Chapitre 55 - L'Heure du Départ

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L'Heure du Départ

— Prête, répondit Émilie en attachant les derniers boutons de son manteau. Sa voix était posée, mais une lueur d'anticipation dansait dans ses yeux. Sherlock la scruta un instant, s'attardant sur ses traits. C'était étrange de voir à quel point elle avait évolué. Elle n'était plus cette énigme distante qu'il avait rencontrée autrefois. Il voyait en elle une compagne d'armes, une alliée précieuse... et pourtant, il sentait que quelque chose de plus complexe se tissait entre eux.

Ils quittèrent Baker Street en silence, leurs pas résonnant sur les pavés humides de Londres. La ville, encore endormie sous un ciel gris, semblait les observer partir, comme si elle savait que ce voyage marquerait un tournant dans leurs vies. Sherlock marchait à grands pas, sa silhouette imposante se détachant dans la lumière terne du matin, tandis qu'Émilie le suivait, son regard capturant chaque détail de leur environnement.

— Sherlock, murmura-t-elle soudain en brisant le silence. Pourquoi m'avez-vous proposé de venir avec vous ?

Sherlock ralentit, presque imperceptiblement, avant de tourner légèrement la tête vers elle. La question était inattendue, mais pas illogique. Il s'était lui-même posé cette question depuis qu'il avait formulé cette invitation. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?

— Parce que vous comprenez, répondit-il, sans détourner les yeux de la route. Vous comprenez les ombres, les fantômes du passé, comme moi.

Émilie resta silencieuse un moment, absorbant cette réponse. Il avait raison, bien sûr. Depuis leur rencontre, une étrange complicité s'était formée entre eux. Elle comprenait Sherlock d'une manière que peu d'autres pouvaient, et il en allait de même pour lui. Pourtant, il y avait aussi cette part d'inconnu qui planait toujours entre eux. Ces sentiments indistincts qu'elle n'osait encore nommer.

Ils atteignirent l'aéroport quelques temps plus tard. Le bruit des machines, des passants pressés et des annonces au micro créait un contraste saisissant avec le calme de leur marche. Sherlock, toujours d'un pas décidé, se dirigea vers la plateforme avec Émilie à ses côtés. Ils s'arrêtèrent devant le guichet, un silence partagé entre eux.

Sherlock tourna finalement la tête vers elle, observant son visage. Il remarqua des détails auxquels il ne prêtait habituellement pas attention : la manière dont une mèche de ses cheveux se dénouait, la lueur d'excitation dans ses yeux, masquée par une inquiétude qu'elle tentait de dissimuler.

— Vous semblez nerveuse, commenta-t-il d'un ton neutre, bien qu'il sût que sa remarque pouvait la pousser à se confier.

Émilie eut un sourire légèrement crispé avant de hausser les épaules.
— Pas vraiment nerveuse. C'est juste... c'est une nouvelle aventure. J'imagine que j'essaie de me préparer mentalement à ce qui nous attend.

Sherlock hocha la tête, comprenant parfaitement ce qu'elle voulait dire. Pour lui, les voyages, les missions, les enquêtes étaient des occasions de résoudre des problèmes, de mettre son esprit à l'épreuve. Mais pour Émilie, cela représentait bien plus. Cela signifiait affronter des souvenirs douloureux, des émotions qu'elle avait longtemps réprimées.

— Nous sommes prêts, dit-il simplement. Mais son regard en disait plus. Il savait qu'elle était capable, tout autant que lui. Et au fond, il appréciait cette nouvelle dynamique qu'ils partageaient.

Un avion arriva dans un grondement métallique, interrompant leur moment de réflexion. Un peu plus tard ils embarquèrent : Sherlock monta le premier, suivit d'Émilie, qui s'installa à ses côtés. Elle jeta un coup d'œil par la hublot, observant les personnes sur le tarmac qui allaient et venaient, inconscients du voyage qui s'annonçait pour eux deux.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant