Chapitre 38 - May

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May

Le corps de James quitte brusquement le mien, et je ne saisis pas tout de suite pourquoi. Mon esprit flotte encore dans un océan de planitude, et je mets quelques secondes à me redresser sur mes coudes pour essayer de déterminer quel est le problème. Il est debout au pied du lit, les yeux rivés sur le matelas. Sans le poids de son corps sur le mien, je me sens seule. Je fronce les sourcils et m'éclaircis la voix.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

L'incompréhension fige ses traits. Il ne répond pas, comme s'il était en train d'analyser la situation. Je cherche des yeux l'objet de son attention, et aperçois mon téléphone, à demi couvert par le drap. Je m'en saisis prestement, la gorge nouée.

— Tu couches avec quelqu'un d'autre ? siffle-t-il alors que mon regard tombe sur les messages que je viens de recevoir.

Ça y est, son esprit a fait le tri dans ses émotions, et c'est apparemment la colère qui a gagné sa lutte intérieure.

— James, je...

— May, réponds-moi s'il te plaît, me demande-t-il en serrant les poings.

Je ne peux pas lui dire ce qu'il se passe, car il va paniquer, et je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment. Je dois déjà gérer mes sentiments, je n'ai aucune envie de devoir en plus composer avec les siens. Mais je ne peux pas lui répondre par la positive, car je ne suis pas sûr de pouvoir accepter le dégoût de moi-même que ça m'inspirerait.

— Non, je ne couche pas avec quelqu'un d'autre. Mais même si c'était le cas, on n'est pas engagés tous les deux, si ?

Je me déteste de lui avoir dit ça. Car s'il faisait la même chose, je ne pourrais pas m'empêcher de le haïr. Jamais il ne me serait venu à l'esprit de voir un autre homme. Tout simplement, car il me comble sur tous les points. Il est d'un soutien sans faille, il est attentionné, à de l'humour, et est un amant formidable. Pourquoi aurais-je besoin de quelque chose de plus ?

— Alors c'est quoi, ces messages ? encaisse-t-il sans relever ma question.

— Laisse tomber s'il te plaît.

— Non May, je ne vais pas laisser tomber. Je viens de te raconter une partie de ma vie dont je ne parle à personne, seulement parce que tu me l'as demandé. Alors renvoie-moi la pareille, et dis-moi qui est ce mec qui t'envoie des messages, déclare-t-il d'un ton sec.

Il a raison. Il m'a fait confiance, et je devrais faire pareil.

J'ai froid. Je me couvre du drap puis lui tends la main.

— Reviens, s'il te plaît.

Je le vois hésiter. Il se passe nerveusement les doigts dans ses cheveux puis rejoints finalement le lit. Je sais que cette situation le renvoie à la trahison d'Isabella, et j'ai la nausée rien qu'à penser que je suis en train de lui faire vivre quelque chose de similaire. Il s'assoit prudemment sur le bord, et attend mes explications.

— Ne flippe pas s'il te plaît. C'est moins grave que ça en à l'air.

Il hoche la tête, et m'encourage d'un signe de tête à poursuivre. La détresse que je lis dans ses yeux me noue la gorge. Je suis en train de le faire souffrir, et je me déteste de lui faire ressentir ça.

— Je ne sais pas qui m'envoie ces messages, débuté-je en lui caressant le creux de la main.  J'ai commencé à en recevoir quelques jours après mon arrivée à Boston. Au début, je pensais que c'était une erreur. Puis j'ai bloqué le numéro, mais je continue toujours d'en recevoir d'autres téléphones. Et puis... le type m'a appelé par mon prénom.

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