

Tout le monde se retourne systématiquement. Le bolide est bel et bien entrain de reprendre de l'altitude, et plus aucune trace de bonhomme vert armé. Je me concentre à présent sur Thomas et les autres. Je ne les vois plus, et commence à paniquer. Je bouscule tout le monde, et cherche mes amis.

-Thomas! Crié-je, Rena! Will! Simon!

Faites qu'ils soient sains et saufs. Je les cherche partout depuis une vingtaine de minutes, mais toujours aucune trace d'eux. Je m'assois contre un arbre, ne pouvant plus rester debout à cause de mes jambes qui flanchaient. Je mets ma tête entre mes bras, et souffle un moment.

-Madame?

Je lève la tête et trouve devant moi un petit garçon aux cheveux frisés, un peu grassouillet. Il me rappelle mon frère en plus jeune. Je croirai presque voir Malcolm juste devant mes yeux. Les larmes me montent aux yeux, et je n'arrive pas à les contenir. Je me retrouve à chialer devant un pauvre gamin qui doit être en train de chercher désespérément sa famille, comme moi je cherche la mienne. Car, oui, il faut qu'on se le dise, mes amis sont devenus ma famille, et peut-être la seule encore en vie. Ils sont tout ce qu'il me reste.

-Pleure pas madame! Dit-il.

Je ne pense pas qu'il a conscience de ce qu'il vient de se passer. Je ne peux après tout pas lui en vouloir, ce n'est qu'un enfant. Je sèche les larmes qui me perlent sur les joues.

-Tu cherches quelqu'un? Demandé-je.

-Non, je suis tout seul depuis que papa est parti.

Je me sens mal, d'un coup.

-Pourquoi tu pleures?

-J'ai perdu mes amis, et ma famille.

-Il faut les chercher, dans ce cas! Dit le petit.

Je souris.

-Commençons par retourner au camp, d'accord?

Il hoche la tête. Le petit se retourne et ma bouche reste complètement ouverte face à ce que je vois. Il a une fléchette plantée dans le dos.

-Mon Dieu, mais c'est quoi ce truc?

Je lui retire doucement.

-Je sais pas. J'ai reçu ça dans le dos pendant que tout le monde courait, et j'ai dormi après. Mais maintenant ça va mieux! Dit-il.

Je fronce les sourcils. Des fléchettes? Si ce petit est vivant, cela veut dire que les victimes le sont aussi? Mais une question me trotte dans la tête : pourquoi des fléchettes? Après quelques minutes de réflexion, je me rends enfin compte que je ne me pose pas la bonne question. Je laisse tomber cette chose au sol, et prends le petit par la main.

-On y va.

Nous marchons jusqu'à camp, et une fois dans celui-ci, j'aperçois Simon adossé à une cabane.

-Attends-moi ici, d'accord?

Le petit acquiesce d'un hochement de tête, et je cours jusqu'à Simon. Il se relève tout de suite dès qu'il me voit. Je lui saute dans les bras, et le serre aussi fort que je peux.

-Simon putain j'ai eu tellement peur.

-Eh, ça va, je suis là. Dit-il.

Je ne m'en étais même pas rendu compte mais je pleurais. Il caressait doucement mes cheveux, avant de descendre dans mon dos.

-Où sont les autres? Demande-t-il.

-J'en sais rien. Avoué-je.

Il me regarde, surprit.

-Merde. Dit-il.

Il met fin à notre étreinte. Je ne voulais pas qu'il me lâche. Je m'assois contre le mur, et ferme les yeux. J'ignore si Simon est toujours là, je ne veux pas rouvrir les yeux, j'en suis vraiment incapable à tel point je suis fatiguée. Je reste quelques minutes comme cela, puis sens des lèvres se poser sur les miennes. J'ouvre difficilement les yeux - disons que je n'ai pas vraiment le choix - et aperçois Simon juste devant moi. Je referme les yeux et le laisse m'embrasser. Je sais que je ne devrais pas faire ça, je suis avec Thomas bon sang! Mais ce baiser est tellement agréable et me réconforte beaucoup trop pour que j'y mette fin. Il place ses mains sur mes joues et continue de m'embrasser. Ses lèvres sont tellement douces. Il finit par décoller ses lèvres, mais il garde son front coller au mien. C'était vraiment bizarre, mais à la fois vraiment agréable.

-J'aurais pas dû. Dit-il.

Je ne réponds rien.

-Il ne s'est rien passé. Dis-je pour le rassurer.

Je voyais bien qu'il était inquiet par rapport à Thomas. Il sourit et s'éloigne un peu mais pas trop, de façon à ce que je ne le perde pas. Je referme les yeux et... Merde, le gosse! Je me lève précipitamment et cours pour le retrouver à l'endroit où je l'ai laissé. Il est toujours planté là, assis en tailleur sur le sol.

-Hey. Dis-je.

-Ah, te revoilà! Dit-il.

Je souris et lui tend la main.

-Je vais te présenter à mon ami.

Il se lève et je retourne auprès de Simon.

-Bordel Kaya t'es parti où? Dit-il en courant jusqu'à moi.

-Je te présente...

Je ne sais même pas comment il s'appelle.

-Tim. Dit-il.

Simon me regarde d'un air interrogateur.

-Salut Tim, moi c'est Simon.

Il sourit.

-Il a été touché par ce que je pensais être des balles, mais ce sont des fléchettes. Dis-je.

Simon semble surpris et perplexe.

-Pourquoi des fléchettes? Des balles auraient suffi pour tous nous tuer. Dit-il sur la défensive.

-Simon, on ne se pose pas la bonne question.

-Alors c'est quoi, cette question?

-Qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur.

Unexpected (Le Labyrinthe) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant