Alaynah ouvrit doucement les yeux. La lumière du jour filtrait à travers les rideaux pourtant épais de la chambre. Elle était étendue sur le ventre, les bras sous le visage. Elle voulut se retourner, mais fut retenue par ses nouveaux membres avec une vague douleur, trop difficile à localiser. Les souvenirs de la soirée de la veille lui revinrent d'un coup. Arken !
Tel un chevalier, il avait surgi de nulle part pour la tirer des griffes de ces deux kidnappeurs et l'avait ensuite protégée et conduite en sécurité. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle pensa à lui. Elle s'était endormie près de lui, pourtant persuadée qu'elle ne trouverait jamais le sommeil. De ce qu'elle en voyait à ce moment, Arken n'était pas resté dans le lit. Elle se redressa comme elle put pour tenter de le repérer.
Son dos était douloureux. Ses nouveaux membres étaient bien trop imposants pour elle et, même assise sur le bord du matelas, elle les sentait peser et la faire légèrement pencher en arrière. Ce n'était pas lourd, à proprement parler. C'était gênant surtout à cause du bras de levier qui la déséquilibrait. Elle garda les bras le long du corps, comme elle avait commencé à en prendre l'habitude, puis repéra Arken, assis sur le fauteuil. Il regardait par la fenêtre en se cachant derrière le rideau. De nouveau, Alaynah sourit. Il était comme les gardes du corps dans les films. À la différence qu'en lieu et place d'un costume sombre, il portait un pantalon de camouflage et un t-shirt kaki.
— Comment ça va ? demanda-t-il sans se retourner. Tu as bien dormi ?
Alaynah haussa les épaules et ses ailes suivirent le mouvement la faisant se balancer vers l'arrière. Elle grimaça et répondit à voix haute, cette fois.
— Compte tenu des circonstances, je pense que oui.
Arken quitta l'extérieur des yeux pour se tourner vers elle et lui offrir un sourire bienveillant.
— Je suis sorti prendre des trucs à manger dans le distributeur, ce matin. On peut petit-déjeuner quand tu voudras.
Alaynah se garda de se réjouir. Elle avait vu le distributeur lorsqu'ils étaient arrivés au motel, la veille. C'était là qu'elle avait attendu pendant qu'Arken leur louait une chambre. Barres de céréales, paquets de chips et bonbons. Elle ne pouvait rien espérer de mieux.
— Je vais prendre une douche d'abord, si tu veux bien, soupira-t-elle.
Il se contenta d'un hochement de tête avant de reprendre sa surveillance. De son côté, Alaynah se leva et avança vers la salle de bain. Elle ignorait si Arken en avait spécifiquement fait la demande, mais la pièce était grande et la douche à l'italienne bien assez large pour qu'elle y pénètre, même avec ses ailes qu'elle ne contrôlait pas ou si peu. Après s'être défait de sa double chemise et du reste de ses vêtements, qu'elle déposa dans un coin, Alaynah ouvrit le robinet. Elle se délassa un instant, profitant de la chaleur sur sa poitrine, avant de se tourner pour offrir son dos au jet. L'eau fit un bruit étrange en rebondissant sur ses larges plumes, comme la pluie ricochant sur un parapluie. Pourtant, Alaynah ne sentait pas les gouttes sur ses ailes, seulement sur leur tranche. La sensation était très désagréable.
Jusqu'à la veille, ces nouveaux membres n'existaient pas et aujourd'hui, lorsqu'elle les sentait, elle avait toutes les peines du monde à les situer. Elle devinait plus qu'autre chose leur position. La plupart du temps, les ailes suivaient le mouvement de ses bras, mais elle ne les contrôlait pas. Elle constata que ses grands appendices étaient hermétiques à l'eau : rien ne filtrait au travers. Soudain, elle réalisa qu'elle ne parviendrait jamais à se laver le dos ni même l'extérieur de ses grandes choses blanches qui l'encombraient. En se tournant pour chercher le savon, elle heurta la paroi de son aile droite. La douleur fut identique à celle qu'elle ressentait lorsqu'elle se cognait le genou sur un pied de table. Elle aurait voulu frotter l'endroit endolori, mais ne pouvait l'atteindre, car ses bras étaient trop courts.
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Héritière de l'æther
ParanormalDepuis des années, un mystère accable les États-Unis. Des jeunes de tous horizons disparaissent ou sont assassinés. Leur seul point commun est leur date de naissance. En effet, tous sont nés le treize février de la même année. Même si officiellement...