Il est trois heures du matin. Je le sais parce que je vois l'heure sur l'horloge de la cuisine lorsque je passe dans le salon pour sortir dans le jardin. La lune et les étoiles éclairent faiblement la Terre tandis que je m'allonge dans l'herbe. Je n'arrive pas à dormir. Papi Yaén a failli mourir aujourd'hui et avec cet accident s'est envolée notre seule idée pour rentrer au royaume Ushuara. Je commence à avoir le mal su pays. Je l'avais légèrement à la Citadelle, mais pas à Ckwarwi. En revanche, maintenant que je suis de retour sur Terre, je n'ai qu'une envie : retourner chez moi, auprès de mes semblables, parmi mon peuple. C'est comme si je sentais que je ne suis pas faite pour la Terre. Cette planète n'est pas accueillante. Elle m'a traitée comme un animal, rabaissée plus bas que terre et dépecée comme un porc à l'abattoir. J'en garde encore les traces : la fine cicatrice zébrée sur mon bras gauche, ainsi que celle de mon crâne, barrant tout le côté droit, pas encore complètement guérie, d'ailleurs. Des bruits de pas me font me redresser et j'aperçois Gamaliel qui approche lentement.
— Que fais-tu ici, princesse ?
— J'arrive pas à dormir.
Il s'installe à côté de moi et pose une main dans mon dos.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
Je n'en ai aucune idée. Je me sens mal, c'est tout. Je hausse les épaules et soupire lourdement. J'ai le cœur pesant et l'impression que mon corps pèse une tonne.
— Tu as envie de quelque chose en particulier ?
— Je ne sais pas, Gamaliel, soupirais-je en prenant ma tête entre mes mains, je ne me sens pas bien c'est tout.
Je sens son bras enlacer ma taille et me ramener contre lui en douceur. Je me blottis dans ses bras et je le sens me serrer un peu plus fort. Une boule de tristesse de la taille d'un balle de tennis est coincée dans ma gorge et menace d'éclater. Les larmes me montent aux yeux et un sanglot m'échappe. Je m'agrippe à Gamaliel en me lovant un peu plus contre lui. J'ai besoin de le sentir près de moi, de savoir qu'il est là, qu'il me protège. Mon sêmilumina me berce doucement en me caressant les cheveux. J'ai envie de crier tellement j'ai mal au cœur.
— Je veux rentrer, sanglotais-je d'une voix brisée, je n'en peux plus d'être ici : j'ai peur qu'Ils me retrouvent et nous renvoient au laboratoire !
— Chut... ça n'arrivera pas, Anaya, je te le promets. Tu n'y retourneras plus jamais.
Je renifle et essuie mes larmes d'un revers de main.
— T'es sûr ?
— Certain. Ne pleures plus, ma beauté.
Il glisse un bras sous mes genoux, un autre dans mon dos, et je me sens soulevée de terre. Je laisse ma tête reposer contre son torse et ferme les yeux, happée par la fatigue. Je n'ai même pas la force de bâiller. Gamaliel me porte jusque dans ma chambre et m'installe pour la nuit avant de m'embrasser sur le front et de ressortir sans un bruit.
◊
Nura et moi jouons à chat dans le jardin, un jeu que j'ai eu le malheur de lui apprendre, en attendant l'heure du diner, même si nous savons parfaitement que c'est dans plusieurs heures. Soudain, Nura pile en plein milieu de sa course et je la percute violemment.
— Touchée, c'est toi le chat ! dis-je en me massant le front.
Mais Nura ne réagit pas. Je tourne la tête vers ce qui semble l'hypnotiser et roule des yeux. On dirait une reconstitution lumineuse de notre journée d'hier, mais en un peu plus rapide. Nura assiste donc à la rediffusion de notre petit moment au clair de lune, à Gamaliel et moi, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Quoré et Gamaliel sortent soudain de la maison, un grand sourire sur les lèvres.
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Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)
FantasyAprès un coma d'une semaine, Anaya est contrainte de reprendre l'entraînement auprès des mentors de la Citadelle. Résolue à ne pas utiliser ses pouvoirs, la jeune femme va tout faire pour réprimer sa nature profonde, au plus grand damn de ses entraî...