Chapitre 32 - May

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May

Il m'entraîne dans les rues de South End jusqu'à Worcester Square.

Je lui plais. Beaucoup.

Depuis qu'il m'a dit ça, mon palpitant danse la samba. Je n'arrive pas à croire qu'une fille comme moi — physiquement insipide, avec une vie clairement merdique, et légèrement geek sur les bords — puisse plaire à un gars comme lui.

Grand, tatoué, à qui tout réussit, qui gère d'une main de maître une carrière brillante et sportif qui plus est. Sans parler de sa personnalité altruiste, concernée, et facile à vivre.

Depuis que je sais ça, et que j'ai pris conscience qu'il ne me repousserait pas, ma tête et mon cœur se déchirent. Ces deux-là vont devenir les meilleurs ennemis. Batman et le Joker n'ont qu'à bien se tenir.

D'un côté, mon palpitant sautille en tous sens en me criant que c'est dans la poche. Que si je veux le corps de James, je l'aurais. Il me l'a fait comprendre à de nombreuses reprises. Et c'est tellement tentant que j'ai parfois du mal à me rappeler quelles raisons me poussent à m'en empêcher.

De l'autre, ma tête balance un poids dans ma poitrine dès que je laisse cette possibilité germée en elle. Je vais m'attacher à lui, c'est certain. Et si, après avoir pris du bon temps tous les deux, il décidait de passer à une autre ? Peut-être que je suis uniquement le fruit défendu, la colocataire avec laquelle il ne doit pas coucher ?

Je tiens à lui. Même si je ressens quelque chose qui ressemble vaguement à une amitié — avec un désir ravageur en bonus —, être rejetée me peinerait. Et je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment.

Lorsque nous atteignons la maison de sa sœur, il frappe sur le battant en bois et me sourit.

— Est-ce que le reste de ta famille aussi pense qu'on sort ensemble ?

— Non, Diana n'est pas aussi crédule que mes parents.

Dommage. C'était une excuse parfaite pour profiter de ses caresses sans culpabiliser.

La porte s'ouvre sur son mari, Sam, qui nous fixe, l'air étonné.

— James ! Et... May, c'est bien ça ?

— Oui, répond-il pour moi. On a besoin d'un petit remontant, tu crois que tu pourrais nous offrir ça ?

— Avec plaisir ! s'exclame-t-il comme un gamin un matin de Noël. Diana ! Ton frère et sa... son amie est là !

Deux petites têtes blondes en peignoir apparaissent au bout du couloir et viennent vers nous en sautillant. James se baisse pour les accueillir dans ses bras et elles se cachent dans son cou pour me regarder.

— Tonton, est-ce que c'est ton amoureuse ? chuchote l'une d'elles sans doute plus fort que prévu.

— Je vous raconterais tout quand on sera tous les trois, lui susurre-t-il d'un ton conspirateur.

Elles hochent la tête, un grand sourire aux lèvres, puis s'agrippent encore plus fort à sa nuque. Il se relève facilement, les deux petites dans les bras, et me fait signe de le suivre dans le couloir.

Ils forment tous une famille. Une vraie.

Pas un truc rafistolé et qui fait de la peine comme la famille Davis.

Diana est dans la cuisine en compagnie d'un verre de vin rouge posé sur le comptoir. Elle ressemble à sa mère avec ses lèvres fines et son air sévère, mais ses traits sont plus doux, plus subtils.

— James et May... nous accueille-t-elle d'une voix pleine de sous-entendus. Contents de vous voir.

Son sourire est franc et honnête, et je me sens véritablement la bienvenue.

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