Les professeurs s'installèrent autour de la table de réunion. Le directeur avait une nouvelle importante à leur annoncer : un moyen révolutionnaire pour calmer les élèves problématiques qui rendaient depuis trop longtemps leur métier insupportable. Une méthode novatrice que personne n'avait vu venir et qu'il faudrait garder secrète pour éviter que le ministre de l'éducation nationale ne leur tombe dessus.
Le vaudou.
— Le vaudou ? demanda madame Guerre. C'est une blague ?
— Vous nous prenez pour des lapins de deux semaines ? s'insurgea le professeur de sciences, monsieur Rivière.
— Après, peut-être qu'on peut en débattre, non ? proposa monsieur Macaron, non pas président de la République, mais le professeur d'éducation morale et civique.
— T'es pas censé avoir les pieds sur terre toi ? grogna monsieur Rivière. C'est n'importe quoi.
Et pourtant. Les rideaux s'ouvrirent. Les yeux des professeurs s'écarquillèrent. Attaché sur une table de métal, le petit Timéo se débattait en hurlant, ses mâchoires couvertes de bave claquant dans le vide pour essayer de mordre le bras du directeur au-dessus de lui.
Il était vrai que ce garçon était le cauchemar de tout le personnel du collège. Il ne respectait personne, n'avait peur de personne et malgré les avertissements répétés, il continuait à causer du chaos partout où il allait. Trois collègues avaient déjà déposé leur démission à cause de lui.
Mais son règne de terreur s'apprêtait à prendre fin.
Le directeur arracha une mèche de cheveu au garçon, qui grogna comme un animal sauvage. Sous les yeux de ses collègues, il attacha la mèche à une petite poupée. Il planta ensuite une aiguille dans la jambe de la poupée. Timéo hurla à s'en décrocher les cordes vocales, puis se tut quand une deuxième aiguille se planta dans sa gorge, en plein dans les cordes vocales. Puis une autre, et encore une autre !
Après quelques manipulations, Timéo se tint debout devant eux, calme, silencieux, aussi docile qu'un agneau et incapable d'ouvrir la bouche.
Le vote ne fut qu'une formalité. Le vaudou fut accepté à la majorité.
Quelques jours plus tard, le rectorat, inquiet du nombre de rapport indiquant des comportements étranges chez des enfants, se rendit sur les lieux. Il n'en crut pas ses yeux. Un collège d'enfants calmes, attentifs en cours, silencieux. Même dans ses rêves les plus fous, il n'avait pu espérer voir ce jour arrivé. Sous la contrainte, le directeur fut contraint de lui montrer la grande armoire à poupées vaudou.
Loin de s'en offusquer, le recteur promit de parler au ministre de l'éducation nationale de cette nouvelle technique révolutionnaire. Lors de la rentrée suivante, partout en France, les enfants durent concéder à donner une poignée de cheveux pour leurs propres poupées vaudous...
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Faucheuse en grève | Writober 2024
Short StoryCette fois-ci, c'en est trop ! La Faucheuse n'en peut plus ! Assumer le travail de sept milliards de personnes à elle toute seule, c'est déjà beaucoup, mais si en plus elle doit faire acte de présence pour un défi d'écriture d'un mois sans rémunéra...