Chapitre 13

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— Tu es distraite aujourd'hui, Anaya.

— Ah... désolée Ment... euh, Gamaliel.

Mon mentor s'approche de moi et me regarde d'un air perplexe. Il s'installe en tailleur au milieu de la salle d'entrainement et je fais de même, frissonnant à cause du vent frais qui s'engouffre dans la pièce.

— Qu'est-ce qui te préoccupe ?

— Mais rien, je t'assure !

— Vraiment ?

— Oui, vraiment. Je ne suis pas du tout préoccupée. Pourquoi le serais-je d'ailleurs ? Et... Pourquoi tu souris ?

— Parce que plus tu parles, plus tu t'enfonces.

— Hein ?

Mon mentor se lève et me tends la main. Je m'en saisis pour me relever et il me guide hors de la pièce, vers un petit salon richement décoré dans les tons de bleu Prusse. Je m'affale sur un canapé, bénissant les coussins d'amortir ma chute, tandis que mon mentor s'installe en face de moi et me fixe d'un regard intense que je n'essaie même pas de déchiffrer, sachant que je n'y parviendrais pas.

— Quand une personne ment, elle utilisera toujours plus de mots que nécessaire pour essayer de convaincre la personne qu'elle cherche à embobiner.

Je me redresse et fronce les sourcils. Quel est le rapport avec notre conversation ?

— Tu m'aurais simplement répondu : « Rien ne me préoccupe » ou quelque chose du genre, j'aurais été plus enclin à te croire, mais... tu as insisté lourdement. Tu mens, Anaya. Maintenant, dis-moi ce qui se passe dans cette petite tête.

— Il ne se passe rien, je vous ai dit.

— Menteuse.

Mince, je l'ai vouvoyé. Est-ce que ça m'a trahie ?

Je me redresse et le fixe droit dans les yeux. Ce jeu de regards dure environ cinq minutes durant lesquelles je dois me faire violence pour ne pas baisser les yeux vers les tapis au sol. Finalement, je cède, épuisée. De toute façon, il le sait, que j'ai menti.

— Pourquoi tu ne veux pas me le dire ? Tu n'as pas confiance en moi ?

— Si, bien sûr que si, m'empressais-je de répondre, seulement...

Mon mentor se lève et ferme la porte du salon à clé avant de venir s'assoir à côté de moi. Une larme solitaire roule sur ma joue. Evidemment que j'ai confiance en mon mentor mais j'ai aussi conscience de l'importance de ce que j'ai découvert dans la bibliothèque, cette nuit. D'autant plus que le roi Oshorê VI est l'ancêtre de Mentor Gamaliel... Une main chaude et douce intercepte ma larme avant qu'elle ne quitte ma peau et un bras fort, réconfortant, se glisse dans mon dos. Gamaliel m'attire contre lui et je me laisse faire. Etrangement, je n'ai pas peur d'être aussi près de lui. J'inspire profondément pour trouver la force de terminer ma phrase, laissée en suspens.

— Seulement, je ne sais pas à qui je peux me confier.

Mon mentor s'écarte et me jette un regard étonné.

— Tu penses que je ne suis pas capable de garder un secret ? lance-t-il.

— Si, expliquais-je tandis qu'il me serre à nouveau contre lui, mais ce secret-là est tellement important... C'est comme quand tu refusais de m'expliquer la raison de notre fuite, lorsque tu m'as emmenée ici. Ce n'est pas en moi, que tu n'avais pas confiance, n'est-ce pas ?

Il hoche la tête et un poids immense quitte mes épaules. Je m'en veux de lui cacher ce qui me tracasse mais j'ai peur que ce secret soir mal utilisé, tout comme lui, craignait qu'on me fasse du mal à cause de ma lignée.

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant