𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 28

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États-Unis-Los Angeles

-"Alors ? " Demanda Mathieu en remettant son pantalon.

Bien trop tôt dans la matinée, les deux amants venaient tout juste de terminer leur petit sport charnel. Toujours dans les cuisines du restaurant, ils se rhabillèrent avec fatigue. Avec des traces de rougeurs et morsure sur tout le corps, Paholo possédait de petits yeux alors qu'il essayait de remettre sa chemise.

-"Alors quoi ? "

-"Comment c'était ? " S'interrogea le plus grand en se rapprochant de lui.

Désormais, face à lui, il l'aida à fermer tous les boutons de son haut blanc dans un silence calme. Intérieurement, Mathieu se posait énormément de questions. Être la première fois de quelqu'un donnait une certaine pression pour lui. C'est tout de même à cet instant que l'autre découvre le monde de la luxure. Alors s'il a une mauvaise expérience, cela peut avoir des conséquences dans sa vie future.

-"C'était bien. "Répondit simplement et calmement Paholo alors qu'il venait de finir de s'habiller.

-"C'est tout ? "

-"Oui. J'ai beaucoup aimé, mais par mon peu d'expérimentation, je ne peux pas comparer et donner un avis objectif. Cependant, j'ai beaucoup aimé et c'est la chose principale que tu dois savoir. "

Mathieu ne savait pas quoi rajouter à son récit, mais il s'en contenta. Un petit sourire aux lèvres, il prit une fois encore, Paholo dans ses bras. Les deux ne connaissaient pas la raison de cette envie soudaine pourtant, ils l'appréciaient beaucoup. Ce simple contact, où chacun pouvait entendre la respiration comme les battements du cœur de l'autre, était indéchiffrable.

-"D'accord. "Ajouta simplement Mathieu.

Mais avant qu'il ne pût rajouter quoi que ce soit, du bruit se fit alors entendre dans la salle principale du restaurant. Redressant rapidement leur tête, les deux comprirent que cela devait être les employés et qu'ils allaient se faire choper. Alors sans une ni deux, Paholo et Mathieu sortirent précipitamment du bâtiment, se faisant ainsi éblouir par le lever de soleil.

La température était fraîche mais pas désagréable pour autant. La vie de la ville commençait doucement à se réveiller et aucun des deux jeunes hommes ne savait quoi faire au moment présent. Restant côte à côte, Mathieu vint soudainement prendre la main du plus petit. Légèrement plus grande, celle-ci englobait les doigts de Paholo.

-"Cela te dirait de venir chez moi ? "Demanda alors le plus grand.

Paholo fut surpris par cette demande. Lui qui n'était jamais allé chez Mathieu, il n'avait même pas songé à y être invité un jour. Ce sujet n'était même jamais venu dû au fait que Mathieu venait toujours à l'improviste chez lui.

Ainsi, Paholo accepta d'un léger hochement de tête avant qu'il ne se fasse guider par son voisin. Bien que sa main soit toujours emprisonnée dans la sienne, il aimait ce contact. Et cela ne s'apercevait rien qu'à son discret sourire.

Traversant les rues et les différents boulevards, le jeune duo se faufila peu à peu dans de plus petites allées. Le décor devint plus sombre au fils des secondes, mais Paholo ne fit aucun commentaire dessus. Les murs devenaient plus sales et les bâtiments plus abîmés. Le regard même des personnes montrait leur condition de vie.

-"C'est ici. "Affirma Mathieu en face d'un appartement usé et presque à l'abandon.

Pourtant, quand il rentra à l'intérieur, l'ambiance était plus chaleureuse. Suivant de près l'hôte de maison, celui-ci le conseilla d'aller s'asseoir et de faire comme chez lui. Certes, l'appartement était plus petit, mais Paholo s'y sentait bien. Jusqu'à qu'un léger cri de rage se fit entendre.

-"PUTAIN FAIS CHIER !!! "

Drôlement surpris par cet excès de colère, le garde du corps se retourna vers Mathieu afin d'avoir une certaine explication. Mais avant même de pouvoir demander quoi que ce soit, Mathieu réagit de façon... Brutal.

-"JEFFREY TA GUEULE, ON A UN INVITÉ MERDE ! "

-"BAH LES COUILLES !!! " Affirma le fameux Jeffrey de sa chambre.

Soufflant de fatigue, Mathieu ne rajouta rien et préféra s'asseoir aux côtés de Paholo dans le canapé. Celui-ci était d'ailleurs bouche bée devant la scène qui venait de se produire. Les yeux grands ouverts, il attendait une quelconque explication à ces insultes gratuites.

-"C'était quoi ça ? " Finit-il par demander.

-"Rien, c'est juste mon petit frère en pleine crise d'adolescence. "

-"Mais où sont vos parents ? Ce ne sont pas eux qui sont censés le garder ? "Questionna Paholo.

Seulement, le regard de Mathieu devint plus froid, plus sombre et il serra la mâchoire. Le plus petit se dit qu'il venait peut-être de rentrer dans un domaine plus personnel.

- Désolé, s'ils sont morts ou qu-"

-" Non non, ce n'est pas ça. En fait, c'est plus compliqué que çà. " Commença-t-il en prenant diverses poses dans son discours. -" Quand Jeffrey n'était encore qu'un bébé, nous étions vraiment le stéréotype de la famille américaine parfaite. Des parents aimants, une belle et grande maison avec piscine dans un quartier aisé et un ainé avec de bonnes notes. Cependant, tout a basculé lors de mon seizième anniversaire. Alors que la fête qu'avaient prévue mes parents était tout bonnement parfaite, la police a débarqué. Extrêmement armée, elle a arrêté ma mère et mon père devant nos yeux. Je n'ai compris que deux mois après qu'ils venaient d'être condamnés à vingt ans de prison pour trafic d'armes et de drogues. "

Prenant une pose, Mathieu baissa la tête devant le regard inquiet de Paholo. Cela avait beau s'être passé, il y a plus de dix ans, le traumatisme était encore en lui. Ainsi, le plus petit caressa doucement son dos, attendant avec patiente la suite de l'histoire.

-"Puis... Ce fut le début de l'enfer. Alors que nous étions tous les deux mineurs et sans tuteurs potentiels, on a mis en famille d'accueil. On nous a alors séparés et je ne le revu que deux ans après. Là-bas, les adultes n'avaient aucun amour-propre pour les enfants qu'ils gardaient. Je me suis vu ne pas manger pendant des jours entiers voir des semaines. J'ai vu des enfants se faire bâillonner, car ils pleuraient trop fort ou encore se faire enfermer dans des pièces sombres et froides sans eau ni nourriture. Ce couple pouvait tout faire sur nous et personne ne vérifiait l'état des enfants. Et quand ma majorité est arrivée, je suis parti au plus vite dénoncer ses monstres avant de venir chercher mon frère. Seulement, personne ne nous a cru dus à notre passé et à nos parents. Alors nous avons abandonné et j'ai fini par me tourner vers le monde du crime pour souvenir nos besoins. Malgré nos disputes fréquentes, je ferais tout pour mon petit frère. Pour pas qu'il ait à revivre ce qu'on a vécu... "

Les yeux humides, Mathieu plongea alors sa tête dans le cou de Paholo qui l'accepta en lui ouvrant ses bras. Bien qu'il jouât le jeune homme drôle et immature, au fond de lui, c'était qu'un enfant traumatisé par la violence morale et physique qu'on lui avait infligé.  

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