Chapitre 22

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— Non, sérieux ?

— Je te promets !

Gamaliel et moi sommes assis sur le matelas, dans ma chambre. Je ne pouvais pas attendre de tout lui raconter mais il fallait que je sois sûre que Nura n'entendrait rien. Nous rejoignons les autres dans le salon et cette fois, je n'hésite pas à m'assoir à côté de Gamaliel. Je remarque la mine fatiguée de Yaén et ça me fait de la peine de voir que, malgré tous ses efforts, il ne parvient plus à progresser. Gamaliel m'a expliqué que c'est dû à son âge. Quand l'Ushuara est jeune, il est bien plus facile pour lui d'assimiler de nouvelles notions. Passé la trentaine, ça devient très difficile et après quarante ans, impossible. C'est d'ailleurs pour cela que Richeraud II accorde beaucoup d'importance à la formation des jeunes Ushuaras. Après le repas, c'est sieste pour Yaén, vaisselle pour Nura et Gamaliel, leçon d'informatique pour mamie et moi. Ma grand-mère a du mal avec son ordinateur et me demande souvent de l'aider. Je me fais un plaisir de lui apprendre ce que je sais. C'est dans ces petits moments, ceux qui sont tout simples, parfois même un peu idiots, que je me sens vraiment en paix, chez moi. Que ce soit avec Nura, Yaén, Vivianne ou Gamaliel, ces instants tout bêtes sont de véritables pépites. Ils me font me sentir en sécurité. Subitement, ce que je suis, d'où je viens et où je vais, ainsi que les questions qui tourbillonnent sans cesse dans mon esprit, s'effacent, comme s'ils n'avaient jamais existé.

C'est la première fois que je vois Quoré rentrer à la maison, sans avoir besoin de l'attendre pendant trois plombes ! Il a visiblement terminé sa journée de travail et rentre, tout fier de lui, une main dans la poche. Moi, je sais pourquoi. Gamaliel aussi mais Nura... elle lui saute carrément au cou. Après les bisous et les mots d'amour, Quoré sort un petit écrin de sa poche. Ce n'est pas une bague, j'ai appris par Nura que les Ushuaras n'utilisaient pas d'alliances pour leurs mariages, mais ce sont les petites boucles d'oreilles en saphir que mon amie voulait tant. Je crois que ça lui fait plaisir parce que Nura remercie Quoré au moins vingt fois par seconde. Comme elle a un peu peur d'aller se faire percer les oreilles (je ne vois vraiment pas pourquoi, hum...), Gamaliel et moi lui proposons de les accompagner. Ça ne change rien mais comme nos deux tourtereaux sont d'accord, nous les suivons quand même. Ils marchent devant Gamaliel et moi, main dans la main, et avec le soleil qui commence à descendre sur l'horizon, l'instant est magique. Je regrette de ne pas avoir de téléphone ou d'appareil photo pour immortaliser cet instant !

— C'est une idée géniale qu'il a eue, lance soudain Gamaliel.

— Ah ça tu peux le dire ! Et puis il a bossé, notre Quoré.

— A ta voix, je devine que ces boucles d'oreilles sont chères ?

— Mieux que ça... Tu vois la pierre bleue qui a été utilisé ?

— Je l'ai brièvement aperçue, oui.

— Ce sont des saphirs. Des pierres précieuses.

— Effectivement c'est un beau cadeau ! Elle est gâtée, petite Nura.

 Ouaip !

C'est rigolo de voir Nura, qui n'est franchement pas à l'aise, faire le tourniquet sur le tabouret de la boutique de bijoux. Elle a de la chance : les filles vont s'y mettre à deux pour la percer, alors que pour moi, c'était une oreille après l'autre ! Quoré est accroupit devant elle et lui tient les mains, les yeux rivés dans ceux de sa belle qui n'ose plus bouger d'un iota.

— Tout va bien se passer, Nura, l'encourageais-je, ça ne durera qu'une seconde.

J'entends le « clac » des perceuses et le glapissement de Nura qui a été surprise par le bruit. La douleur vient après car il faut laisser le temps au cerveau de comprendre ce qui vient de se passer. Soudain, je vois Nura agiter les mains de chaque côté de sa tête pour faire de l'air.

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant