Chapitre 2🪽

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En Californie, il semblait qu'il n'y avait en réalité que deux saisons : le printemps et l'été. En ce mois de février, alors que New York était sous la neige la semaine passée, Alaynah se baladait en extérieur avec un simple pull. Certes, elle avait un col roulé, mais son amie Alicia, qui l'accueillit à la sortie du bâtiment du docteur Dang, sur le campus, n'arborait qu'un chemisier très léger et une veste en jean grande ouverte.

— Tu es à l'heure dis donc, fit remarquer Alicia avec un grand sourire.

Lors de sa dernière session, Alaynah était sortie avec dix minutes de retard et elles avaient été toutes les deux en retard en amphi. Ce ne serait pas le cas cette fois pour le cours de français qu'elles avaient pris ensemble en option. Il fallait cependant faire vite, car le campus de Soka était gigantesque. Magnifique, certes, mais bien trop grand.

— Il nous reste quatre minutes, ajouta Alicia sans quitter son sourire. On est large. Tu veux qu'on s'arrête manger quelque part ?

Alaynah ne releva pas le sarcasme, une crise de douleur aiguë l'en empêcha.

— Ça va ?

Alicia passa un bras autour des épaules de son amie qui continuait d'avancer, courbée pour tenter d'atténuer la douleur.

— Pas top, grogna Alaynah sans s'arrêter. C'est mon dos encore.

— Ah mince ! soupira Alicia. J'ai complètement oublié d'en parler à Duncan pour le scanner. Je le revois tout à l'heure, j'y penserai.

Alaynah se redressa légèrement, la douleur s'éloignait et elle sentait qu'elle allait pouvoir accélérer le pas. Parfois, elle avait comme des pointes dans le dos. Cette fois pourtant, cela avait eu lieu simultanément en haut et en bas. Une première !

Le reste du trajet, bien que rapide, se déroula sans problème et elles furent toutes les deux les dernières à s'installer derrière une table. Pour autant, le cours n'avait pas encore commencé.

Cinq minutes plus tard à peine, Alaynah ressentit une nouvelle crise, bien plus forte que toutes celles dont elle avait fait l'expérience jusque-là. Elle se garda de hurler, mais n'y parvint qu'en agrippant le poignet de son amie de toutes ses forces. Ce fut donc Alicia qui attira l'attention, bien malgré elle pour une fois.

— Que se passe-t-il, mademoiselle Glenstone ? demanda la prof, en français, évidemment.

Alicia allait répondre et ouvrit la bouche dans cet objectif, toutefois lorsque son regard tomba dans celui d'Alaynah, elle changea d'expression et s'adressa à la prof d'un ton inquiet.

— Mon amie n'est pas bien, répondit-elle, en essayant de parler français à son tour.

L'enseignante avait expliqué à de nombreuses reprises que l'anglais restait dans le couloir lorsqu'on assistait à ses cours. Ceci dit, ce fut dans la langue de Shakespeare qu'elle ordonna à Alicia d'accompagner Alaynah à l'infirmerie.

Déjà élevé, le niveau de stress d'Alaynah monta encore d'un cran. Entre le ton alarmé de la prof et les regards des autres étudiants, il y avait de quoi s'inquiéter. Elle devait avoir une tête affreuse.

Alicia l'aida à se relever et, laissant toutes leurs affaires sur place, elles partirent en direction de l'extérieur.

— Ça va mieux déjà, tenta Alaynah, à bout de souffle, une fois à l'extérieur.

— Mais bien sûr ! se moqua Alicia. On dirait que t'as de la fièvre, t'es blanche comme c'est pas permis et tu veux me faire croire que ça va mieux. On va à l'infirmerie, un point c'est tout !

Alaynah sourit et ne se donna pas la peine de reprendre son amie. Elle n'avait pas l'intention d'esquiver quoi que ce soit. Elle voulait simplement signifier qu'elle avait moins mal. Elle se redressa un peu et marcha, lentement, sans le soutien d'Alicia qui ralentit l'allure pour s'adapter.

Héritière de l'ætherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant