Je me souviens de notre course comme si je l'avais rêvée mais le souvenir est bien trop net dans mon esprit pour que ce ne soit qu'un simple songe. Je suis couchée dans l'herbe verte, près d'une grosse pierre, à l'ombre d'un grand arbre au tronc noueux. Au moment où je me redresse, quelque chose bloque mon mouvement. Je baisse les yeux sur ma taille, entourée par un bras fort. Gamaliel est allongé à côté de moi, encore endormi. Je me recouche mais face à lui, cette fois, un bras sous la tête. Il est beau. Je rougis en constatant qu'il est toujours torse-nu, comme la veille, et je lève les yeux au ciel parce que ça me fait le même effet qu'hier soir : ça me gêne. D'un autre côté... j'avoue que ce n'est pas si désagréable. Disons simplement que je n'ai pas l'habitude, alors. Il se réveille et je referme précipitamment les yeux pour ne pas me faire prendre en flagrant délit de voyeurisme. Je l'entends se redresser à demi puis je sens son souffle caresser ma joue.
— Grillée...
Je rouvre les yeux en essayant de masquer mon sourire, sans y parvenir. Gamaliel s'appuie contre le tronc de l'arbre et tends les bras devant lui. Je comprends qu'il m'invite à le rejoindre. En revanche, je ne m'attendais pas à ce que ça veuille dire : « viens contre moi ». Je l'entends rire lorsque je couine de surprise et je lui offre une pichenette sur la clavicule.
— Ne te moques pas, dis-je en prenant la voix enfantine que j'aime utiliser quand je veux l'embêter, je ne vois pas ce que ça a de drôle !
— Je trouve ça mignon, s'explique-t-il d'un ton doux qui me rappelle celui qu'il a employé après m'avoir embrassée.
— Qu'est-ce que tu trouves mignon, demandais-je d'un air sarcastique, mon ignorance ? Ou le fait que je sois incapable de te regarder dans les yeux parce que...
Je me mords la lèvre inférieure. Je ne peux pas lui avouer que je suis toujours gênée par sa tenue. Il va me prendre pour une nonne.
— C'est justement ces petits détails qui me plaisent.
J'étouffe un rire avant de me rendre compte qu'il ne plaisante pas.
— Sérieux ?
Gamaliel hoche la tête en souriant et le simple fait de voir ses épaules nues me fait rougir de plus belle. Je détourne la tête pour tenter de lui cacher mes joues cramoisies, sans résultat, bien sûr, puisqu'il a déjà repéré la couleur écarlate de mon visage. Le fordaksh de mon mentor s'approche de nous d'un pas tranquille, mâchouillant une touffe d'herbe grasse.
— On rentre ?
Je hoche la tête et me lève. Gamaliel m'aide à me hisser sur le dos de l'animal, puis grimpe à son tour avant de s'installer derrière moi. Il lance sa monture au grand galop et je m'accroche à la selle en retenant un cri de surprise. La vitesse ne m'effraie pas mais la bestiole a négocié son démarrage en trombe avec une telle facilité que mon cerveau n'a pas eu le temps de comprendre que nous n'étions plus à l'arrêt.
◊
Quand je retrouve Gamaliel dans la salle à manger, pour le petit-déjeuner, j'ai deux surprises, une bonne et une moins bonne. La bonne surprise, c'est que mon mentor a enfin passé un t-shirt. La moins bonne, c'est qu'il y a trois autres personnes assises à table, que je ne les connais pas, et qu'elles ont l'air de bien s'entendre avec Gamaliel. Les quatuor se lève en même temps à mon arrivée et le trio d'inconnus me fait carrément la révérence ! Mon mentor s'avance vers moi et me tends le bras. Heureusement que je suis fan de romances historiques parce que sinon, je n'aurais pas compris ce qu'il attendait de moi et je me serais tapé la honte. Nous traversons la salle à manger jusqu'à nos places sous le regard mi-étonné mi-admiratif de nos trois visiteurs imprévus. En voyant le regard que la fille brune me lance, je relève fièrement la tête, comme me l'a appris Gamaliel, histoire de lui montrer que je n'éprouve aucune honte à être accrochée au bras du prince. Non mais ! Et puis c'est lui qui a commencé, d'abord. Gamaliel tire une chaise et je m'y installe en lui souriant. A peine ais-je posé mon derrière sur le siège rembourré que le trio, toujours inconnu, se rassoit, imité par Gamaliel, quelques secondes plus tard. Je suis assise entre mon mentor, qui se trouve en bout de table, à ma droite, et un homme à la beau brune et aux yeux perçants. La fille est installée en face de moi et minaude en fixant la table. Le troisième homme lui tient la main. Je vois bien qu'il veut être discret mais à mon avis, il va devoir bosser son « mode furtif ».
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Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)
FantasyAprès un coma d'une semaine, Anaya est contrainte de reprendre l'entraînement auprès des mentors de la Citadelle. Résolue à ne pas utiliser ses pouvoirs, la jeune femme va tout faire pour réprimer sa nature profonde, au plus grand damn de ses entraî...