Jour 19 - Adopte un wendigo

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— Fanny, où est-ce que tu as trouvé ce chien ?

— Oh, il m'a suivie quand je suis rentrée de l'école. Il a même essayé de me manger la tête ! Mais je crois qu'il est trop petit pour ça, il a jamais réussi à m'atteindre...

— Fanny, ton chien... Il n'est pas normal ! Il a peut-être la rage ou quelque chose de ce genre, on ne peut pas le garder ! Et puis tu as vu sa taille ? Où veux-tu qu'il vive ? On est en appartement, pas à la campagne !

Le « chien » poussa un grognement menaçant. Son corps ondula autour de la petite Fanny, comme pour la protéger des cris de sa mère. Cette dernière recula d'un pas, légèrement inquiète.

Elle en avait vu des chiens, mais celui-là ne ressemblait à aucun de ceux qu'on pouvait retrouver en refuge, peu importe les croisements. Son visage semblait comme avoir fondu, pour ne laisser entrevoir qu'un crâne vide dépouvu d'yeux. Ses poils noirs crasseux tombaient jusqu'en bas de ses pattes, un peu à la manière d'un lévrier afghan.... Mais bien, bien momifié, le lévrier.

Si ce n'était que ça, la mère n'aurait pas jugé, après tout, des tas de chiens étaient maltraités et retrouvaient une famille par chance. Mais voilà, déjà, le chien faisait trois mètres de haut, une taille inhabituelle pour un canidé. Elle voulait bien accepter que certains chiens soient plus grand que d'autres, mais là, ça frôlait le ridicule. Ensuite, il avait des pattes qui faisaient davantage penser à celles d'un rat plus qu'à de jolis petites papattes de chiens avec des coussinets. Il n'y avait pas de coussinets. Il y avait des griffes en revanche : longue et effilées comme les serpes de Panoramix, et possiblement capable de traverser un corps humain de part en part. Comme ce n'était pas suffisant, il avait fallu que le chien ait des cornes également, comme celles d'un cerf, mais celles-ci partaient dans tous les sens, dans des dizaines et des dizaines de petits embranchures.

La mère avait bien tenté de se débarrasser de l'encombrant animal, deux fois, mais il revenait à chaque fois à la maison avec sa fille lorsqu'elle rentrait de l'école, à croire qu'il était lié à elle d'une façon ou d'une autre. Alors... Elle avait fini par le laisser vivre ici. Que pouvait-elle faire d'autre de toute manière ? Elle craignait qu'au moindre faux geste, le monstre lui saute à la gorge. Déjà qu'il la fixait du regard au pied de son lit quand elle dormait...

Un soupir s'échappa de sa gorge, résigné.

— Très bien, on peut le garder.

La fillette éructa de joie, sautant au cou de sa bête pour lui faire un gros câlin. Le chien, lui, ne lâcha pas les yeux de la mère. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Elle ne pouvait en être certaine, mais elle était sûre que la créature souriait. Pas un sourire gentil ou celui d'un animal heureux d'avoir trouvé sa maison, non. Quelque chose de dérangeant et malsain... Presque démoniaque. 

Faucheuse en grève | Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant