Chapitre 54 - Le Départ Imminent

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Le Départ Imminent

Le lendemain matin, un calme pesant régnait dans Baker Street. La journée s'annonçait claire, mais le ciel gris et bas laissait présager une pluie qui ne tarderait pas à s'abattre. Sherlock était debout depuis l'aube, arpentant le salon avec cette énergie caractéristique qui ne laissait jamais de répit à son esprit. Il n'avait pas dormi, ou si peu que cela n'avait pas d'importance. Les heures précédentes avaient été occupées par une seule chose : la planification minutieuse de leur voyage en Europe.

Les cartes et les dossiers étaient éparpillés sur la table basse. Sherlock, vêtu de son habituel peignoir bleu foncé, se penchait parfois sur un document, le parcourant en silence avant de se redresser d'un coup, ses pensées sautillant d'une idée à une autre. La perspective de partir en mission le remplissait d'une sorte d'excitation froide, presque mécanique. Cependant, une autre pensée, plus subtile, s'infiltrait régulièrement dans son esprit : Émilie.

Depuis la veille, il se surprenait à penser à elle différemment. Pas comme une simple alliée ou partenaire dans ses enquêtes, mais comme quelque chose de plus proche, de plus complexe. La manière dont elle l'avait regardé la veille lorsqu'il lui avait proposé de l'accompagner résonnait encore en lui. Cette lueur de compréhension mêlée d'hésitation dans ses yeux... quelque chose avait changé.

Sherlock arrêta de marcher brusquement lorsqu'il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Les pas légers et mesurés d'Émilie résonnèrent dans le couloir, puis elle apparut dans l'encadrement de la porte du salon. Elle portait une veste en laine gris clair, ses cheveux relevés en un chignon désordonné, et malgré son apparence décontractée, il y avait une détermination palpable dans sa démarche.

— Bonjour, Sherlock, dit-elle calmement, en lui adressant un sourire doux, mais fatigué. Elle déposa son sac sur le fauteuil avant de jeter un regard curieux aux documents dispersés un peu partout. Vous n'avez pas perdu de temps, à ce que je vois.

Sherlock acquiesça sans la quitter des yeux.
— Le temps est une ressource précieuse, Émilie. Nous devons l'utiliser à bon escient.

Elle esquissa un sourire amusé.
— Toujours aussi pragmatique. Ses yeux se posèrent sur l'une des cartes, un point rouge marquant une localisation en Europe de l'Est. Alors, où comptez-vous commencer ?

Sherlock s'approcha, attrapant la carte avec une rapidité presque théâtrale, pointant du doigt plusieurs villes dispersées.
— Nous commencerons par Prague. J'ai des informations selon lesquelles certains membres du réseau de Moriarty y ont fui après sa mort. De là, nous nous déplacerons vers Vienne, puis peut-être Berlin, en fonction des pistes.

Émilie resta silencieuse un moment, son regard parcourant les lieux marqués sur la carte. Chaque destination était empreinte d'une certaine dangerosité, mais elle savait ce à quoi elle s'engageait en acceptant de le suivre.
— Ça semble... intense, murmura-t-elle, son ton oscillant entre l'excitation et l'appréhension.

Sherlock la regarda, ses yeux perçants cherchant à percer ses pensées.
— C'est ce que nous faisons Émilie. Nous allons là où il y a du danger parce que c'est là que les réponses se trouvent. Moriarty a laissé des fantômes derrière lui et tant qu'ils ne seront pas exorcisés ni vous ni moi ne pourrons avancer.

Elle acquiesça, ses lèvres se plissant légèrement sous l'effet de la réflexion. Sherlock avait raison. Il était nécessaire d'affronter ces fantômes, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe d'incertitude. Pas à cause du danger, non. Mais à cause de ce que ce voyage allait réveiller en elle. Les cicatrices laissées par Moriarty étaient encore fraîches. Et au fond, elle se demandait si elle était prête à les rouvrir.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant