Chapitre16

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C'est Gamaliel qui m'a réveillée, une heure avant le départ. J'ai enfilé des vêtements susceptibles de passer pour des habits terriens, le but étant de ne pas nous faire remarquer. Ceci dit, passer inaperçus risque d'être compliqué si on prend en compte le fait que je suis recherchée à l'échelle nationale. Je rejoins notre petit groupe, composé de Nura, Quoré, Beck, Gamaliel et moi, et enfile mon sac à dos.

— Prête ?

Je hoche la tête et sourit à Beck d'un air assuré. Le créateur de portails se tourne vers le vide et commence une série de gestes destinés à façonner son pouvoir comme prévu. Quoré et Nura se placent derrière lui, main dans la main, et Gamaliel...

Ben, où il est passé ?

— Tout ira bien, me murmure-t-il tout bas, je suis là.

Mon expression fière et sûre de moi n'a évidemment pas trompé mon mentor. Alors que Quoré et Nura avancent vers le portail que Beck vient de traverser sans la moindre hésitation, je recule d'un pas, de moins en moins rassurée. Mon dos rencontre la paume de mon mentor et une douce chaleur se diffuse lentement en moi.

— Allez viens, dit-il, sinon ils vont se demander ce qu'on trafique !

Je force un sourire et nous avançons vers le portail, parfaitement synchrones. Je ferme les yeux très forts au moment de traverser le portail et sans que j'ai besoin de les ouvrir, je sais que je suis de l'autre côté.

— Adieu mon brushing, se plaint Nura.

— Tu n'en as même pas fait, la reprend Quoré, de quoi te plains-tu ?

Nura éclate de rire. Un rire cristallin, pure et frais comme les gouttes d'eau qui s'écrasent par milliers sur mon visage. Nous sommes à Bordeaux, dans une ruelle sombre, le genre d'endroit parfait pour apparaitre.

— L'hôtel de ville n'est qu'à quelques pas d'ici, lance Berg.

— Tu crois vraiment qu'ils me laisseront entrer ? demandais-je à mon mentor.

— Aucune idée. Mais si ça tourne mal, on applique le plan de repli.

— Qui est ?

— Tu verras le moment venu.

Je soupire et nous nous mettons en route vers la mairie. Dans mon sac à dos, j'ai emporté la lettre signée de la main d'Erwin, l'acte de naissance de Yaén ainsi que la photo d'Angélina. Je ne sais pas sous quel nom Erwin s'est enregistré mais je doute qu'il ait utilisé celui de Xantreïs. Quoique... cela reste possible. Je rentre les épaules lorsque je repère la caméra de surveillance dans un coin du plafond en m'attendant à être interpellée. Pourtant, rien ne se passe et j'arrive au standard d'accueil sans encombre. La secrétaire est une femme entre deux âges aux cheveux gris tirés en un chignon très strict, vêtue d'un tailleur bleu marine. Elle porte de petites lunettes vissées sur son nez qui lui donnent un air peu commode. Je déglutis et décide de prendre mon courage à deux mains : ni Gamaliel, ni aucun membre de notre petite équipe de recherches ne fera les démarches à ma place. Je suis née ici, c'est donc moi qui connais le mieux les usages de ce pays. Enfin... à ce qui paraît.

— Que puis-je faire pour vous ?

A ma grande surprise, la secrétaire a une voix très douce qui jure avec ses airs de professeure intransigeante.

— Je viens pour un renseignement, je... cherche à reconstituer mon arbre généalogique et j'aurais besoin d'un acte d'état civil.

Comme la secrétaire lâche un « hmm hmm » peu engageant, j'ajoute :

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant