Je t'aurai au tournant

Chapitre 6

Il tourna la page du journal et découvrit l'article...

Banco à Monaco : Steinman joue et perd !

de notre envoyé spécial Martin Frietag

Peu propice aux dépassements, le circuit de Monaco se voit parfois reproché de générer des courses sans saveur. Pourtant, dans certaines circonstances, il peut devenir le théâtre de revirements improbables et de péripéties palpitantes ! La nouvelle édition a confirmé ce phénomène sporadique de manière tonitruante.

Faby Pereira sur la Steinman n°9, en tête depuis le 1er tour, avait tout pour s'adjuger la victoire. Néanmoins, une décision hasardeuse de son ingénieur stratégie, Matthew Cable, a modifié le cours de l'épreuve : Anticipant trop vite l'assèchement de la piste, il a rappelé sa pilote pour un changement de pneus totalement contre-productif.

Ce mauvais choix, qui a coûté la victoire à la talentueuse Brésilienne, illustre les aléas auxquels chaque écurie est confrontée. En effet, l'erreur de Cable provient d'une météo capricieuse, comme l'a souligné Peter Werner, le team manager : « Nous avons eu de la malchance aujourd'hui. Les conditions météorologiques à Monaco sont toujours un défi, et parfois, même les prévisions les plus sûres peuvent se révéler incorrectes. »

Dans un tel contexte, la remontée de Faby Pereira a marqué les esprits, la pilote terminant à une impressionnante deuxième place, derrière David Saxon. Ainsi, la jeune championne prouve qu'elle est non seulement très douée, mais également très solide mentalement. Sa performance lui permet, d'ailleurs, de rester coleader du championnat avec Saxon, et ce, malgré les choix hasardeux de son équipe.

L'avenir se présente maintenant plein de secousses pour Steinman. Dans le théâtre de la vitesse, où les décisions se doivent d'être rapides et justes, se pose urgemment la question du futur de Matthew Cable, dont les errements répétés deviennent insupportables au sein d'une écurie aussi professionnelle.

Car un pilote ne peut exceller seul : il a besoin d'une voiture compétitive, d'une équipe performante et d'une stratégie avisée, ces trois facteurs s'associant pour le meilleur. À Monaco, Steinman n'a malheureusement pas su assembler toutes les pièces du puzzle. Et seul le talent exceptionnel de Faby Pereira a pu sauver la mythique écurie d'une humiliation complète. »

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Markus Brandauer, directeur général adjoint de l'entreprise Steinman, avait parcouru l'article avec une horreur non dissimulée. L'encre noircie du journal semblait souligner l'échec de l'écurie, accentuant, par de sombres tracés dégoûtants, les erreurs stratégiques criantes imputées à Cable. Même si la performance sportive de Faby avait été reconnue, c'était bel et bien le fiasco tactique de l'équipe qui faisait les gros titres. Il rangea le journal et activa son interphone, indiquant à sa secrétaire que Mlle Pereira pouvait désormais entrer dans son bureau.

Une minute plus tard, Faby fit son entrée, vêtue de sa fameuse combinaison cloutée de motarde et portant son casque sous le bras. Elle avait une allure féline, sauvage, presque prédatrice, et Brandauer frémit, sentant que Mme Mad Max prenait déjà le contrôle de son bureau.

– Fräulein Pereira ! Je suis enchanté de vous revoir, dit-il avec une profonde mauvaise foi.

Il se leva, serra la main de la jeune femme et claqua impeccablement des talons.

De son côté, Faby posa négligemment son casque et ses gants de cuir sur l'immense et immaculé bureau en bois d'ébène du directeur — qui se retint de hurler –. Puis, elle s'installa sur le confortable fauteuil visiteur en croisant ses jambes fuselées et en fixant son hôte d'un air interrogatif.