Chapitre 28🪽

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Seule avec Arken, Noa souriait. Il avait enfin arrêté de remettre systématiquement en question toutes ses décisions. C'était agréable. Elle n'aurait pas juré qu'il lui faisait confiance, mais ne plus le sentir sur son dos à la surveiller était déjà un sacré progrès. Il l'avait même laissée s'occuper de nettoyer ses blessures, lors d'un de leurs arrêts sur l'autoroute. Elle avait ainsi percé sa paupière gonflée pour en extraire le liquide et lui rendre un peu de vision. Elle avait ensuite désinfecté et refermé la plaie avec des petits steri-strips. Elle avait ensuite nettoyé ses autres blessures, bien moins graves avant qu'ils ne reprennent la route pour la Suisse.

Ils avaient laissé Alaynah dans un chalet en bordure de forêt à un quart d'heure des bureaux des martyrs. Alaynah avait fait de gros efforts pour ne pas pleurer et Noa leur avait laissé, à elle et Arken, un semblant d'intimité pour se dire au revoir. Égal à lui-même, le chevalier de la terre s'était montré relativement distant avec elle. C'était très étrange de le voir interagir avec Alaynah. Il était évident qu'il tenait à elle, tout comme il était évident qu'il n'avait pas la moindre idée de comment se comporter.

— Le moins qu'on puisse dire, en tout cas, lança-t-elle en montant dans la voiture, c'est que tu es en accord avec ton élément. Tu es né quand déjà ?

Alors qu'elle démarrait, Arken lui adressa un regard en coin avant de répondre.

— Le 16 mai, grogna-t-il.

— Taureau donc, décréta-t-elle en s'engagea sur la route de campagne déserte et légèrement glissante à cause de la neige qui tombait. C'est ce que je dis : en parfaite harmonie avec ton élément.

— Mais de quoi tu parles ? se plaignit Arken en jetant un œil dans le rétroviseur du côté passager.

Noa lui décocha un regard surpris, puis se souvint que, tout comme Alaynah, tout cela lui était tombé dessus quelques jours plus tôt, à peine. Il ne connaissait rien à la légende du pentacle, aux éléments et encore moins à leur impact sur la vie de chaque être vivant.

— Bon, je te fais un cours de rattrapage, mais c'est bien parce que c'est toi, annonça-t-elle. C'est vrai que tu es arrivé là-dedans par hasard, après tout.

Il tourna la tête dans sa direction et Noa lui tira la langue avant de reprendre, joyeuse.

— Tu es Taureau, répéta-t-elle. Autrement dit, un signe de terre. Ce qui est logique puisque tu as des pouvoirs liés à la terre. Mais du coup, tu as hérité des caractéristiques de cet élément. Tu es donc du genre tranquille, voire introverti. Plutôt solitaire. Tu aimes les choses organisées et l'action, raison pour laquelle tu t'es engagé dans l'armée.

— Je savais déjà tout ça, grimaça, Arken. Enfin la partie où tu prétends me connaître grâce à mon élément.

— Je ne le prétends pas, contra-t-elle avec un sourire hypocrite. Je le sais, c'est factuel. Grâce à ça, je sais aussi que tu as un caractère totalement incompatible avec le mien.

— Quel dommage ! ironisa Arken avec une grimace que Noa eut bien du mal à comprendre.

— Comme tu dis, continua-t-elle sans en prendre ombrage. Et pour ta gouverne, la caractéristique du feu est la sociabilité et celui de l'eau son esprit inventif. Ce qui explique par exemple toutes les applications que Franck a pu trouver à son pouvoir pourtant simple de contrôle de l'eau.

— T'as vraiment besoin de me faire un cours sur tout ça ? demanda Arken visiblement fatigué.

— Je me suis dit que ça pouvait t'intéresser.

— Pas tant que ça, trancha-t-il en soupirant.

— On arrive de toute façon, conclut Noa.

Elle aurait aimé qu'il soit un peu moins en accord avec son élément. Elle était certes heureuse de se présenter en territoire ennemi au côté d'un chevalier au pouvoir puissant, d'autant plus qu'il le maîtrisait, mais elle aurait apprécié un personnage un peu plus enjoué.

Héritière de l'ætherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant