Samedi 4 septembre,
veille du drame
Sous les yeux d'Hermann Steinman, présent dans les stands de l'écurie, la bataille de la Q3, dernière phase de qualification, faisait rage. Le poing serré, il s'enthousiasmait devant les exploits de Faby, une fois de plus confrontée à tous les méchants garçons de la terre : les Frost, Saxon, Lewis, Gauthier de la Tour... Mais c'est surtout Stuart Gaguette, déchainé, qui posait un problème. Il ne restait plus qu'un tour à parcourir et elle était en piste pour reprendre la pôle-position à son équipier.
« Fonce Faby ! murmura-t-il. »
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La championne enclenchait les rapports à la perfection et attaquait le célèbre raidillon. Un mélange d'adrénaline et de détermination l'envahissait alors qu'elle prenait la montée en pleine vitesse, sans lever le pied de l'accélérateur, les forces G pressant son corps contre le siège.
Sortie de l'Eau Rouge, c'était maintenant la ligne droite du Kemmel où Faby employait toute la puissance de son moteur, dépassant les 320 km/h avant de freiner pour aborder Les Combes. Ses manœuvres étaient d'une précision chirurgicale, et la Steinman obéissait à chaque sollicitation, virant sur l'angle au dernier moment, flirtant avec les limites de la piste.
Au secteur de Malmedy, sur une rapide succession de virages, elle laissait le bout de ses doigts guider le volant avec une facilité diabolique. Elle enchaînait avec la descente vers Rivage, maitrisant le rythme à la perfection. La machine résistait, crachant des flammes bleuâtres à chaque rétrogradage avant d'entailler le virage d'un angle qui défiait toutes les règles de la physique.
Ensuite, arrivait le Pouhon, où la voiture giclait d'une bordure à l'autre, s'équilibrant entre les exigences de vitesse et de justesse. Faby poussait ensuite vers les Fagnes, puis vers Stavelot, et enfin Blanchimont, toujours à fond, à fond et encore à fond !
Pour finir, la femme pilote entamait l'ultime chicane de La Source, modulant avec brio accélération et décélération avant de propulser spectaculairement sa machine vers la ligne droite des stands, les essieux cramponnés à la trajectoire la plus rapide, le moteur exultant dans une symphonie mécanique parfaite.
C'est ainsi que le drapeau à damier fut franchi, le tableau de bord s'illuminant et affichant le temps réalisé.
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Un murmure s'échappa à nouveau des lèvres d'Hermann : « Incroyable ». Il ne pouvait détacher ses yeux du chrono obtenu : 1'44''12 soit près d'une demie seconde plus vite que le 2e, Stuart Gaguette ! Elle avait encore gagné !
Sur l'écran, le nom de Faby Pereira bondissait au sommet de la liste. Son amoureux poussa un cri de joie, les mains en l'air, tandis que tout autour, l'équipe entière explosait de bonheur. Faby avait décroché la pole position avec une maîtrise brillante, un talent hors pair et surtout, ce style féroce qui faisait sa marque de fabrique.
Sa Steinman se garait dans les stands, la championne en sortit et toute l'équipe vint la féliciter, Peter Werner et Matthew Cable en tête. Puis, quand tout le monde fut passé, ce fut au tour d'Hermann de s'approcher :
– Quelle performance, Faby, c'était génial ! s'exclama-t-il, survolté.
Elle le regarda et constata le changement qui s'opérait en lui, son naturel semblait retrouvé. L'homme de Nassau était-il déjà de retour ? Le vrai Hermann ?! Cela piquait sa curiosité.
– Merci Hermann. Je suis en forme, en effet. Mais toi aussi, tu me parais beaucoup mieux.
– C'est que je crois aller dans la bonne direction. Je commence à redevenir maitre de mon destin.
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Je t'aurai au tournant
Mystery / ThrillerFaby, l'ange noir de la Formule 1 est une saga, un thriller dans le milieu de la course automobile. Le premier tome, Je t'aurai au tournant, raconte l'ascension fulgurante de Faby, une jeune pilote déterminée à bouleverser l'ordre établi dans la F...