Black Swan

♕ 𝐂ʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 30

Erwan

De retour dans mon antre, je m'affale sur le canapé du salon, accompagné de mes deux amis qui ont finalement enterré la hache de guerre dans la voiture.

Ces deux-là, c'est un peu comme un tigre et un lion, deux prédateurs en quête de prouver leur suprématie sur les autres. Je les comprends, car je partage cette même nature, mais en ce moment, il y a des préoccupations plus pressantes que de se lancer nos défauts à la figure.

Ce n'est un secret pour personne, nous ne sommes pas des anges. Les mafieux ont toujours évolué du côté obscur de la force.

Je retrouve ma détermination en me redressant sur le fauteuil, avant de leur lancer d'une voix résolue :

- Reprenons notre discussion les gars, Soline n'est pas ici c'est donc le moment idéal pour toi, Zeynel, de nous dire la partie que tu as refusé de révéler devant ma cousine.

- Tu es perspicace Erwan. Mais, tu dois te demander pourquoi un frère voudrait se débarrasser de son jumeau si facilement, sans ressentir la moindre peine, n'est-ce pas ?

- Nous nous interrogeons tous à ce sujet, Zeynel. Alors, pour l'amour du ciel, lâche le morceau une bonne fois pour toutes, bordel !  S'impatiente le Russe, frustré et avide d'élucider les derniers fragments qui entourent cet individu tordu.

- J'y viens, rétorque le turque avant de reprendre son discours d'une voix plus solennelle. Mais d'abord, lisez ceci tous les deux, dit-il en faisant glisser sur la table basse d'autres documents que Kazimir et moi nous nous hâtons de consulter.

Je fus stupéfait par le contenu des feuilles éparpillées sur la table. Je croise le regard de Kazimir avant de tourner à nouveau mes yeux vers Zeynel, qui choisit de continuer son récit :

- Comme vous l'avez découvert dans ces documents, Carlos était le successeur de l'empire des Cortes. Mais ce n'est pas tout, il a eu le malheur de s'être entiché d'amour pour la femme que ce dernier convoite, Syana...Ta femme mon frère. Et ça n'est que la pointe de l'iceberg. Prends garde, car la suite risque de te déstabiliser.

Je l'interromps en lui disant d'une voix caverneuse que je n'ai pas réussi à reconnaître.

- Tout ce que tu m'as dévoilé jusqu'à présent est déjà en train de me consumer de rage.

- Je suis conscient, mon ami, que cela peut être difficile d'endurer le coma subite de ta femme et la mort de celui qui a cherché à la tuer. En tenant compte du complot qui se trame derrière ton dos. Toutefois, garde à l'esprit que je serai toujours là en cas de complications. Zeynel me fait un tchek, tout en arborant un sourire réconfortant.

De son côté, Kazimir nous fait un tchek suivi d'une accolade virile. Je réalise que j'ai des amis exceptionnels, et que personne ne pourra me contredire. Dajtar et Alvar se dirigent vers le salon avec une mine renfrognée gravée sur leur visage. Je les interroge sur leur colère, tout en étant curieux et inquiet. Et la réponse de Dajtar va exacerber ma haine.

- Erwan, j'ai une mauvaise nouvelle à te transmettre : ta femme a été kidnappée et ta garde rapprochée a été décimée dès notre arrivée sur les lieux. Le nettoyage a été exécuté par Alvar et moi en capturant le dernier traître qui tentait de s'échapper. Je l'ai ramené dans la cave de ta demeure, où il est enfermé dans la cellule la plus inaccessible. Actuellement, il est immobilisé au sol, inconscient.

Je réprime ma colère en exprimant ma gratitude envers le finlandais et l'albanais pour leur intervention. Les heures et les minutes défilent à vive allure alors que nous finissons d'élaborer l'anéantissement d'Alvaro Cortes. Jusqu'à maintenant, nous avons fait preuve d'exemplarité dans notre manière de procéder. À présent, il va découvrir la véritable bête qui se dissimule derrière les apparences. Le plan est enfin terminé, chacun d'entre nous a un rôle spécifique à occuper.

Je suis impatient de voir comment ce connard réagira une fois qu'il comprendra qui je suis réellement. Ce n'est pas pour rien qu'on me désigne sous le nom de Dark Beast. J'ai commis des meurtres tout au long de mon existence, mais pas de manière normale si je peux m'exprimer ainsi.

Chaque âme que j'ai fauchée a quitté ce monde dans un état de désolation, les membres arrachés ou frappés à maintes reprises, jusqu'à ce qu'ils deviennent méconnaissables. Parfois, je me permets de les marquer au fer rouge sur des parties spécifiques de leur corps, comme l'omoplate, les zones intimes ou le torse. C'est ma façon de les punir avant de les anéantir avec une sauvagerie sans pareille, peu importe l'arme que je tiens entre mes mains.

Je reviens à moi lorsque je me demande où cet imbécile a séquestré ma compagne. J'espère simplement arriver à temps pour lui faire payer de mes propres mains, et cette fois, rien ne sera laissé au hasard.

Mon surnom me va comme un gant, et je ne cache pas la fierté que j'éprouve face à la terreur que je suscite chez les autres. Assis dans mon fauteuil noir comme la nuit, qui contraste avec les flammes dansantes de la cheminée, je scrute la paperasse qui s'étale devant moi. Chaque information est minutieusement analysée et reliée, et ce que je découvre ne fait que corroborer les propos du Turc et de l'Albanais.

Mes découvertes ne s'arrêtent pas là : Alvaro Cortes est déjà uni à une femme prénommée Rosa Cortes. Je poursuis mon enquête et parviens à mettre la main sur une photo de cette dernière, une ravissante rousse aux yeux mystérieux, parsemés de taches de rousseur délicates qui soulignent son regard de biche. Sa beauté naturelle est celle que j’admire tant chez les femmes, mais aucune ne peut égaler ma Syana.

Rien qu'à l'évocation de son nom, mon cœur se serre, et une inquiétude mêlée de rage m'envahit à l'idée que cet imbécile puisse effleurer la moindre parcelle de sa peau diaphane et lisse. Le souvenir de ses lèvres légèrement pulpeuses et douces m'arrache un soupir de frustration. Ses longs cheveux soyeux, d'un noir profond, et ses yeux gris clair, évoquant un ciel zébré d'éclairs, enchaînent mon âme à la sienne pour l'éternité.

Je te fais la promesse de te sauver, ma Black Swan, même si cela signifie laisser ma bête se réveiller.