BUNNY

𝟏𝟑. 𝐂𝐨𝐮𝐫𝐬𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞.

Je n'ai même pas le temps de prendre en compte la situation qu'Eiser m'agrippe la main.

Soudain, il m'oblige à me retourner puis à le suivre dans ses pas rapides. Peu à peu, nous nous éloignons du repère des Blacks Ghosts.

Mais je ne sais pas si cet homme nous suit toujours...

— Où est-ce qu'on va ?! demandé-je enfin au gangster qui me serre de plus en plus les doigts.

— On rentre. Maintenant.

J'approuve en hochant la tête. C'est un peu stupide puisqu'il ne me voit pas, n'ayant que son dos dans mon champ de vision.

Alors que je crois que tout s'est arrangé et que l'inconnu que j'ai vu plus tôt n'ait rien d'autre qu'un passant, mes poils s'hérissent lorsque j'entends dans mon dos des pas.

Des pas qui se font de plus en plus rapide.

Quelqu'un en a bel et bien après nous !

Eiser semble également avoir entendu les bruits collés à notre peau. Il presse donc le pas et, vu que mes jambes ne sont pas aussi larges que les siennes, je me retrouve presque à courir.

Je décide finalement d'en avoir le cœur net sur cet étranger derrière nous... Ma tête passe alors par-dessus mon épaule.

Grâce aux quelques réverbères situés dans les coins de la rue où nous sommes, je peux facilement l'apercevoir.

Mes yeux s'écarquillent quand je comprends que lui aussi, il a commencé à courir pour nous rattraper.

Il... Il court pour de vrai ! Oh mon Dieu... Mais que se passe-t-il ?!

Malgré la faible luminosité, j'arrive à entrevoir le physique de notre agresseur.

J'ai la vive impression que son œil droit est recouvert d'un cache-œil. Un cache-œil noir. Malheureusement, il est impossible de bien discerner les traits de son visage ou même la couleur de ses cheveux.

Toutefois, ce qui me confirme qu'on doit se dépêcher de partir, c'est la marque dans son cou.

Une tête de mort.

C'est un Black Ghost !

— Eiser... dis-je enfin tout en me retournant pour regarder le gangster.

— Oui, j'ai vu aussi.

Il ne nous faut pas plus de temps pour rejoindre notre véhicule. Eiser a déjà dégainé la clé et sans perdre une seconde, il déverrouille la voiture.

Mes jambes se hâtent d'aller du côté de ma portière. Mais tandis que je m'apprête à attraper la poignée, je ne peux m'empêcher d'examiner le trottoir sur lequel nous étions pourchassés.

Une once d'espoir envahit mon être lorsque je ne vois rien.

Pas un signe de vie. Pas un bruit.

Rien.

Comme si nous avions tout inventé.

Sauf que non.

Mon petit sourire s'évanouit aussitôt à l'instant où je perçois le moteur d'une autre voiture vrombir, un peu plus loin dans la rue.

Et soudain, j'entrevois un véhicule sur la route où nous nous trouvons, roulant à toute vitesse dans notre direction.

— Jane ! Monte, tout de suite ! s'exclame Eiser d'une voix forte pour me faire réagir.

Mon corps s'abaisse à une vitesse fulgurante puis, une fois à l'intérieur, je ferme la portière dans un claquement sourd.

— Il... Il a une voiture lui aussi ! Mais qu'est-ce qu'il veut, putain ?! m'écrié-je.