A la poursuite du passé

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A la poursuite du passé

(100% histoire vraie)

Vous qui vous vous (et me par la même occasion) demandez encore si mes histoires sont véridiques ou si elles ne proviennent que de mon imagination, dites-vous que parfois, souvent même, j'aurais aimé qu'elles soient fausses.

Le présent, et le passé sont bel et bien vrais. Ce putain de passé qui n'est jamais très loin et qui est capable de ressurgir à la moindre occasion sans qu'on ne l'ai vu venir.

C'est ce qui arrivé hier soir.

Ou comment je suis capable de tout remettre en question pour une seule phrase prononcée.

Je suis surement la plus grosse des connes qui adore se faire du mal à la moindre occasion.

Nous nous étions retrouvés vers 18h30, impatients d'être ensemble comme à notre habitude.

J'avais envie de lui. J'avais émis le souhait que nous fassions l'amour pendant un long moment ce soir-là.

Mais la soirée prit une étrange tournure.

Après m'avoir montré son ancien appartement et après avoir été dire bonjour à un ami qui travaillait dans un magasin, nous sommes allés boire un verre.

Il faisait chaud, et j'avais terriblement faim.

Autant dire que je n'étais déjà pas au mieux de ma forme.

Très vite et je ne sais plus comment, il me sortit une phrase sortie tout droit du fin fond de nulle part: " on m'a dit fais attention à ce qu'elle ne te fasse pas un enfant dans le dos".

Alors, comment faire un enfant dans le dos de quelqu'un lorsque ce quelqu'un sait pertinemment que vous ne prenez aucune contraception et qu'il ne se protège pas?

Ca, ce fut une chose. J'en suis alors venue à me demander qu'elle serait sa position si je lui disais là tout de suite maintenant que j'étais enceinte?

Et si par le plus grand des hasards je ne me sentais plus capable de revivre un avortement?

Sa réponse fut tellement sincère qu'elle me scotcha sur place: "je me casse"...

Ok. Donc, tu me dis que je suis la femme de ta vie, et qu'avec moi tu envisages même d'avoir un enfant, mais si je me retrouve enceinte, tu te casses?

Le discours est totalement illogique. Alors oui. Cette situation n'arrivera probablement jamais.

Mais de savoir que si elle arrivait il n'y aurait plus personne, c'est effrayant.

Sachant qu'il y aurait 99% de chances que je mette fin à cette potentielle grossesse car je ne veux pas d'autre enfant (pour le moment ou pour toujours qui sait)...si jamais je ne m'en sentais pas le courage, je devrais assumer seule.

C'est d'une violence! Pour quelqu'un qui prétend vous aimer...c'est costaud.

Il a eu beau revenir 100 fois sur ce qu'il avait dit, le mal était fait.

Pourtant, il ne s'agit que d'une putain d'hypothèse qui n'arrivera jamais. Et ça fait mal quand même.

Et j'en connais des hommes lâches, et pourtant aucun de ceux que j'ai aimés n'auraient fait ça.

Puisque nous avons toujours évoqué cette possibilité, et que dans 100% des cas, tous m'ont dit qu'ils seraient là et qu'à bien y réfléchir ce serait merveilleux d'avoir un enfant ensemble.

Voilà, ça c'est l'amour que je veux.

Un amour logique qui fait que même si c'est tôt et même si ça tombe comme un cheveu sur la soupe, on réfléchit et on se dit qu'un enfant c'est de l'amour après l'amour (ouhh j'ai volé cette phrase à un grand auteur).

Même si j'ai l'air pour Sébastien d'être une nana qui fait des gosses à n'en plus s'arrêter, remettons tout ça dans le contexte.

J'ai eu trois enfants avec le même homme. Etrange donc de me sortir des énormités pareilles.

Je me sens totalement incomprise et abandonnée, alors qu'il ne s'est rien passé et qu'il s'agissait d'une idée hypothétique; j'en viens alors à me demander, à quel niveau suis-je guérie de ce qu'il m'est arrivé?

Le problème, ma douleur, c'est que j'aimais David, je l'aimais à un point inimaginable. Et j'ai longtemps voulu un enfant avec lui, et réciproquement.

J'aimais cependant je pense beaucoup plus mes enfants, et je n'ai pas eu le courage (ou la débilité) de leur imposer un beau-père que je connaissais très peu.

J'ai donc dû mettre fin à une grossesse en prenant ma décision seule (David a insisté pour ne rien me dire en me répétant que c'était ma seule décision, tout ça pour me dire après coup qu'il aurait aimé que je le garde) tout en aimant éperdument cet homme.

Quelle décision difficile à prendre.

Je repoussais chaque semaine le rendez-vous pour l'IVG jusqu'à arriver au dernier moment.

Je me suis retrouvée seule comme une conne (alors qu'on se voyait tous les jours, il était présent pour m'écouter) à devoir choisir entre un enfant ou le néant. Et j'ai choisi la deuxième option.

Le pire, c'est qu'ensuite nous avons passé des mois à rêver d'un nouvel enfant ensemble.

Alors, pourquoi avoir fait ça au final?

Comme avec Sébastien, si je me retrouvais enceinte à quoi bon avorter si c'est pour en vouloir un autre ensuite?

Qui sommes-nous pour choisir quel enfant doit vivre ou non?

L'ayant déjà fait une fois, il me paraît difficile de réussir à le refaire sans faire exploser le couple.

Cet article est vraiment à chier, mais il reflète tellement ce que je ressens aujourd'hui.

Je ne veux jamais revivre une situation pareille.

Avoir à choisir seule, me dire que le gars peut se barrer comme il veut m'angoisse au plus haut point.

Bien sûr, personne n'a à imposer une grossesse ou un avortement à l'autre. Mais dans ce cas, tu te protèges. Tu ne veux absolument pas d'enfant, ça te rebute alors pourquoi prendre ce risque?

Tu te dis, ben elle n'aura qu'à avorter, après tout ce n'est rien, ce n'est qu'un amas de cellules.

Quand on fait l'amour sans se protéger, on sait qu'il y a cette possibilité.

C'est donc très lâche de faire ça sachant pertinemment que si cela se produisait, tu n'en voudrais pas.

Et c'est encore à la femme de prendre des médicaments ou de se faire hospitaliser pour stopper la grossesse bien entendu.

Et c'est aussi à la femme de vivre avec les conséquences éventuelles de cet acte, à savoir le risque de ne plus pouvoir avoir d'enfant derrière, avoir eu l'impression de tuer un enfant en devenir, j'en passe et des meilleures.

C'est toujours à nous de tout assumer.

Alors sachant tout ça désormais, il est hors de question que nous ayons le moindre rapport non protégé.

Je suis sans doute trop étrange pour ce monde, mais je n'admets pas qu'on puisse dire aurevoir à quelqu'un qu'on aime juste parce-qu'il n'aurait pas la force d'avorter.

Hier, je pleurais pendant que nous faisions l'amour.

Parce-que je savais pertinemment que nous allions avoir du mal à nous relever d'un truc pareil...

Un coup de folieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant