Chapitre 32

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La journée a filé comme une flèche lancée par un archer d'élite. Autrement dit : je ne l'ai pas vue passer. Cassie et moi sommes dans ma chambre, en train d'enfiler nos robes pour le gala. Il se trouve que le jaune va à ravir à mon amie, bien que j'ai été très surprise de son choix lorsqu'elle a annoncé la couleur qu'elle souhaitait porter ce soir. Il s'avère qu'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Sa robe est simple mais très élégante, jaune poussin, légèrement pâle. Il y a des perles cousues sur son corset et plusieurs bandes de tissu fin et pailleté qui flotteront dans son dos. On peut dire que nous sommes assorties dans le thème « automne », moi en rouge et orange, elle en jaune. Ne manquerait plus que le marron de l'écorce des arbres mais les couleurs vives sont d'usage à la cour Ushuara. Cette fois, pas de chapeau pour aller avec ma tenue, mais une ombrelle de dentelle blanc cassé au manche doré. On me fait enfiler des gants assortis et des chaussures à talon, blanches elles aussi. Le tout se marie bien avec ma robe et rappelle les longs pans de tissus blanc crème que les « feuilles » en tulle recouvrent. La robe est conçue pour donner l'impression qu'un tourbillon de feuilles d'automne accompagne chacun de mes mouvements. Pour assurer la décence de ma jupe, les couturiers ont ajouté une sous-jupe, faite d'un tissu très fin mais opaque, à laquelle s'accordent mes accessoires. Soudain, je surprends Cassie qui me fixe sans rien dire.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandais-je d'une voix amusée.

— Tu as l'air...

Elle parait ailleurs.

— D'une reine, achève-t-elle dans un souffle.

Je souris et la prends dans mes bras. Venant de ma meilleure amie, c'est le plus beau compliment du monde et je me garderais bien de le refuser, ce que je me serais empressée de faire si ç'avait été quelqu'un d'autre. Je m'assois au bord de mon lit et regarde Milane et Fléa maquiller Cassie. Mon amie n'est pas en reste côté prestance. Sa beauté naturelle et son air un peu fofolle lui donnent un charme et une élégance qui ne vont qu'à elle. Sur une autre, ça semblerait factice, surjoué.

— Pressons, pressons mesdemoiselles, lance Klâa à l'attention des maquilleuses, Leurs Altesses et Leurs Majestés attendent Dame Anaya et Demoiselle Cassie dans le hall !

— Demoiselle ? s'étonne Cassie en roulant des yeux vers moi.

— Ne cherche pas, dis-je en riant devant son expression, depuis que je suis ici, je n'arrive pas à me faire appeler autrement que « Dame » ou « Seigneuresse ».

— Ouais, ben tu vas bientôt pouvoir ajouter « Votre Altesse » à ta liste.

— Ne m'en parles pas ! m'esclaffais-je.

Sur le chemin qui nous mène au hall, où nous sommes censées retrouver mes grands-parents et la famille royale, j'apprends à Cassie ce que Klâa m'avait enseigné peu de temps auparavant, au sujet du comportement qu'une « Dame » devait avoir en public. Ne serait-ce que dans la démarche, c'est tout un art. Notre pas doit être mesuré, fluide, et nous devons nous tenir bien droites, les mains croisées devant nous, coudes légèrement pliés, à moins de tenir une ombrelle, auquel cas : un bras tient l'anse de l'ombrelle, l'autre accroche discrètement un bout de la robe.

— Il va me falloir six ou sept mille ans pour mémoriser tout ça !

— Mais non... seulement sept mille et un ans !

Nous éclatons de rire au moment où les portes du hall s'ouvrent pour nous céder le passage. Je saute dans les bras de Gamaliel qui s'empresse d'accrocher mes lèvres. Il me fait tourner sur moi-même puis m'embrasse à nouveau.

— Tu es magnifique, mon cœur.

— On ne vous dérange pas ? lance Zaedré, depuis un coin de la pièce.

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant