𝟐𝟗. 𝐀𝐧𝐠𝗼𝐢𝐬𝐬𝐞.

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Je sens la pluie tomber sur mon visage.

Mon corps entier est pendu dans le vide, mais c'est étrange. Je ne tombe pas. Je ne suis pas tombée.

Comment... C'est possible ?

Un tiraillement se fait ressentir dans mon bras. Quelqu'un, qui se trouve encore dans le bâtiment, me tient la main. J'ai la vive impression que cette forte prise va lâcher et que cette fois-ci, je vais vraiment plonger la tête la première dans le vide.

Alors, avec tout mon courage restant, je serre également la main qui me contient en vie.

Le corps du mafieux qui m'avait faite prisonnière a disparu depuis un moment. Dans mes souvenirs, il a aussi perdu l'équilibre... Cependant, contrairement à moi, personne n'était là pour le rattraper.

Maintenant, il est sûrement mort. Étalé sur le béton des mètres plus bas.


— Jane...


Cette voix provient d'au-dessus de ma tête, juste à l'embrasure de la fenêtre qui a cédé.

Quand mon regard se relève et que je le vois, attrapant mon poignet comme si c'était lui qui était suspendu devant le néant, des larmes me montent aux joues.

C'est Eiser qui m'a sauvé.

C'est Eiser qui me tient et qui ne me lâchera pas.

C'est Eiser qui fait son possible pour me tirer vers lui. Il souhaite que nous soyons tous les deux sains et saufs, à l'intérieur.

— J'ai peur, marmonné-je en étant incertaine qu'il m'ait entendu.

— Je suis là. Ne me lâche pas, d'accord ?

En dépit de la pluie abondante, ses paroles me parviennent quand même aux oreilles.

Bien sûr, je ne le lâcherais pas. Jamais.

Malheureusement, s'il continue à me tenir de la sorte, c'est lui qui va se retrouver en danger.

À cause de la vitesse à laquelle les éléments se sont déroulés, je suppose qu'Eiser n'a pas eu le temps de réfléchir et s'est jeté vers la vitre lorsqu'elle s'est brisée.

Pour m'éviter une mort certaine, il m'a donc attrapé la main. Mais lui non plus n'a pas d'appui stable.

Sa deuxième main libre est appuyée sur un mur près de la fenêtre et plus je reste dans le vide, plus il tangue en avant et prend le risque de tomber avec moi.

Son corps, debout, essaie tant bien que mal de me ramener en sécurité, à ses côtés.

Eiser... Si tu continues, tu vas mourir..!

Une énorme brise de vent fait son apparition brusquement et me déstabilise à nouveau. J'ai cru voir mon âme quitter mon corps au moment où j'ai aperçu Eiser glisser en avant.

— Putain ! s'exclame-t-il en tenant plus fermement le mur, ce mur qui assurera notre mort ou notre vie.

Le courant d'air a fait bouger mon masque de lapin sur le côté de mon visage. Je secoue la tête pour le faire tomber car ce dernier me gêne dans ma vision.

Un pincement au cœur me prend lorsque je passe ma tête par-dessus mon épaule et que j'entrevois ce masque, faire une chute libre jusqu'à ce qu'il soit trop loin pour que j'arrive à l'identifier.


— Eiser ! Arrête ça tout de suite ! Tu veux mourir, toi aussi ?! Lâche-moi ! Maintenant ! m'écrié-je à l'encontre du gangster.

Une larme salée roule sur ma joue mais est vite emportée à l'arrière de ma figure par le vent. Je ne m'autorise qu'à en verser une. Une et une seulement.

BUNNYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant