Partie 2 : Chapitre 12 Entre chien et loup

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Désormais éclairé par la lumière crépusculaire, le manoir semblait bien sinistre. Les gargouilles paraissaient plus vivantes encore que durant la journée, les ombres dessinant des griffes et des crocs inquiétants. Les carreaux colorés donnaient désormais l'impression d'être tous noirs, empêchant tout regard à l'intérieur. Elthir ne put s'empêcher de frissonner devant ce nouvel aspect de la demeure de Lord Hund. Elle et ses amies arrivèrent à la porte d'entrée et toquèrent. Des bruits de pas précipités se firent entendre derrière le panneau de bois et les filles purent discerner un souffle erratique provenant de l'autre côté.

— C'est vous ? demanda une voix apeurée.

— Oui, Lord Hund, répondit Sanerte. Pourrions-nous entrer ? Nous avons des questions à vous poser.

La poignée cliqueta et la porte s'entrouvrit. Un regard affolé se dessina dans l'encadrement.

— Non. Votre travail doit se faire dehors, alors vous ne rentrez pas. Qu'est-ce que vous voulez ?

— Après que le monstre a disparu, un médaillon est tombé et, comme il vous représentait, j'en ai déduit qu'il vous appartenait. J'ai aussi aperçu une femme et un bébé. C'est votre famille ?

— Faites-moi voir ça ! ordonna le seigneur en lui arrachant presque des doigts l'objet.

Lorsqu'il l'ouvrit, les aventurières purent clairement voir ses yeux s'écarquiller puis son visage se fermer.

— Cela ne vous regarde pas. Retournez travailler !

Et sur ces mots qu'il avait hurlés, il leur claqua le panneau de bois au nez, les faisant sursauter. Les trois filles se regardèrent, perturbées par le comportement de leur employeur.

— C'est moi ou il a un grain ? railla Mei en tapant son doigt sur sa tempe métallique.

— Peut-être qu'il a perdu sa famille et que c'est récent, proposa Sanerte en haussant les épaules. Bon, après tout, il a raison, cela ne nous regarde pas. Bon, j'espère que les prochaines bestioles ne seront pas aussi pénibles que la première.

Tandis qu'elles descendaient les marches du perron, la forêt sembla bruire de colère, comme si elle possédait sa propre conscience. Sur leurs gardes, le trio se plaça en position de combat. Ainsi, elles purent esquiver le premier assaut des loups noirs. Ces derniers, véritables animaux faits de chair et de sang, avaient bondi des fourrés pour essayer de dévorer les proies. Cependant, les bêtes n'avaient pas prévu que leurs cibles soient en réalité les véritables prédatrices. Après quelques coups, il ne restait déjà plus aucun canidé vivant. Sanerte était déjà en train de ranger sa faux mais Mei lui posa la main sur l'épaule.

— Attends ! C'est trop facile par rapport à la première fois. Il doit y avoir...

À peine avait-elle eu le temps de dire ses mots qu'une silhouette s'échappa des sous-bois et se précipita vers l'entrée du manoir. Prises au dépourvu, les deux elfes n'esquissèrent même pas un mouvement. Cependant, l'androïde avait pressenti le danger. Elle modifia sa claymore et, équipée de son fusil, elle tira à plusieurs reprises devant le monstre. Ce dernier dut freiner sa course pour ne pas recevoir les projectiles. Il se replia en un saut et, méfiant, se prépara à bondir devant les aventurières. Alors que celles-ci allaient attaquer, le loup gigantesque qui leur faisait face fit une chose bien surprenante. Il se releva sur ses pattes arrière et, dans un grognement guttural, il prononça :

— Ren... dez... mé... daillon.

Elthir, Sanerte et Mei baissèrent leurs gardes, trop abasourdies par ce que leurs oreilles venaient de leur retransmettre. Cet instant d'inattention permit à la bête de réduire la distance entre elle et le groupe. La Nécromancienne eut cependant tout juste le temps de placer sa faux en travers de la route du monstre. Le choc des deux attaques envoya valser l'elfe mais elle avait réussi à gagner suffisamment de temps pour que ses camarades reprennent leurs esprits.

Gillarg Stories (T1) : Une nouvelle guildeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant