𝐲𝐢𝐫𝐦𝐢 𝐝𝐨𝐤𝐮𝐳.

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Leyla's pov


Les jours s'écoulaient doucement, paisibles et presque sereins, mais je savais que cette tranquillité n'était qu'une façade. Tout semblait normal, trop normal même, comme si le calme avant la tempête avait trouvé refuge dans la petite maison de Lamine. Depuis la tentative d'enlèvement, il veillait sur moi comme un fauve gardant son territoire, toujours alerte, toujours sur ses gardes. Son appartement, devenu mon sanctuaire, me donnait un semblant de sécurité, mais une part de moi ne pouvait s'empêcher de guetter l'imprévu, l'imprévisible.

Cela faisait maintenant plusieurs semaines, et malgré tout, je n'arrivais pas à chasser l'inquiétude qui rongeait mes pensées. Lamine, d'habitude si stoïque, semblait partager ce pressentiment, même s'il s'efforçait de ne rien laisser paraître. Je le voyais dans ses gestes, dans la façon dont il scrutait parfois la rue par la fenêtre, ses sourcils froncés, comme s'il s'attendait à voir surgir une ombre de notre passé. Mais chaque journée se terminait comme la précédente, sans incident. Trop calme.

Un soir, alors que le soleil déclinait, teintant le ciel de nuances rosées, quelqu'un frappa à la porte. Le bruit, soudain dans cette quiétude, me fit sursauter. Mon cœur accéléra, battant furieusement contre ma poitrine. Je croisai le regard de Lamine, qui s'était déjà levé, une ombre d'inquiétude passant dans ses yeux. Qui pouvait bien être à notre porte à cette heure-ci, sans prévenir ?

Lamine s'approcha prudemment, jetant un coup d'œil rapide par le judas avant de se tourner vers moi, le visage grave.

— C'est ton père, dit-il simplement, sa voix légèrement tendue.

Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Mon père. Le cauchemar que j'avais tant redouté venait de prendre forme derrière cette porte. Comment avait-il retrouvé Lamine ? Pourquoi était-il là maintenant, après tout ce temps ? Une vague de peur et de colère m'envahit, mêlée à l'incompréhension.

Lamine ouvrit la porte avec précaution, révélant la silhouette imposante de mon père. Ses traits étaient fermés, son regard froid et déterminé. C'était un homme que je reconnaissais bien, mais en même temps, il me paraissait étranger, comme si la distance de ces dernières semaines avait creusé un fossé irréparable entre nous.

— Leyla, tu viens avec moi, dit-il d'une voix autoritaire, sans même saluer Lamine.

— Papa... Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi es-tu venu ? demandai-je, ma voix tremblante.

Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de me fixer avec une intensité presque menaçante.

— Tu viens avec moi, répéta-t-il plus fermement. Tu n'as rien à faire ici. Je pensais que kenan te l'avais déjà dit.

Je jetai un coup d'œil à Lamine, dont la posture tendue montrait clairement qu'il n'était pas prêt à laisser mon père me prendre sans résister. Mais avant que l'un de nous ne puisse dire quoi que ce soit, mon père continua.

— Nous partons pour le Venezuela demain. J'ai tout arrangé. Tu épouseras un homme respectable, un homme d'affaires influent, pas ce... garçon, cracha-t-il en désignant Lamine d'un geste méprisant.

L'annonce me frappa de plein fouet. Une vague de nausée monta en moi alors que je comprenais pleinement les intentions de mon père. Il ne s'agissait pas simplement de me ramener à la maison, mais de m'arracher à ma vie, à Lamine, pour me lier à un inconnu, un homme d'affaires de soixante ans... C'était absurde, irréel, et pourtant, terriblement concret.

— Je ne te suivrai pas, dis-je, avec toute la détermination dont j'étais capable, bien que mes mains tremblaient.

— Tu n'as pas le choix, Leyla, répondit mon père, sa voix glaciale. C'est pour ton bien.

— Non, Papa. Je suis où je dois être, avec qui je veux être, rétorquai-je, mes mots prenant de l'assurance alors que je sentais la présence de Lamine à mes côtés, une force silencieuse mais réconfortante.

Lamine, jusque-là silencieux, fit un pas en avant.

— Vous devez partir, monsieur, dit-il calmement mais fermement. Leyla reste ici. Elle est en sécurité ici.

Mon père émit un rire sec, sans joie, et son visage se durcit.

— Je ne partirai pas sans elle, dit-il, sa main se crispant sur la poignée de la porte.

Le ton de la conversation changea brutalement. Mon père fit un mouvement brusque, attrapant mon bras avec une force qui me fit mal. La peur se mêla à la colère dans mon esprit. Il voulait me traîner hors de cet appartement, hors de cette vie que je m'étais choisie. Je tirai pour me dégager, mais son emprise se resserra. Lamine, voyant cela, réagit instinctivement. Il attrapa le bras de mon père pour me libérer, et dans la confusion qui s'ensuivit, il finit par frapper mon père au visage, le faisant reculer.

Un instant de silence suivit. Un silence lourd, oppressant, avant que mon père ne se redresse, essuyant le sang qui coulait de son nez d'un revers de main. Son regard se durcit encore davantage, et je vis une lueur de folie dans ses yeux. Il n'allait pas abandonner, et je le savais.

Puis, sans un mot, il plongea la main dans sa poche. Le temps sembla ralentir alors que je réalisais ce qu'il était en train de faire. Lamine ne vit pas le mouvement venir, il était concentré sur moi, s'assurant que j'allais bien. Mais moi, j'avais compris.

Mon père sortit un pistolet.

papa ce n'est pas une bonne idée ! Nous pouvons régler les choses en parlant.

Tout se passa en une fraction de seconde. Mon instinct prit le dessus. Je ne réfléchis même pas, je me jetai en avant, m'interposant entre Lamine et la menace qui se matérialisait sous nos yeux. Le coup partit, résonnant dans l'appartement comme un tonnerre, et je sentis une douleur fulgurante traverser mon corps.

Je tombai au sol, sentant la vie m'échapper petit à petit. Je savais que c'était grave, que la balle avait atteint un point vital, mais je n'avais aucun regret. Lamine était vivant, et c'était tout ce qui comptait.

Dans le flou de ma vision qui se troublait, je vis le visage horrifié de mon père, réalisant ce qu'il avait fait. Mais il était trop tard. Je vis aussi Lamine se précipiter vers moi, criant mon nom avec désespoir, ses mains tremblantes cherchant à arrêter le saignement, à me retenir dans ce monde.

— Leyla, ne me laisse pas, pas maintenant, pas comme ça... s'il te plaît, murmura-t-il, sa voix brisée par la peur et la douleur.

Leyla ! Il cria , les larmes tombant en perles sur ses joues.  Arrête ley s'il te plaît.

Je voulais lui répondre, lui dire que tout irait bien, mais mes forces m'abandonnaient. Les sons autour de moi s'estompaient, le monde devenait de plus en plus flou. Une chaleur m'envahissait, et avec elle, une étrange sensation de paix.

Je savais que je l'aimais, plus que tout au monde, et que j'avais fait ce qu'il fallait. Pour nous deux.

Et alors que je glissais doucement dans l'inconscience, la dernière chose que je ressentis fut la pression de la main de Lamine, serrant la mienne avec une tendresse désespérée, refusant de me laisser partir.






























TOME 2 prochainement ..

dos campos opuestos - 𝐋𝐚𝐦𝐢𝐧𝐞 𝐘𝐚𝐦𝐚𝐥 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant