Une colocataire improbable

Chapitre 41

La Révélation Inattendue

Le ciel de Londres, gris et bas, semblait peser sur les épaules d'Émilie alors qu'elle traversait les rues pavées du quartier de Baker Street. Depuis quelques jours, une tension étrange l'habitait, une intuition persistante, comme une ombre qui ne la quittait jamais. Elle tentait de se rassurer, de se convaincre que cette inquiétude n'était que le fruit de son imagination, mais au fond d'elle, Émilie savait que quelque chose de profond allait bouleverser son quotidien.

Plus tard, lorsqu'elle ouvrit la porte de son appartement, un frisson parcourut son échine. L'atmosphère de la pièce avait changé, une présence, subtile mais palpable, flottait dans l'air. Son regard scrutait la pièce à la recherche du moindre signe, du moindre détail qui pourrait trahir une intrusion. C'est alors qu'elle le vit.

Assis dans le fauteuil en cuir de son salon, le visage partiellement dissimulé par l'ombre, Sherlock Holmes la regardait en silence. Un instant, le temps s'arrêta. Les yeux d'Émilie s'écarquillèrent, incrédules, tandis que son souffle se bloquait dans sa poitrine. Ce n'était pas possible. Sherlock était mort. Elle l'avait vu tomber du toit du St. Bart's. Elle avait pleuré cette perte, s'était battue pour l'accepter, pour continuer à vivre malgré tout. Et pourtant, il était là, devant elle, vivant.

Les secondes s'étiraient en une éternité insupportable. Enfin, Sherlock rompit le silence, sa voix grave et familière résonnant comme un écho du passé.

— Bonjour, Émilie.

Ce simple mot, chargé de tant de non-dits, libéra les émotions refoulées d'Émilie. Le choc initial fit place à une colère sourde, brûlante, qu'elle ne parvint pas à contenir.

— Vous êtes vivant... Vous étiez vivant tout ce temps, et vous m'avez laissée croire que vous étiez mort ! Sa voix tremblait de rage et de douleur, les larmes perlant aux coins de ses yeux. Elle le fixa, cherchant à comprendre, à trouver une explication qui pourrait apaiser le tumulte qui la dévorait.

Sherlock ne bougea pas, son regard plongé dans celui d'Émilie, lisant en elle comme dans un livre ouvert. Il savait que rien de ce qu'il dirait ne pourrait effacer la trahison ressentie. Pourtant, il devait essayer.

— Émilie, je devais le faire. Pour votre sécurité, pour celle de John... Je n'avais pas d'autre choix.

Les mots se heurtèrent à un mur de douleur. Émilie recula d'un pas, comme pour mettre de la distance entre eux, entre la réalité et l'homme qu'elle avait admiré, qu'elle avait presque vénéré.

— Pour ma sécurité ? Vous pensez vraiment que me laisser dans le noir, seule avec mes peurs et mes doutes, était la meilleure façon de me protéger ? Sa voix se brisa, laissant échapper toute la vulnérabilité qu'elle avait tenté de cacher. Sherlock... vous m'avez trahie.

Le détective ne répondit pas immédiatement. Il savait qu'Émilie avait raison, qu'elle avait toutes les raisons de se sentir ainsi. Mais il avait fait ce qu'il croyait juste, ce qu'il pensait être nécessaire pour déjouer les plans de Moriarty.

— Je comprends votre colère, Émilie. Et vous avez raison. Mais il fallait que Moriarty croie en ma mort pour que je puisse démanteler son réseau. Si j'avais laissé la moindre chance à mes ennemis de découvrir la vérité, vous auriez tous été en danger.

Émilie resta silencieuse, déchirée entre la logique implacable de Sherlock et l'émotion brute qui l'envahissait. Elle détourna le regard, cherchant un appui dans le tumulte de ses pensées. Comment pouvait-elle le pardonner, quand la douleur de son absence avait été si réelle, si accablante ?

— Vous avez peut-être sauvé des vies, Sherlock... dit-elle doucement, presque dans un murmure. Mais vous avez brisé des cœurs en chemin.

Le silence qui suivit ses mots était lourd, chargé de tout ce qu'ils n'avaient pas encore osé dire. Sherlock se leva, s'approchant d'elle avec une hésitation qu'Émilie ne lui avait jamais connue. La distance entre eux était infime, mais elle lui semblait infranchissable.