Chapitre 39 - James

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James

J'ai promis à May que je la laisserais tranquille, alors c'est ce que je fais. Mais à l'intérieur de moi, c'est le chaos. Mon esprit fuse de tous les côtés, et je suis tellement à fleur de peau que je ne tiens plus en place. Mon sang bout, mes muscles tressautes, je tourne en rond comme un lion en cage.

Après ma discussion avec elle, j'ai été récupérer les clés de la salle dans le vide-poche de l'entrée. Je me suis entraîné jusqu'à huit heures du matin, heure à laquelle le propriétaire est arrivé. N'ayant pas du tout le courage d'entamer une conversation, j'ai repris ma voiture, et j'ai couru sur la plage tout le reste de la matinée.

Et je suis là, maintenant. À regarder l'océan, le cul dans le sable, alors que May est toujours en danger. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas si je dois en parler à son frère, quitte à trahir sa confiance, ou respecter sa volonté et me taire, au risque qu'il lui arrive quelque chose. Peut-être qu'elle a raison ? Peut-être que ça n'ira pas plus loin que des messages ?

Ma gorge est tellement serrée que j'ai du mal à retrouver ma respiration.

En plus de ça, ses paroles me reviennent comme un écho persistant. Elle ne veut pas de moi, ne veut pas s'enchaîner à quelqu'un. Je n'insisterai pas, car faire le contraire, ce serait la conforter dans son idée, et la faire fuir encore plus.

Comme un idiot, il a fallu que je lui dise ce que je ressens pour elle. Depuis des jours, je me répète que ce n'est pas une bonne idée, que je devrais me contenter de ce qu'on a et en profiter. Ça a été plus fort que moi, et voilà où ça nous à mener...

Il était trop tôt. Elle n'était pas prête. Mais j'étais boulversé, en colère, et les mots sont sortis plus vite que je ne l'aurais voulu.

Je n'ose pas appeler Daisy, car elle me conseillerait d'essayer encore et encore de la faire changer d'avis. Et c'est exactement ce que May ne souhaite pas, quelqu'un qui a le contrôle sur elle, qui tente de lui retourner le cerveau.

Les messages que j'ai lus sur son téléphone tournent en boucle dans ma tête, comme s'ils étaient encrés en moi.

Comme si elle n'avait pas assez vécu de traumatismes dans sa vie, il faut en plus qu'elle attire l'attention d'un stalker. Ces mecs-là me répugnent. Ils pensent que leurs écrans les protègent, et je voudrais leur prouver le contraire.

Le soleil est au plus haut, et se reflète sur les vagues en milliers d'éclats scintillants. Mon téléphone vibre dans ma poche, et je le sors aussi vite que possible, dans un mélange d'espoir — que ce soit May — et de crainte — qu'il lui soit arrivé quelque chose —.

Repas à quatre samedi soir? On adore May, on a hâte de la revoir.

Le message de Diana me flingue un peu plus. Je pose mon portable dans le sable, et m'allonge sur le sol en sentant mon corps s'enfoncer légèrement. Je ferme les yeux rendus sensibles par le manque de sommeil pour me protéger de la lumière. Je devrais manger, ou boire quelque chose. J'ai trop puisé dans mes réserves. Mais mon estomac est tellement noué qu'il se contracte rien qu'à cette pensée.

Je reste là des heures, à peser le pour et le contre, sans réussir à prendre de décisions. Soudain, je me relève brusquement, terrorisé à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Je reprends ma voiture et roule beaucoup trop vite dans les rues de Boston. Je me gare devant la maison et ouvre la porte comme si ma vie en dépendait. J'espère la trouver dans la cuisine, mais c'est son frère que je trouve à sa place.

— Salut mec, me dit-il, les yeux rivés sur son PC.

– Salut. Tu as vu ta sœur ?

— Elle est dans sa chambre, elle bosse sur son rapport de stage. Pourquoi ?

South EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant