𝟐𝟎. 𝐈𝐥𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬.

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Je n'ai jamais ressenti de réelle empathie pour autrui. Peut-être est-ce dû à tout ce que j'ai vécu ? Mais aucune personne ne m'était chère au point d'avoir peur de la perdre.

Personne jusqu'à aujourd'hui.

Et c'est un sentiment très difficile à déterminer.

Je ne sais pas... Je ne dirais pas que c'est de la tristesse. En tout cas, pas ce genre de tristesse.

Ça touche l'intérieur de moi. Ça me fait mal à la poitrine à tel point de ne plus être capable de respirer.

C'est comme si on me brûlait vive.

Mon cerveau tente de trouver une solution, cependant, c'est impossible. Je sens que tous mes muscles sont immobiles. Non par manque de courage ou de vigueur mais plutôt par de l'impuissance inexpliquée.

Une impuissance qui survient au pire moment, nous empêchant de changer le cours des événements.

Nous empêchant de déformer les fils du destin.

En ce moment précis, c'est la façon dont je perçois les choses. Dans chaque cellule de mon corps. Cela me dévore.


La peau de Maisie devient encore plus froide. Comme si elle ne pourrait jamais se réchauffer.

Sa teinte, elle, est devenue blafarde et livide. On aurait presque dit qu'elle s'était vidée de ses couleurs, ne laissant qu'une coquille vide.

Les larmes ne cessent de dégouliner de mes yeux. Même si Maisie respire, elle n'en donne pas l'impression. J'ai tellement peur que ses paupières à moitié ouvertes ne se ferment pour toujours.

Me laissant seule dans ce chaos.


Blade ainsi que l'homme au cache-œil sont encore en train de se battre, à quelques mètres d'ici. Le roux fait de son mieux pour que l'agresseur ne le dépasse pas et puisse nous rejoindre par la suite.

Il nous protège.

Quant à moi, j'ignore quoi faire. La blessure de Maisie ne se stoppe en rien de couler, engloutissant le sol de sa couleur écarlate. La balle est logée profondément dans la chair de la victime.

Elle le sait... qu'elle est condamnée.

Mais je ne baisserais les bras que quand j'aurais rendu mon dernier soupir. Alors, ma main presse la lésion.

Je perds de ma puissance tout doucement. Les émotions de la condition actuelle me déstabilisent grandement ce qui m'empêche de réfléchir.


De la morve glisse hors de ma narine... Je ne m'en préoccupe pas.

Ma souffrance se lit sur mon visage... Je continue à compresser l'entaille.

Le désespoir se transmet dans mon regard... Je garde la tête haute.


Après plusieurs secondes de silence entre elle et moi — sûrement provoqué par le fait que nous savons comment ça va se finir — je ne peux plus me retenir.

Mon bras libre se dresse dans un geste léger. C'est mes doigts qui viennent se déposer sur la joue rose de Maisie, lui caressant celle-ci.

— Ma mère... Elle me chatouillait la joue de la même manière. Je m'en... Je m'en souviens. C'était le soir, juste avant que je ne m'endorme...

La voix brisée de l'infirmière casse mon cœur en fragments. Elle pleure aussi.

Pour l'apaiser et la rassurer une nouvelle fois, mon front se penche en avant. Puis, doucement, se colle au sien.

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