𝐲𝐢𝐫𝐦𝐢 𝐛𝐞ş.

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Hector's pov


Les voir ensemble me rendait fou. Assis sur la table en face du barman, j'attendais nos boissons, essayant de paraître détaché, mais chaque fois que mon regard se posait sur eux, une douleur sourde s'infiltrait en moi. Lamine et Leyla, plongés l'un dans les yeux de l'autre, partageaient des rires, des sourires, des regards intenses, comme s'ils étaient les seuls dans ce bar bondé. Ils s'absorbaient l'un l'autre, comme si le monde n'avait plus aucune importance. Cela aurait dû être moi, à sa place. Moi, en train de faire battre son cœur un peu plus vite, moi qui aurais dû être le centre de son univers.

Mais non, c'était Lamine.

Je laissais échapper un soupir que j'espérais imperceptible. Je voulais me réjouir pour eux, vraiment. Après tout, Leyla était heureuse, et n'était-ce pas tout ce qui comptait ? Pourtant, l'amertume me rongeait, s'insinuant dans chaque recoin de ma conscience, me rappelant combien je n'avais été qu'un second choix, une option à peine envisagée, balayée par la présence de Lamine.

- Je sais ce que ça fait, murmura soudainement le barman en me tendant un verre. Son ton était bas, presque complice, et il fixait un point invisible au loin, comme s'il voyait bien au-delà des murs du bar.

Je fronçai les sourcils, surpris d'avoir été arraché à mes pensées si brusquement.

— Pardon? De quoi? lui demandai-je, incertain d'avoir bien compris.

Le barman esquissa un sourire en coin, mélange de résignation et de compréhension. Il essuya un verre avec un torchon, un geste presque automatique.

- D'être là, à regarder quelqu'un que vous aimez en aimer un autre. De se sentir invisible, même si vous êtes juste à côté.

Je me raidis, mes doigts se crispant autour de mon verre. Comment pouvait-il savoir? C'était comme s'il avait lu en moi, mis à nu mes pensées les plus enfouies.

— Et qu'est-ce que vous en savez? rétorquai-je, un peu plus agressif que je ne l'aurais voulu.

Il posa le verre, plantant ses yeux dans les miens. Parce que je l'ai vécu. Et croyez-moi, ça ne s'oublie jamais. Ses yeux semblaient lourds d'une expérience amère. On se dit qu'on va tourner la page, que ce n'était qu'une passade, mais au fond, ça reste là, comme une vieille cicatrice qui tire un peu chaque fois que vous la regardez.

Ses paroles résonnèrent en moi, chaque mot s'enfonçant un peu plus profondément, réveillant une douleur que j'avais tenté de nier. J'avais passé des semaines, peut-être même des mois, à prétendre que je pouvais simplement être le meilleur ami, le frère d'armes. Que je pouvais me réjouir du bonheur de Leyla, même si ce n'était pas moi qui le lui apportais. Mais la vérité, c'était que je n'avais jamais vraiment accepté ma place sur la touche.

— Qu'est-ce que vous faites dans ce cas-là?murmurai-je, plus pour moi-même que pour lui.

Le barman s'arrêta, considérant ma question avec un sérieux inattendu.

- Vous faites un choix, répondit-il finalement. Soit vous partez, vous mettez de la distance pour protéger ce qui reste de vous. Soit vous restez, mais alors vous devez accepter que les choses ne seront jamais comme vous le voulez.

Je le fixai, absorbant ses paroles. C'était si simple, dit comme ça, mais je savais au fond de moi que peu importe le choix que je ferais, il serait douloureux. Rester ou partir, aucune des deux options ne me semblait acceptable. Comment pourrais-je simplement partir et laisser Leyla derrière moi, surtout maintenant, alors qu'elle avait l'air si heureuse? Mais comment pourrais-je continuer à rester là, à les voir ensemble, jour après jour, à jouer ce rôle d'ami alors que tout ce que je voulais c'était être plus que ça?

dos campos opuestos - 𝐋𝐚𝐦𝐢𝐧𝐞 𝐘𝐚𝐦𝐚𝐥 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant