Après la visite des lieux, Niel s'éclipsa pour faire les courses et Alaynah, retrouva Saya dans une autre chambre pour y chercher des vêtements susceptibles d'être enfilés malgré ses ailes.
— Ton frère ne parle pas beaucoup, attaqua Alaynah en avisant l'immense dressing au fond de la pièce.
— Il parle beaucoup trop, au contraire, grinça Saya en ouvrant en grand la double porte.
Elle dévoila de nombreuses tenues de styles et d'époques très variés. Devant l'air ahuri d'Alaynah, Saya précisa que tout n'était pas à elle. Tout du moins, si tout lui appartenait en effet, elle n'en avait acheté qu'une petite partie. Le reste était venu avec la demeure et elle ignorait à qui cela avait pu appartenir.
— Tout est en bon état et à ma taille, à quelque chose près, ajouta-t-elle. Et puisqu'on est à peu près de la même morphologie, la plupart de ces affaires devraient t'aller.
— À condition de pouvoir passer ces trucs dedans, grimaça Alaynah en pointant du doigt son dos.
Saya se contenta de sourire avec compassion et commença à fouiller dans le dressing long d'au moins cinq mètres. Alaynah en profita pour revenir sur le sujet du frère de Saya. Cette dernière lui apprit ainsi qu'ils n'avaient pas réellement grandi ensemble. Au moment du divorce, Saya était restée avec son père et Niel, au contraire, avait suivi sa mère. Dès lors, les deux enfants Lodlik ne s'étaient plus vus que par intermittence. Saya avait vécu avec son père richissime à Vienne, tandis que son frère avait grandi dans la banlieue de Munich, à plus de quatre cents kilomètres de là. Ce n'est qu'à la majorité de son frère, de deux ans son cadet, qu'elle l'avait retrouvé, pour l'enterrement de leur père, mort d'un cancer.
Alaynah resta muette un instant. Elle n'avait pas trouvé les deux Lodlik très proches, elle qui était fille unique, adoptée de surcroît, et qui avait toujours imaginé qu'avoir un frère ou une sœur était un peu comme avoir sa meilleure amie à la maison en permanence. À présent, elle comprenait pourquoi leur relation était différente de ce à quoi elle s'attendait.
— Il est resté avec toi, depuis ? demanda Alaynah lorsque Saya posa sur le lit une petite pile de gilets de coupes et de couleurs variées.
— Tiens, dit-elle en en attrapant un sur le dessus de la pile, essaie ça. Tu vas pouvoir l'attacher dans le dos. Ça ne sera pas super mode, mais au moins tu ne devrais pas avoir froid.
Alaynah considéra l'objet avec méfiance. La couleur ne lui plaisait pas, mais elle ne fit pas de remarque. Saya lui offrait de quoi se vêtir, c'était bien gentil de sa part. Sans enlever sa double chemise, elle passa le gilet comme une camisole. L'entreprise fut périlleuse, mais par chance, la pièce était spacieuse et sans bibelot ou quoi que ce soit de fragile. Saya évita de justesse un coup d'aile. Alaynah se cogna deux fois contre la porte, puis un mur, mais sans se faire mal.
— Niel et moi, c'est compliqué, reprit Saya en attachant quelques boutons dans le dos d'Alaynah une fois qu'elle eut enfin enfilé les manches. Avec le divorce, nos parents ont passé un arrangement étrange qui faisait de moi la seule héritière de papa et de Niel le seul héritier de maman. Sauf qu'elle n'était pas riche, elle. Forcément, Niel était un peu jaloux et je le comprends.
— C'est normal, confirma Alaynah en se tournant pour observer son reflet dans le miroir derrière elle.
Le résultat était bien moins pire que ce qu'elle avait anticipé. Certes, il était flagrant que son gilet était à l'envers, mais il ne tombait pas trop mal, en fin de compte.
— Ça va, en fait ! déclara à son tour Saya avec un sourire satisfait. En tout cas, c'est pas si ridicule.
Alaynah tourna d'un quart pour essayer de voir son dos. Avec ses deux grandes ailes, ce n'était pas simple, mais elle put observer le rendu.
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Héritière de l'æther
ParanormalDepuis des années, un mystère accable les États-Unis. Des jeunes de tous horizons disparaissent ou sont assassinés. Leur seul point commun est leur date de naissance. En effet, tous sont nés le treize février de la même année. Même si officiellement...