Frôler le Danger
Sous un ciel gris typique du nord de l'Europe, Sherlock et Émilie se tenaient devant une auberge discrète dans une ville pittoresque quelque part entre la Belgique et les Pays-Bas. Depuis plusieurs jours, ils parcouraient les routes d'Europe à la poursuite des derniers vestiges du réseau de Moriarty, un chemin semé d'embûches et de mystères. Leur complicité s'était renforcée, une dynamique s'était créée, faite de silences éloquents et de conversations énigmatiques.
Après une journée passée à démêler les fils d'une nouvelle intrigue, Sherlock observait Émilie préparer leur prochaine étape. Mais il remarqua, non sans curiosité, qu'elle semblait jouer avec une idée dans son esprit. Son sourire, presque imperceptible, la trahissait.
— Qu'est-ce qui vous amuse autant ? demanda-t-il, cassant le silence tout en plissant légèrement les yeux.
Émilie tourna la tête vers lui, une lueur de défi dans le regard.
— J'ai pensé à une manière plus... rapide de nous déplacer.Sherlock, d'abord perplexe, suivit son regard jusqu'à un coin sombre du garage où ils avaient entreposé leurs affaires. Là, une moto imposante, noire et étincelante, se tenait fièrement. La moto n'était pas le type de véhicule qu'il s'attendait à voir dans leur périple, mais rien, à vrai dire, ne le surprenait vraiment venant d'Émilie.
— Vous avez une moto ? demanda-t-il, son ton incrédule masquant difficilement son intérêt.
— Bien sûr. Vous pensiez que nous allions continuer en voiture ? J'ai une amie à la frontière qui me l'a gardé et quand j'ai su que l'on serait ici, je lui ai demandé de me l'amener. Elle sourit en s'approchant de la bête de métal. Je conduis depuis longtemps, et ce soir, on a besoin d'un peu de vitesse. Vous allez voir, Sherlock.
Sherlock l'observait, son regard perçant essayant de décrypter ses motivations. La moto semblait presque une extension d'elle-même, un véhicule aussi sauvage que silencieusement dangereux. Il haussa un sourcil.
— Et c'est censé nous amener à notre prochaine destination plus vite, ou nous conduire directement à l'hôpital ?Émilie rit doucement.
— Seulement si vous n'avez pas confiance en mes talents.Elle enfila un casque avec une élégance presque naturelle, et le tendit ensuite à Sherlock. Ce dernier, pourtant maître de l'analyse rationnelle, se retrouvait à hésiter. Mais l'éclat dans les yeux d'Émilie éveilla en lui une certaine curiosité. Et puis, pourquoi pas ? Les missions à l'étranger avaient souvent des tournures imprévues.
Avec une hésitation mesurée, il enfila le casque et s'installa derrière elle, incertain de la manière dont il devait se tenir. Émilie, sentant son malaise, se retourna légèrement.
— Je vous conseille de vous tenir bien, Sherlock. Je ne conduis pas comme une touriste.
Le moteur gronda sous leurs pieds, et soudain, ils s'élancèrent à une vitesse fulgurante à travers les routes sinueuses et étroites. Le paysage se transforma en un flou de couleurs et de lumière tandis qu'Émilie accélérait, manoeuvrant la moto avec une aisance et une maîtrise qui ne cessaient d'étonner Sherlock. Ils franchissaient des virages serrés à une vitesse vertigineuse, dépassant les rares voitures présentes sur la route comme des éclairs.
Sherlock, peu habitué à cette sensation de danger immédiat, se crispa un instant. Le vent hurlait à leurs oreilles, et il sentait la puissance de la moto vibrer sous eux. Mais en observant Émilie, concentrée, presque exaltée, il comprit quelque chose de plus profond sur elle.
Après un moment, il parvint à crier par-dessus le bruit du moteur :
— Vous aimez ça, n'est-ce pas ? Frôler le danger, jouer avec la mort ?Émilie, sans détourner le regard de la route, sourit.
— J'ai grandi dans un monde où l'on apprend très vite que la vie est fragile. Peut-être que rouler comme ça me rappelle à quel point je suis vivante. Elle fit une pause avant de murmurer presque pour elle-même : Et la vérité, c'est que j'ai toujours eu du mal avec les contacts humains... Cette adrénaline, c'est mon moyen à moi de me sentir proche de quelque chose.Sherlock, bien que surpris par cette réponse, la garda en mémoire. Le contraste entre la douce réserve qu'elle affichait parfois et cette passion pour la vitesse et le danger était fascinant. Il aurait aimé creuser davantage, comprendre ce qui la poussait à aller aussi loin, mais il se contenta de l'observer, de l'analyser. Comme toujours.
Au bout d'un moment, alors que le vent fouettait toujours son visage, il dit, presque pensivement :
— Vous êtes plus complexe que je ne l'avais imaginé.— C'est tout l'intérêt, Sherlock. Sinon, où serait le mystère ?
Ils ralentirent enfin à l'approche d'un petit village, la moto grondant encore sous leurs pieds alors qu'Émilie manœuvrait habilement entre les ruelles pavées. Sherlock descendit prudemment, encore sous l'effet de la vitesse vertigineuse à laquelle ils avaient roulé. Il retira son casque et regarda Émilie d'un air intrigué.
— J'ai presque cru que nous allions finir dans le décor, déclara-t-il, à mi-chemin entre le sérieux et la plaisanterie.
Émilie retira son propre casque, ses cheveux quelque peu ébouriffés par l'excursion. Elle le fixa avec ce regard complice et provocateur qui lui était propre.
— Mais nous ne l'avons pas fait. Je savais exactement ce que je faisais.Il la contempla un instant, toujours absorbé par l'aura d'invincibilité qu'elle semblait projeter dans ces moments-là.
— J'en viens à me demander ce que je faisais, moi, répondit-il, un mince sourire aux lèvres.Émilie haussa les épaules avant de descendre de la moto.
— Peut-être, Sherlock, que vous commencez à aimer le risque.Le silence entre eux était rempli de non-dits, mais leur complicité nouvelle, renforcée par ce moment partagé, était indéniable. Ils étaient deux âmes que le danger rassemblait, chacun avec ses propres raisons de le chercher, de le frôler sans jamais vraiment y succomber.
Sherlock, encore perdu dans ses pensées, se surprit à penser qu'Émilie lui réservait bien plus que des mystères intellectuels. C'était une énigme humaine, faite de contrastes et de contradictions, et chaque jour passé à ses côtés, il sentait que quelque chose en lui aussi se réveillait – une part qu'il n'avait jamais explorée auparavant.
Sans un mot de plus, ils se remirent en route, vers leur prochaine destination, les ombres de leur mission toujours présentes, mais avec cette nouvelle dynamique entre eux, presque palpable, qui rendait l'aventure encore plus intrigante.
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Une colocataire improbable
FanfictionDans les ruelles sombres de Londres, où chaque ombre cache un secret, Sherlock Holmes se trouve face à un ennemi à la hauteur de son intellect : le redoutable Moriarty. Alors que les complots se multiplient et que les preuves se retournent contre lu...