♕ Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 12

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Syana


Le baiser se prolonge devant le regard amusé d'April, qui contemple attentivement la scène. Je presse ses pectoraux avec mes deux mains avant de le repousser énergiquement.  En se détachant de moi, il affiche un sourire amusé sur ses lèvres. April rit en voyant l'hilarité de la scène. 

Déconcertée, je récupère mes esprits en haussant le menton vers le haut, tout en expirant l'air contenu dans mes narines. Avec un ton catégorique, je lui lance cette réplique :

- Comment peux-tu te permettre d'embrasser mes lèvres ? Espèce de...

- Tulututu, ma magnifique fiancée, je ne veux pas de ça entre nous. Ne te montre pas grossière alors que nous avons des invités au salon.

- Toi, tu ne manques jamais une opportunité de ramener tes frères ici dans ton antre. Sa cousine réplique en fronçant les sourcils, tout en croisant les bras sur sa poitrine crémeuse.

- Est-ce qu'il y a quelqu'un qui t'a sonné, toi ? S'écrie Erwan envers April d'une voix grave.

- Je soutiens simplement une amie que tu confonds avec un objet. Entre nous, on était bien sans toi, mais comme d'habitude, tu as tout gâché.

- April, ferme ta gueule. Il hurle en se précipitant vers sa cousine, en essayant de la saisir par le cou.

Je pousse mon amie par instinct et j'affronte la colère de ce dernier en face. D'un geste rapide, sa main veineuse se pose sur ma gorge et me plaque violemment au sol, dans un bruit sourd.

 Il m'est impossible de respirer. Seul un mince filet d'air a pu atteindre mes voies respiratoires. Je sens que ma vue devient floue progressivement et que mes forces me lâchent peu à peu. April assène plusieurs coups de poing à son cousin, mais sans parvenir à le maîtriser. 

Mon esprit s'évade de mon corps. Les voix se propagent comme des échos lointains. Le noir a envahi mon être. Seules les hurlements stridents et les coups de ma nouvelle amie portés à Erwan ont laissé une trace indélébile dans mes souvenirs. Par la suite, je m'envole dans un monde parallèle, celui de l'âme.


April 

En observant cette scène effrayante qui défile devant moi, mes genoux s'affaissent sur le sol dans un bruit sourd. Des larmes ruissellent sur mes joues alors que je persiste à frapper mon cousin, qui est devenu un monstre en raison des ambitions de son père. 

Je frappe de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'une main m'interrompt dans ma progression. Je fixe Kazimir, qui affiche un sourire moqueur sur son visage.

Dès qu'il observe la scène scandaleuse, il fronce les sourcils de surprise. Dans cette salle, il y a d'autres pas et des voix discordantes qui se font entendre. En tournant ma tête vers le son, je constate instantanément que tous les amis de mon cousin sont réunis ici.

Hachim s'approche d'Erwan et lui donne un coup qui le projette violemment vers le sol. D'une voix à la tonalité grave, il hurle à son ami : 

- Comment oses-tu agresser une femme? Ce genre de pratique n'est pratiqué que par les lâches.

Erwan se rétablit lentement après le coup de son ami. Il se déplace en vacillant de temps en temps sur les côtés. Il s'approche de moi, qui recule en utilisant mes mains. 

Prise de terreur par la personne en face de moi, celle qui m'a fait la promesse de me protéger envers et contre tous. Je suis en train de pleurer intensément, tout en affichant une mine haineuse.

Au moment où il perçoit toute la haine que je ressens envers lui, Erwan regarde cette fois le corps sans vie de sa fiancée par terre, le visage aussi pâle qu'un linge. Je lui hurle d'une voix sombre :

- Tu n'es pas humain, bordel ! Combien de fois t'ai-je frappé pour que tu la lâches ? Elle a pris ta colère à ma place. C'est une honte pour moi d'être ta cousine, tu es vraiment un monstre.

- Réitère un peu ce que tu viens de dire, demande mon cousin en me fusillant du regard, montrant sa colère qui déforme les traits de son visage.

- Tu es un monstre.

J'articule lentement chaque syllabe de ma phrase, sans laisser transparaître ma rage dans mon regard vert.

Alors qu'il prévoyait de me sauter dessus, Hachim et Kazimir le plaquent par terre en tentant de le calmer. Au fil du temps, il se raidit en fixant l'état dans lequel sa fiancée est à cause de lui.

Plus tard, ils ont déplacés le corps de Syana jusqu'au rez-de-chaussée pour essayer de la réveiller. Ils m'abandonnent tous avec mon amie, qui reste toujours inerte sur le canapé. Seules ces brèves expirations me procurent un soupir de soulagement.

 Après deux heures, son visage a retrouvé sa couleur d'origine. Sa respiration est en train de se stabiliser, et ses yeux commencent à se plisser. Sans prévenir, elle cherche ma main, puis la saisit pour enfin la presser légèrement.

 Avec lenteur, ses paupières s'ouvrent en déployant ses longs cils noirs, qui m'ont tant manqués, pour laisser apparaître de magnifiques iris Larvikite.

Une joie inexplicable envahit mon être et, sans même réaliser mon geste, je la serre dans mes bras. Je l'entoure de mon étreinte chaleureuse tout en lui caressant le dos. 

Je la sens tendue comme une arbalète, puis se calmer avant de poser ses mains sur mon dos. Suite à cela, je lui susurre des paroles rassurantes avant de me rendre en cuisine pour lui concocter une tisane. Pour calmer ses nerfs et les miens, une bonne tisane est ce qu'il y a de mieux.

Vingt minutes plus tard, je réapparais dans le salon, et je découvre mon cousin, penché sur son canapé, effleurant délicatement son visage tandis que sa voix, empreinte de tristesse, s'élève :

- Je regrette d'avoir osé confronter ma cousine en ta présence, et d'avoir été si aveuglé par ma colère que j'ai causé du tort.

Je reste là, captivé par cette scène, mes deux tasses déposées sur un plateau que je serre fermement entre mes paumes. Je suis surpris de voir mon cousin, à cet instant précis, si accablé et en proie à sa propre fureur.

Il continue de la caresser tout en se faisant une place près d'elle. Brusquement, il l'a prit dans ses bras sans pour autant arrêter d'effleurer sa peau en lui murmurant des mots tendres.

Je relâche un soupir libérateur avant de me réinstaller à leurs côtés, déposant avec une douceur exquise les deux tasses de tisane que j'ai concoctés sur la table à leur portée.

Face à Erwan, je pose une main amicale sur son épaule et lui dis d'une voix calme :

- Erwan, prends soin d'elle car tu ne peux imaginer ce qu'elle a vécu au sein de cette famille. Et je ne veux pas que tu lui fasses encore du mal à ma future belle-sœur.

Un rire guttural s'échappe de ses lèvres avant qu'il ne réplique d'une voix malicieuse :

- Je veillerai sur elle, ne t'inquiète pas, ma chère cousine. En revanche, pour toi, je devrais te trouver un fiancé, qu'en penses-tu ?

- Va au diable, crétin !

- Ah, je suis déjà le diable, donc il serait plus logique de dire "va rejoindre tes frères là où ils se trouvent".

- Tu es vraiment incorrigible, tu le sais.

- Je le sais, affirme-t-il en affichant un sourire carnassier.

Black SwanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant