— Tu crois vraiment que ça va servir à quelque chose ?
— Mais chut à la fin ! râlais-je en me tournant vers Gamaliel.
S'il continue comme ça, il va nous faire repérer. Je me suis mise en tête de découvrir ce que trafique Quoré depuis tout ce temps et j'ai réussi à embarquer Gamaliel dans mon délire d'espionnage. Depuis hier soir nous restons tapis derrière le canapé du salon, face à la porte d'entrée, et nous attendons pendant des heures le retour de notre ami. La veille, je me suis endormie avant minuit et je me suis réveillée dans mon lit : Gamaliel m'avait porté dans ma chambre et était retourné se coucher. Le bougre ! Il n'a même pas attendu cinq minutes de plus. Cette fois-ci, je suis déterminée à garder les yeux ouverts. D'ailleurs nous sommes aidés par de bons sentiments, que je soupçonne être ceux de ma grand-mère, puisque nous avons trouvé une assiette de cookies et une carafe de café planqués à notre poste d'espionnage. En plus, pour que Gamaliel n'ait pas d'excuses pour abandonner la mission, j'ai ramené mon oreiller et ma couette derrière le canapé. D'une, c'est vachement plus confortable, de deux, s'il veut me ramener au lit, il devra se tarter l'aller-retour. Et toc ! Je grignote les bords de mon cookie, appuyée contre l'arrière du canapé, et jette un coup d'œil à l'horloge de la cuisine que j'aperçois facilement d'ici. Minuit moins dix. Il faut que je tienne. Généralement, Yaén, qui a le sommeil léger, nous annonce l'heure où il a entendu la porte d'entrée, le lendemain matin pendant le petit-déjeuner. J'ai fait une moyenne : Quoré rentre vers une heure moins vingt. Encore une heure à tenir et j'aurais ma réponse.
— Tu devrais t'allonger cinq minutes, murmure Gamaliel.
— C'est ça ! Pour que tu me ramènes au pieu direct ? Non merci.
Je sens deux mains se glisser sur ma taille et me forcer à m'allonger. Je me débats lorsque ma tête rencontre l'oreiller que j'ai apporté mais le poids de Gamaliel m'empêche de me redresser. Je le fixe droit dans les yeux, pas trop sûre de savoir ce qui est en train de se passer. Il se penche près de mon oreille et m'embrasse dans le cou.
— Dors, murmure-t-il tout bas, je te réveillerai.
L'empreinte de son baiser et la douceur de sa voix me donnent des frissons si puissants que je suis certaine que Gamaliel peut les apercevoir. Mes joues brûlent et mon cœur bat la chamade tandis que je reste couchée sur le dos, immobile, incapable de bouger. J'ai l'impression qu'il est encore au-dessus de moi alors que je le vois clairement, à son poste de surveillance. C'est toujours pareil : à chaque fois qu'il me touche, même s'il ne fait que me frôler, sa peau laisse une trace de feu là où il a eu contact. Même à travers mon t-shirt, j'arrive à sentir la chaleur de ses paumes et je perçois encore la pression de ses doigts sur ma taille. Soudain, il s'allonge à côté de moi et je m'éloigne un peu, surprise.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— On a encore une bonne trentaine de minutes avant qu'il ne revienne. Je ne sais pas toi mais j'ai sommeil.
Je hoche la tête et me lève pour prendre le relais mais il m'attrape part les hanches et me ramène contre lui. Cette fois, je me laisse encore moins faire que tout à l'heure.
— Eh, arrête Anaya !
— Lâche-moi.
— Non.
Un long frisson parcourt mon échine de haut en bas. Je me tourne vers Gamaliel qui me sourit et s'installe confortablement sans que son bras ne quitte ma taille. Je n'ai pas d'autre choix que celui de céder et de m'allonger à ses côtés. Je m'arrange tout de même pour qu'il reçoive une partie de mes cheveux dans la figure. Non mais ! Sa main les écarte doucement puis en attrape une poignée. Je l'entends inspirer profondément et je me demande si ce sont mes cheveux qu'il sent.
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Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)
FantasyAprès un coma d'une semaine, Anaya est contrainte de reprendre l'entraînement auprès des mentors de la Citadelle. Résolue à ne pas utiliser ses pouvoirs, la jeune femme va tout faire pour réprimer sa nature profonde, au plus grand damn de ses entraî...