Black Swan

♕ Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 7

En pénétrant dans la chambre de sa future conjointe, Monsieur Akerman la trouva allongée sur le ventre, battant ses longues jambes en décalage. Elle feuillette le nouveau numéro d'un magazine people. Sur la première page, la sœur de Syana est mentionnée avec son visage affiché.

Elle arbore une mine sévère en lisant une page attentivement. Le millionnaire, irrité par son ignorance, arrache brutalement la revue, sous le regard étonné de sa promise. Il s'exprime d'une voix gutturale :

- Syana, est-ce que tu vas cesser de faire abstraction de ma présence ?

- Pourquoi devrais-je endurer ton tempérament de feu ?

- Évite de répondre à ma question par une autre.

- Je ne veux pas gaspiller mon temps avec une personne aussi rustre que toi. C'est ce qui devrait répondre à ta question. Maintenant, réponds à la mienne.

- Tu seras ma femme, que tu le veuilles ou non. Ne me défie pas, le terrain est miné depuis des lustres.

- C'est supposé me terrifier, monsieur Akerman.

- Est-ce que tu pourrais m'appeler par mon prénom, pour l'amour de Dieu ?

- Non, j'apprécie te nommer ainsi.

- C'est trop impersonnel !

- Je m'en fiche complètement de ce que tu penses !

- D'accord, si tu le prends comme ça, lâche ce dernier en la soulevant sans pression du matelas, tout en la hissant sur l'une de ses épaules robustes.

Syana se battit avec acharnement pour qu'il puisse la relâcher. Toutefois, toutes ses tentatives n'ont pas abouti. Elle s'est finalement retrouvée à être transportée tel un sac à patates jusqu'à sa suite, qui est à son image, sombre et peu chaleureuse. Peu de temps après, il l'a renversé sur son lit immense, drapé de noir, avec indifférence. La charmante fiancée pousse un cri de protestation, ne supportant pas le comportement barbare de son futur conjoint.

- Qu'est-ce qui t'a poussé à m'emmener ici, sauvage ?

Erwan réagit avec sarcasme, tout en s'installant à ses côtés sur le matelas.

- Syana, tu me poses une question vraiment pertinente. Je ne vais pas te faire une esquisse tout de même. Tu es ma promise, il est tout à fait compréhensible qu'on dorme ensemble.

- Et si je ne le désire pas, que se passe-t-il ?

- Tu passeras la nuit par terre. Je n'ai pas l'intention de te supplier pour que tu me rejoignes dans ma couche.

- Quel chien, murmure doucement Syana dans sa gorge.

- Qu'as-tu dit, répète ? Hurle Erwan en fusillant cette dernière de son regard azuré.

- Juste la vérité, tu es vraiment un chien enragé !

- Un chien enragé, rien que ça. Et toi, tu sais ce que tu es, affirme-t-il en saisissant le menton de Syana tout en la rapprochant de lui.

Suite à ça, il ajoute d'une voix empreinte de gravité.

- Tu es une bête immonde qui s'autorise à m'insulter sous mon toit, sans aucune retenue.

Syana, attristée par la cruauté d'Erwan, le fit basculer sur le côté et regagna rapidement le canapé près du lit. Elle cache son visage avec peine, laissant échapper ses larmes qui ruissellent sur ses joues rosies par les paroles blessantes de son fiancé. Il soupire avant de se débarrasser rapidement de son tee-shirt, en plaquant sa tête contre son oreiller, tout en déversant toute sa rage dessus.

Lui et elle ne sont pas aussi dissemblables qu'ils le pensent. Chacun d'entre eux, on traversé une enfance assez difficile, ce qui a forgé leur personnalité.

Lui a dû façonner un masque de fer pour être au sommet d'une organisation secrète qui dirige le monde d'une main de maître.

Elle a dû se faire une place au sein de sa famille, alors qu'elle n'était que l'ombre de sa sœur.

Deux âmes tourmentées par un passé qui a forgé leur présent.

Quel destin leur est assigné ?

C'était l'interrogation que nos deux protagonistes se posent avant de sombrer dans les abysses de leur subconscient en éveil.

La noirceur s'installe graduellement dans la chambre du couple, absorbant peu à peu la faible lumière. 

Ces deux âmes errantes se contorsionnent dans leur sommeil qui semble agité. 

L'un par un songe amer et l'autre par un souvenir affligeant.

Diverses expressions sur les visages témoignent de la tristesse et de l'affliction.

Dès que la luminosité de la pièce a complètement disparu, ils se sont retrouvés plongés dans un abîme profond et noir.

Au lever du jour, la belle Syana se redresse de sa couche de fortune. Son regard cherche instinctivement son bellâtre qui dormait paisiblement. Elle s'en alla discrètement de la suite avant de regagner le séjour. Il ne lui a fallu que peu de temps pour trouver la cuisine.

Un espace vaste et ultramoderne, avec un îlot central donnant sur le séjour. Les teintes utilisées pour la cuisine sont similaires à celles de toutes les pièces de cette résidence trop calme. Seuls les piaillements des oiseaux brisent cette atmosphère trop taciturne.

En un rien de temps, elle se familiarise avec la cuisine de son fiancé en commençant à préparer un succulent petit-déjeuner au grincheux qui dort en haut. Elle se contente de peler les fruits, et de les découper en dés pour en faire une délicieuse salade de fruits. Suite à ça, elle s'affaire à concocter la pâte à crêpes qui ne lui prit pas trop de temps.

Dès que sa préparation est prête, Syana laisse la pâte reposée pendant quarante-cinq minutes avant de se lancer dans la confection de quelques délicieuses crêpes.

Par la suite, elle se met à s'affairer pour concocter le café, extraire le jus de son gigantesque réfrigérateur et réchauffer le lait dans une élégante casserole.

Lorsque tout est prêt, elle dresse la table avec soin et juste au moment où elle s'assoit gracieusement sur sa chaise, le séduisant Erwan surgit dans l'embrasure du salon, affichant un sourire radieux.

Ses pectoraux sculptés, ses bras puissants ainsi que son ventre d'acier étaient dévoilés et sublimés par le pantalon de survêtement noir qui lui allait à merveille. Tel un prédateur, il s'approcha d'elle avec assurance, s'installant à ses côtés.

Ne supportant pas l'écart que Syana avait créé entre eux, il la souleva gracieusement pour la faire asseoir sur ses genoux. Un mouvement qui prit la jeune femme au dépourvu, la faisant rougir intensément, ses joues prenant une teinte écarlate.

Syana gardait en mémoire chaque once de sa méchanceté de la veille et s'efforçait, par tous les moyens  possibles, de se libérer de son emprise. Dès lors, Erwan saisit instantanément que Syana lui tenait rigueur de ses paroles déplacées qu'il avait susurrées la veille au soir.

D'une caresse langoureuse, il enserre sa taille avec passion, lui susurrant doucement des excuses, effleurant avec délicatesse la fine peau de son cou de ses lèvres.