BUNNY

𝟑𝟐. 𝐒𝐲𝐧𝐝𝐫𝗼𝗺𝐞 𝐝𝐮 𝐬𝐚𝐮𝐯𝐞𝐮𝐫.

Caz Stone

— Putain !

Ma voix retentit dans l'infirmerie. Je me réjouis que personne ne soit ici avec moi... Sinon, elle devrait subir mes plaintes.

Scott n'y est pas allé de main morte, cette fois-ci.

Cette pensée afflue à mon esprit tandis que j'essaie d'enserrer le bandage autour de mes blessures. C'est bien la chose la plus dure que je n'ai jamais faite de ma vie.

Je dois me plier en deux pour espérer couvrir l'entièreté de mes cicatrices. Mais à chaque tentative, rien n'est concluant. Le tissu glisse sur ma peau endommagée avant de tomber par terre.

Pris d'une colère violente, je jette le pansement sur le sol. À présent, je ne vois plus aucun intérêt à me soigner. J'ignore pourquoi j'ai voulu le faire en premier lieu.

C'est juste que ce matin, en me réveillant, les marques qu'avait laissé Jenkins sur mon corps me démangeaient. Elles me grattaient si fort que je crus perdre la tête. C'était une sensation tellement horrible. Je ne le souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi.

Ne pouvant plus supporter cette douleur invivable, j'ai décidé de me soigner du mieux que je le pouvais.

Pour la première fois de mon existence auprès de Jenkins, je suis entré dans l'infirmerie.

Personne ne vient jamais ici. C'est comme si on s'avouait vaincu, trop faible pour continuer sans soins. Ensuite, c'est une honte palpable qui pèse sur nos épaules.

Beaucoup de Blacks Ghosts aiment se moquer de leurs compatriotes pour avoir reçu des apports médicaux.

Ils sont désignés comme "indignes de servir les rangs de Jenkins", ou bien, ils aiment crier : "Si tu n'es pas capable de supporter une égratignure, fais tes valises".

Parfois, cet acharnement constant va trop loin. Certains de nos mafieux ont déjà sombré dans la folie à cause de l'harcèlement en continue qu'ils subissaient. Tout ça parce qu'ils avaient osé demander de l'aide.

Bien sûr, je ne risque rien, moi. Les Blacks Ghosts savent que je suis le subordonné de Scott. S'en prendre à moi, c'est s'en prendre indirectement à Jenkins.

Ouais, mais quand même. C'est la honte de venir ici.

Enfoui dans mes pensées, je ne me rends pas compte que j'observe la bande blanche au sol depuis de longues minutes.

Ce sont mes blessures qui me ramènent à la réalité. Je dois me retenir de me frotter contre un mur tellement la souffrance est immense.

La fille d'hier avait raison, en fin de compte. Ça s'est vraiment infecté.

Je n'ose pas imaginer l'état dans lequel mon dos doit se trouver. Comme mon œil, cela est probablement écoeurant à regarder.

Mes pas m'amènent vers une chaise, placée devant la porte de l'infirmerie. Je me laisse tomber dessus. Ma tête part en arrière et mon regard se fixe sur la lumière au plafond.

Je ne prête pas attention aux mèches brunes qui me tombent sur le visage, m'obstruant un peu la vue.

Mon souffle est calme. Une envie irrésistible de fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir me prend, et j'hésite. J'hésite à rester en vie.

— Oui, je vais chercher ça tout de suite !

Un frisson de surprise me traverse lorsque j'entends cette voix douce. Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un vienne ici, étant donné que tout le monde fuit cet endroit comme la peste.