Chapitre 19

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J'ai beau regarder encore et encore, notre ami n'est visible nulle part. Je croise le regard de la femme qui me fixe d'un air étrange.

— Pardonnez-nous pour cette entrée peu conventionnelle, Madame, commençais-je, je m'appelle An... Anaïs et ces gens sont mes amis. Pouvez-vous nous dire où nous sommes, s'il vous plait ?

— CHÉRI, hurle la femme en reculant contre le mur, VIENS VITE !

Des bruits de pas se font entendre dans la pièce d'à côté et je déglutis, terrorisée. Peut-être qu'ils vont prévenir la police ! Comment les convaincre de ne pas le faire ? Devrais-je me battre pour ma vie ? Un homme aux traits naturellement doux, ravagés par la colère, apparait dans l'encadrement de la porte, visiblement prêt à nous dégager de chez lui. Son visage me rappelle quelqu'un...

— Yaén ?

L'homme s'arrête net et me dévisage.

— Comment connais-tu mon prénom gamine ?

— Je suis à la recherche de ma famille biologique et...

— Yaén, me coupe la femme, serait-ce possible que...

L'homme et la femme s'approchent de moi et Yaén tend sa main ridée vers mon visage. Le trio derrière moi reste en retrait et ne moufte pas, à tel point que j'en oublie leur présence.

— Sevashê.

Euh...

— Sa famille d'adoption a dû lui donner un autre nom, Vivianne, murmure mon grand-père en caressant ma joue, comment t'appelles-tu petite ?

— Anaya.

— Espoir, conclut Yaén, je connais ce dialecte.

Il s'interrompt puis murmure tout bas :

— Je pensais ne jamais te revoir.

— Vous... vous me connaissez ?

Vivianne glousse. Elle s'est agenouillée à ma hauteur et me tient la main, le sourire aux lèvres.

— Nous t'avons vu naître. Ton père aurait été très fier de voir la belle jeune femme que tu es devenue. C'est impressionnant... tu ressembles tellement à ta mère !

— Le mot que vous avez prononcé...

— Sevashê.

Je hoche la tête.

— C'est mon prénom ?

— Celui sous lequel ton père t'a déclarée la veille de ta naissance. Il signifie...

— « La dernière », termine Gamaliel, c'est un mot seirakah.

Yaén hoche la tête. Visiblement, la présence de Nura, Quoré et Gamaliel ne dérange plus mes grands-parents. Une question me revient en tête mais je tergiverse un bon moment avant de me décider à la poser. J'ai tellement la trouille d'avoir la réponse... à celle-ci, puis à une autre aussi.

— Qui sont mes parents ?

Ça aurait été trop beau de retrouver mes grands-parents et mes parents le même jour. Enfin, théoriquement, c'est arrivé. Dans les faits, je ne pourrais jamais rencontrer l'homme et la femme qui m'ont donné la vie.

— Ta mère a eu beaucoup de mal à te mettre au monde, murmure Vivianne tandis que je fixe les deux noms inscrits sur les pierres tombales, ils étaient si fiers de te ramener à la maison ! Ton père avait invité toute la famille pour fêter ta naissance.

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant