Faucheuse en grève | Writober 2024

Jour 6 - Donjons et zombifications

Le gobelin en chef prit une grande inspiration avant de pousser la porte du sommet de la tour. Au centre de la pièce noir, les mains derrière le dos, le maître du donjon observait l'extérieur, mains croisées derrière le dos. Enfin... Un poster de l'extérieur. L'ingénieur s'était trompé dans ses calculs et avait oublié les fenêtres...

— Mon seigneur ? On a un problème.

La robe noire du seigneur noir frémit de mécontentement. Il se retourna dans une lenteur dramatique pour darder un regard noir sur son concierge.

— Plaît-il ?

— Vous vous souvenez les zombies que vous avez commandé sur Amazon ? Ils sont arrivés ce matin. Le livreur a un peu trop forcé le carton dans la boîte aux lettres et ils ont réussi à se barrer. Ils se sont barrés et ont bouffé le livreur.

— Et ? En quoi est-ce que ça me concerne ?

— Bah... Après ça, ils sont rentrés dans la tour. Ils ont mordus les orques, les autres gobelins et même les araignées toxiques du septième étage. Bref, c'est la merde. Ils sont tous devenus des zombies. Il ne reste que vous. Et moi. Enfin, pour l'instant.

— Comment ça pour l'instant ?

— Bah... Je croyais que Maurice voulait me faire un câlin. Vous voyez, hier soir avant l'extinction des feux, il se peut qu'on ait bu une ou deux bières et... Enfin... C'était pas pour un câlin. Il m'a arraché un morceau de steak de l'épaule. Je suis condamné je crois. Vous devriez vous barrer de la tour, ils vont venir pour vous aussi vous savez.

Le seigneur noir frémit.

— Fuir ? Comme un couard ? Comme l'un de ces crétins d'aventuriers ? Certainement pas ! Je viens de faire ma manucure. Ordonnez de passer tous les étages au lance-flammes. Je rachèterai du stock.

— Ordonner à qui ?

— À l'équipe de netto... Ah.

— Ouais, ce sont des zombies aussi, monseigneur. Au pire, on devient un donjon maudit. C'est la nouvelle mode, vous savez. Les seigneurs noirs se font maudire, et maudissent tout leur personnel. Ça fait frissonner les pigeons qui viennent dépenser leur thune sur nos pièges.

— Je suppose. Mais comment on redevient normal ?

— Boarf. Comme dans tous les contes, hein. Une princesse vient vous bécquoter.

— Vendu. Mords-moi.

D'un geste lent et dramatique, le seigneur noir tendit son bras au gobelin. La créature soupira, clairement pas assez payée pour ça. Il planta quand même ses canines dans son bras.

Malheureusement, il n'eut pas vraiment le temps de se transformer, au contraire de son intendant, qui en plein milieu de la morsure se jeta à son cou. À défaut de se faire maudire, il repeignit la salle de ses intestins, créant une toute nouvelle mode.