Chapitre 27

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Papi Yaén a pu se lever aujourd'hui et je me suis retenue de lui sauter dans les bras en le voyant dans la salle à manger, aux côté d'une Vivianne rayonnante. Il est habillé à la mode Ushuara et son costume trois pièces d'un bleu similaire à celui que porte Gamaliel lui va à merveille. Tout comme les couleurs de nos lumières, je crois que certaines teintes utilisées pour les vêtements ont une signification, autre que celles utilisées pour les initiés de la Citadelle, s'entend. Il faudra que je pense à demander mais je crois deviner que le bleu nuit est un symbole de pouvoir, en tout cas pour ces messieurs. Je m'installe à la droite de Richeraud, comme la veille, et à côté de mes grands-parents. Les trois fils de Sa Majesté sont installés en face de nous. L'un d'entre eux fait la tête, les deux autres me fixent d'un air intéressé, mais je sens que Zaedré prépare un mauvais coup, contrairement à son frère qui est juste...

« Juste » quoi, en fait ?

Il me dévore littéralement du regard. Akjîn brille par son absence, ce qui ne semble pas affecter grand-monde. Moi, ça me rassure : cette femme me fout la pétoche.

— En voilà une tête, Varpaïm, lance soudain Richeraud d'un ton léger, que se passe-t-il ?

— Rien de très grave, père. J'ai juste dû filer le train à ces deux-là pendant tout la matinée pour leur tenir la chandelle.

Le roi, Gamaliel et mes grands-parents éclatent de rire tandis que je baisse le nez dans mon assiette, rouge jusqu'à la pointe des oreilles.

— A ce propos, continue le roi, vous n'auriez pas quelque chose à nous dire, vous deux ?

Une phrase de lumière dorée apparait sous la table, pile là où je peux la voir :

« Lève-toi et rejoins-moi en bout de table. »

J'obéis et rejoins mon sêmilumina face à la tablée. Je glisse ma main dans celle de Gamaliel pour me rassurer. Mais au moment où il ouvre la bouche, les battants de la porte secondaire de la salle à manger rebondissent violement contre le mur. Akjîn s'installe aux côtés de son mari, l'air de rien, toujours aussi froide. Je déglutis : ça semblait facile quand il n'y avait que Zaedré pour me causer des soucis. Maintenant que la reine est présente, ça nous rajoute un potentiel adversaire. Je me tourne vers Gamaliel et il me fait un clin d'œil :

« Reste calme : ça va aller. Laisse-moi faire »

— Anaya et moi nous nous sommes fiancés.

— J'en étais sûr, s'exclame Richeraud en se levant, quand je vous ai vus revenir, j'ai tout de suite remarqué que quelque chose avait changé. Félicitations !

Toute la tablée applaudit en nous félicitant. Enfin... presque tout le monde. Et pour une fois, je ne parle pas de Zaedré qui, malgré l'absence d'enthousiasme, fait quand même l'effort de nous applaudir. Non, je parle plutôt de la reine Akjîn qui me fixe sans un mot, comme si elle allait me sauter dessus pour m'égorger.

— Vous n'êtes pas fiancés.

— Pardon ? s'exclame Gamaliel.

— Mère...

— Silence Varpaïm !

Le pauvre Var, ce n'est pas son jour.

— Gamaliel, tu ne peux pas épouser cette jeune femme.

— Et pourquoi pas ? lance Richeraud à la place de son fils.

— Oh, ne faites pas comme si vous l'ignorez !

— Je ne l'ignore pas mais je vous ai clairement dit que je n'étais pas d'accord. Pour rappel, en ce qui concerne Gamaliel, c'est moi qui ai le dernier mot.

Ushuara - La chasse peut continuer (Tome2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant