Jour 24 - Limaces humaines

8 6 0
                                    

Les bruits de succion se firent à travers la porte. Marlène se recroquevilla dans son lit, effrayée. Elle ne savait que trop bien ce qu'ils voulaient dire.

Deux semaines plus tôt, elle avait vu la mine inquiète de ses parents devant la télévision. Un dangereux virus avait été lâché dans l'air suite à l'explosion d'un laboratoire et transformait les gens. D'abord, ils se mettaient à baver abondamment, puis leur corps fondait pour s'apparenter à celui d'une grosse limace. Enfin, leurs yeux s'allongeaient, à la manière d'un escargot, et les limaces humaines se mettaient en quête de nourriture : des enfants, principalement, mystérieusement immunisés par la maladie.

En quelques jours, le monde avait sombré dans le chaos. Partout, des cas s'étaient déclaré, et des villes entières furent rasées de la carte. Alors qu'elle pensait la France en sécurité, la semaine passée, quelques personnes contaminées semèrent la panique dans Paris, et le virus ne cessait de se répendre depuis.

Ses parents en avaient été victimes trois jours plus tôt. Son papa s'était fait mordre par l'un des monstres en allant acheter des boîtes de conserve. Quelques jours plus tard, sa mère se mettait à baver tout comme lui. Bien qu'ils lui aient assuré qu'elles ne craignaient aucun danger, sa mère avait tout de même tenté de la mettre dans le four, deux fois, et son père ne parlait que de la manière dont ils pourraient la cuisiner une fois pleinement transformés.

C'était effrayant.

Terrifiée, Marlène s'était retranchée dans sa chambre avec quelques paquets de chips, et avait barricadé la porte avec sa grosse commode à vêtements, qu'elle avait eu bien du mal à pousser seule jusque là.

Elle savait qu'ils s'étaient transformés depuis. Ils ne parlaient plus, et ils passaient la journée à l'attendre, devant sa porte. Marlène savait qu'elle ne pouvait pas rester cachée ici éternellement. Elle n'avait bientôt plus d'eau, et elle avait fini ses paquets de chips depuis deux jours.

Alors elle prit une grande décision.

Elle attrapa son vieux sac à dos Minnie et enfourna dedans tout ce qu'elle pensait être utile : des vêtements, sa brosse à dents, du shampoing, son ours en peluche, son livre préféré, ainsi que des ciseaux, des feuilles et des crayons, au cas où elle devrait dessiner une carte comme dans Dora L'Exploratrice.

Lentement, elle ouvrit la fenêtre. Elle s'aggripa à la gouttière et se laissa glisser jusqu'en bas du premier étage où elle habitait. Une fois les deux pieds dans l'herbe mouillée, elle décida de partir vers le nord, dans l'espoir de trouver d'autres enfants, comme elle, qui avaient perdu leurs parents.

Peut-être alors pourraient-ils refonder l'humanité. Elle n'était pas bien sûre de savoir comment faire des bébés, mais elle apprendrait. Elle l'avait vu faire dans un film qu'elle n'était pas supposée regarder. Il fallait juste qu'elle trouve un garçon, et ensuite... Ensuite, elle verrai.

Elle le savait au fond d'elle, elle était un des derniers espoirs de l'humanité. 

Faucheuse en grève | Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant