Il fait nuit. La douce brise fraîche vient chatouiller les branches des arbres. C'est si doux et apaisant que j'en ferme les yeux un instant.J'ai toujours aimé les soirs d'automne à New-York. Pas ceux où tout le monde court les rues, pressés de rentrer chez eux ou bien les restaurants remplis de clients qui n'attendent qu'à apaiser leur soif de faim.
Non... Je parle de quand le bruit ambiant de la ville berce mes oreilles.
Quand le noir enveloppe toute la métropole, faisant penser aux ténèbres qui s'abattent sur celle-ci.Pour certaines personnes, cela peut paraître effrayant les nuits comme ça. Mais pour moi, c'est une véritable libération.
Je n'ai plus à me cacher.
Car personne ne me voit.
Je me balance d'avant en arrière, mon dos rebondissant sur le mur derrière moi. Les mains dans les poches de mon gros pull noir, j'attends.
Dans le but de ne pas me faire repérer, je me suis placée derrière une petite ruelle à peine visible.
Ils ne verront même pas l'attaque arriver...
Mes poils se dressent brusquement quand un vent glacial vient à ma rencontre, me gelant sur le coup.
J'adore l'automne mais bon sang, je déteste avoir froid. Alors, pour tenter de me réchauffer un peu, je frotte mes mains l'une contre l'autre puis je souffle dans mes paumes. Mon corps entier s'apaise quand je sens la chaleur revenir petit à petit.
Je n'aurais peut-être pas dû venir. Après tout, ces hommes-là ne valent pas la peine que je me déplace pour eux.
Soudain, des bruits de pas provenant de par-dessus la ruelle me coupe dans mes pensées. Je me plaque sur le mur tout en tendant l'oreille pour écouter ce qui se trame.
Deux voix rauques commencent à briser le silence calme de la zone où je me trouve.
Ils doivent avoir entre 30 et 40 ans. Pas plus.
— Putain, je hais ramasser la drogue à la place du chef ! Il se bouge jamais le cul celui-là.
— Me le fais pas dire. Ça me donne envie de lui trancher la gorge. Toujours à nous de faire le sale boulot.
Le second homme qui s'est plaint semble avoir allumé une cigarette vu l'odeur toxique qui se propage dans l'air.
D'ici, je n'ai aucune chance de les voir. Mais dans ces moments là, je ne peux que compter sur mon ouïe.
Grâce à ma source d'information, je savais que ces deux hommes viendraient à cet endroit, tout pile à 3h du matin. Ils doivent récupérer quelques kilos de drogues.
J'ignore l'identité du dealer, mais on m'a révélé que ce ne serait pas la première fois qu'il vendrait ses stupéfiants à des mafieux dans leur genre.
Bon. Parfait. Si j'ai bien calculé, le vendeur ne devrait pas venir d'ici dix minutes. Ce qui est largement suffisant.
Finissons-en rapidement.
Au même moment, je baisse mon masque blanc de lapin sur mon visage. Je l'avais rabattu sur le haut de ma tête pour que ma vision ne soit pas obstruée.
Pour couronner le tout, j'attrape la capuche de mon pull et la laisse tomber sur mes cheveux bruns.Doucement, mes jambes m'amènent hors de la ruelle, me conduisant vers les deux mafieux.
Il ne faut pas plus de temps que cela pour qu'ils me remarquent. Celui à la cigarette se contente d'hausser un sourcil tandis que l'autre à un sourire effrayant sur son faciès.Évidemment, il n'est pas difficile de deviner que je suis une femme à cause de ma silhouette, alors ces ordures se croient tout permis.
Derrière mon masque, je fais tout mon possible pour retenir ma colère face à ces hommes.
— Bah alors poupée, me dit l'homme au sourire, t'es perdue ? On t'a jamais dit que c'était dangereux de traîner seule la nuit ?
Je le vois s'approcher de moi tandis que pour ma part, je reste immobile. Mes yeux sont rivés sur eux. Et ma rage monte de plus en plus.
— C'est... Un masque de lapin sur ton visage ? demande l'homme au cigare, comprenant enfin la situation.
— Mais ça te rend encore plus mignonne, je trouve ! Allez, viens par là. Tu vas voir, on est gentils comme tout...
Les poings serrés, je décide d'enfin m'avancer vers celui qui me provoque depuis le début.
Mon attention se porte une seconde sur l'autre mafieux en retrait quand il crie à son collègue :— Hé, dégage de là ! Je crois que c'est elle, putain ! Tu m'entends ?!
Mais son ami ne paraît pas vouloir l'écouter et quand son doigt effleure mon bras, je ne perds pas un instant de plus.
Mon poing jusqu'à présent fermé s'abat sur son visage, lui cassant le nez immédiatement.
Choqué, le mafieux recule de quelques pas tout en pressant sa blessure mais je ne lui laisse pas le temps de riposter.Ma jambe se lève et, avec l'aide de ma souplesse, s'écrase si fort sur son dos que j'entends sa colonne vertébrale craquer.
L'homme, totalement désorienté, tombe au sol.Inconscient. Ou probablement mort aussi.
J'aurais voulu en faire plus. Toutefois, le deuxième mafieux s'est finalement réveillé et pointe désormais son arme à feu sur moi.
Il tremble.
— J'ai entendu parler de toi ! La... La fille au masque de lapin ! Tu détruis nos rangs chaque jour ! Il est temps de mourir-
Il ne finit malheureusement pas sa phrase, si pertinente, car je cours dans sa direction.
Ma vitesse le déstabilise puis, en un claquement de doigt, je me retrouve face à lui.Ses yeux s'écarquillent encore plus quand je lui arrache son arme des mains.
Il n'a pas une forte poigne dis donc !
Je rive le fusil vers lui et je l'approche délicatement de sa figure. Le bout du canon se pose sur la partie entre ses deux sourcils bruns. Pile à l'endroit du cerveau.
— Pitié... Je fais que mon travail ! Ne me tue pas, je... Je te payerais ! s'exclame-t-il tandis que son corps entier frissonne de peur.
La peur de la mort ?
Hm. Il faut dire que j'ai l'habitude de ressentir cette peur moi aussi.
Mais je reviens à la raison quand je repense à tout ce que cet homme a fait. Il a enlevé des vies, en a également détruites et a abusé de personnes innocentes...
À tel point que la mort en est la seule punition valable.Alors mon doigt n'hésite plus et presse la détente. Quand l'homme s'écroule comme son coéquipier sur le sol en béton, je respire enfin.
J'ai mis 3 minutes ? Je crois ?
Enfin, il est temps d'y aller.
Ma main se saisit de mon masque que je relève sans précipitation. Je le retire définitivement de ma tête, le tenant donc dans ma main droite.
Mes iris verts se posent sur le cadavre à mes pieds.
Je ne m'arrêterai pas tant que mon nom ne provoquera pas l'effroi de celui qui le prononce.
Je suis Bunny.
Celle qui a survécu à la mort.
Et je me vengerais.
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BUNNY
Mystery / ThrillerJane a toujours détesté les Hommes. Depuis son enfance, ces derniers l'ont fait souffrir. À tel point qu'elle a décidé de prendre sa revanche. Et rien au monde ne pourra l'arrêter. La jeune femme, malade, sait que son temps est compté et qu'elle d...