Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)

Chapitre 24

— C'est magnifique !

— Ouais, et encore, ça, c'est juste le hall d'accueil.

Ma grand-mère ne sait plus où donner de la tête. Elle a les yeux rivés au plafond pour tenter de capter chaque détail de l'immense hall où nous nous trouvons. Gamaliel et les autres sont un peu en retrait et je n'aurais jamais remarqué la présence de Richeraud et de ses trois fils si je n'avais pas tourné la tête dans leur direction. Je m'incline gauchement et croise le regard de Varpaïm. Il désigne du menton son frère aux yeux dorés et me fait un clin d'œil éloquent. Traduction : vous êtes grillés, mais je n'en parlerais pas avant que ce soit officiel. Tant mieux car Gamaliel et moi avons beaucoup de choses à nous dire avant de mettre qui que ce soit au courent. Vivianne et moi sommes convoquées par Sa majesté, alors nous suivons docilement Richeraud, ses fils et ses conseillers que Gamaliel et Varpaïm qualifient de « casse-pieds ». Je rage de ne pas pouvoir discuter avec mon sêmilumina mais d'un autre côté, c'est une bonne chose : avec les conseillers de Richeraud et Zaedré dans le coin, discuter de « nous » n'est peut-être pas une bonne idée. Nous traversons une série de couloirs interminables puis enchainons les escaliers avant de parvenir, enfin, à un bureau duquel les conseillers sont rapidement éjectés. Je pouffe en croisant leurs expressions exagérément outrées et me dis que quand Gamaliel sera roi, il les remplacera sûrement. Je réalise alors, que si je reste avec Gamaliel, je deviendrais... reine ? Je n'ai rien d'une reine ! Je ne suis pas prête pour ça, et...

— Seigneuresse Anaya Xantreïs, me salue Richeraud, c'est un plaisir de vous revoir à la Citadelle.

Je loue le souverain d'avoir mis fin à mes pensées oppressantes et fait une révérence, même si je doute que ça ressemble à quelque chose de correct.

— Je suis très heureuse d'être revenue moi aussi, Votre Majesté.

Un silence s'ensuit, durant lequel Gamaliel me désigne ma grand-mère du menton. Je comprends rapidement, et enchaine :

— Permettez-moi de vous présenter ma grand-mère : Vivianne Xantreïs.

Vivianne ne sait plus où se mettre et je la comprends : je suis dans le même état. J'essaie juste de ne pas le lui montrer pour ne pas la déstabiliser encore plus. Elle salue le roi d'un signe de tête respectueux auquel il répond de la même manière.

— Seigneuresse Vivianne, c'est un honneur de recevoir deux membres de la famille Xantreïs dans notre cité.

— Trois, corrige Gamaliel, le Seigneur Yaén Xantreïs est à l'infirmerie et ne pourras pas en sortir avant de longues semaines.

— Dans ce cas, j'irais le saluer à son chevet. S'il est possible de le déplacer, installez-le, ainsi que son épouse et sa petite-fille, dans les couloirs réservés aux invités de marque.

Un majordome auquel je n'avais pas prêté attention tant il est discret, fait une révérence puis sort, le dos droit comme un manche à balais. Il a dû en avaler un pour réussir à se tenir aussi raide ! Sur l'ordre de Richeraud, Zaedré et deux serviteurs se rendent à l'infirmerie pour emmener Yaén dans les étages supérieurs, enfin, s'il est transportable, tandis que Varpaïm nous conduit, Vivianne et moi, vers nos quartiers. Je l'écoute vanter les mérites de la Citadelle à ma grand-mère, émerveillée à chaque pas que nous faisons. Moi, je connais déjà une partie de la Citadelle, alors je ne suis pas trop surprise par l'architecture dorée et luxueuse de ces couloirs. Soudain, un glapissement résonne contre les murs et me tire de mes pensées.

— Ce n'est rien, la rassure Varpaïm, il semblerait que nos médecins aient préféré transférer votre mari par un portail.

Tiens, je ne connaissais pas l'aspect « chevalier-servant » de la personnalité de Varpaïm ! En même temps, des trois princes Ushuaras, je n'ai côtoyé que Gamaliel. Vivianne et Yaén suivent Varpaïm à l'intérieur d'une suite. Je n'ai pas à attendre longtemps : une exclamation émerveillée résonne soudain, témoin de l'admiration de ma grand-mère. Varpaïm ressort et me fait un clin d'œil en faisant un mouvement circulaire de la main.