Arken ignorait où était passé son dragon. Cette pensée le fit sourire. Il possédait un dragon ! Nolak n'avait rien à voir avec ce qu'il imaginait jusqu'à maintenant en pensant à un dragon, mais restait une bête phénoménale. L'espèce de lézard géant, malgré sa taille titanesque, était capable de se déplacer sans bruit et, plus étonnant encore, sans déclencher de vibration dans le sol. Arken gardait en tête une scène mythique du film Jurassic Park, dans laquelle le tyrannosaure faisait trembler le sol à chaque pas. Nolak ne devait pas peser moins lourd et, pourtant, il était tout à fait discret. Raison pour laquelle il ne savait dire où se cachait la bête à cet instant.
Aussi bizarre que cela puisse lui paraître, il savait que Nolak était tout proche. En se concentrant un tout petit peu, Arken sentait sa présence. C'était une sensation étrange que de ressentir la présence d'un autre être vivant sans pour autant le voir. Ce fut pourtant un éclat de rire qui attira son attention et le détourna de ses préoccupations actuelles. Alaynah, seule un peu plus loin sur le terrain, faisait face à la légère brise qui s'était levée. Les bras écartés et toutes ses ailes déployées, elles aussi, elle reculait doucement, juchée sur la pointe des pieds. Le vent s'était engouffré dans ses ailes les gonflant très légèrement. Arken sourit et s'avança vers elle en la détaillant. Elle souriait. C'était probablement la première fois qu'il lui découvrait un visage véritablement heureux. Elle avait déjà souri auparavant, bien sûr, mais cela n'avait rien de comparable. C'était comme si tout ce qu'il lui était arrivé ces derniers jours n'avait jamais existé. C'était agréable à regarder.
— On dirait que tu commences à t'habituer, lança Arken à quelques pas d'elle.
Elle replia un peu ses grandes ailes, laissant celles du bas, les plus petites, déployées. Aussitôt, elle perdit en portance et ses pieds se reposèrent à plat sur l'herbe. Où s'accrochaient encore des restes de neige. Depuis bientôt une heure qu'elle était là, elle avait tant piétiné le tapis blanc que tout avait fini par fondre, laissant une vulgaire tache sombre de gazon piétiné mélangé à la boue.
Alaynah avait enfilé un sweat zippé et une doudoune sans manche à l'envers, puis s'était emmitouflée dans deux larges écharpes pour maintenir le tout fermé. La température était clémente et cette tenue suffisait à la maintenir au chaud.
— Je ne dirais pas que je m'habitue, contra-t-elle sans se défaire de son sourire, mais je commence à comprendre comment ça marche.
Comme pour prouver ses dires, elle déplia uniquement sa grande aile gauche et la secoua dans un simulacre de salut. Arken rit de bon cœur et répondit par un signe de main avant de la féliciter pour ses progrès.
— Le jour où j'arriverai enfin à voler comme un oiseau, on pourra peut-être parler de progrès, déclara-t-elle en repliant toutes ses ailes d'un coup, cette fois.
— Ça te fait quoi ? demanda Arken, à présent face à elle.
Alaynah marqua une pause, le temps de réfléchir à la question. Elle déclara que c'était étrange, ce qui ne surprit pas vraiment Arken. Elle reparla de la sensation étrange lorsqu'elle prenait sa douche. Elle ne sentait pas l'eau sur son pennage, mais uniquement sur les bords d'attaque de ses ailes.
— Eh bien là, c'est le contraire, poursuivit-elle en en caressant les plumes d'une de ses petites ailes qu'elle fit passer devant son bassin. Je perçois avec une grande précision l'air qui passe entre chaque plume. En tout cas, c'est la sensation que j'ai. Elles s'agitent toutes de façon individuelle et ça me fait un genre de petits chatouillis aux points d'attache. Un peu comme ça peut le faire quand le vent secoue mes cheveux, mais en beaucoup plus sensible.
Arken, qui portait les cheveux courts depuis aussi loin qu'il pouvait se souvenir, avait du mal à se rendre compte de ce dont elle parlait, mais il se contenta de la regarder s'émerveiller de ses ailes. Il se souvint du moment où il avait découvert son pouvoir et du nombre d'heures qu'il avait passé à pleurer en réalisant le monstre qu'il était devenu. D'un autre côté, son pouvoir avait bien failli tuer un de ses camarades d'école.
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Héritière de l'æther
ParanormalDepuis des années, un mystère accable les États-Unis. Des jeunes de tous horizons disparaissent ou sont assassinés. Leur seul point commun est leur date de naissance. En effet, tous sont nés le treize février de la même année. Même si officiellement...